Je termine de me rhabiller avant de me saisir de mon costume, de le plier et de le ranger dans ma valise. Puis, je profite de la salle de bain qu'on m'a mise à disposition pour me remaquiller plus légèrement. Je me recoiffe et me parfume exagérément, je ne veux pas que Hugo sente le parfum d'un autre homme sur moi. Et étant donné que je ne pourrais pas me doucher avant d'être arrivé à la maison, c'est le seul moyen que j'ai trouvé pour cacher un minimum les autres odeurs. Je sais qu'il s'en fiche et qu'il fait bien la distinction entre le travail et ma vie privée mais, c'est une façon à moi de lui montrer que je le respecte et que je ne suis qu'à lui. D'autant plus que ce soir, le client privilégié n'était autre qu'un des meilleurs amis de Hugo.

A l'occasion de son enterrement de vie de garçon, son témoin, - que je n'avais jamais rencontré auparavant -, lui a offert mes services de strip-teaseur. J'avais déjà accepté avant de me rendre compte qu'on allait à la même soirée Hugo et moi. 

Évidemment, j'ai voulu annuler mais, il m'a assuré que ça ne lui posait pas de problème et j'espère sincèrement que c'est le cas.

Le ventre noué par l'appréhension, je rassemble mes affaires et quitte la salle d'eau. Je n'ai pas encore croisé mon copain et je ne sais pas comment il a finalement perçu ma performance. Je sais encore moins ce que cela lui a fait de me voir me déhancher devant quelqu'un d'autre que lui. J'ai peur, je l'avoue.

J'ai peur de le dégoûter, qu'il ne veuille plus de moi par la suite...

Je secoue la tête pour chasser toutes ces pensées négatives. 

Le témoin du futur marié me rejoint et me règle la somme due pour le show privé puis, je sors de la maison. La différence de température est telle que j'en frissonne, l'air froid me fouettant le visage. D'un pas pressé, je me dirige vers ma voiture où je pose mes affaires. Lorsque je referme la portière arrière, une main sur pose dans le bas de mon dos, me faisant sursauter.

- Tu m'as fais peur, lancé-je à Hugo dont un sourire en coin apparaît sur les lèvres.

- Désolé, fait-il simplement.

Je me racle la gorge et passe une main dans mes cheveux, faisant mine de les recoiffer. Je sens mes joues rougir sous son regard, ses yeux brillant d'un éclat magnifique. Il m'embrasse sur la tempe et m'attrape la main.

- Tu viens ?

- Où ça ? demandé-je

- Ben, à la fête.

Je secoue vivement la tête en signe de négation. Alors là, c'est juste inimaginable pour moi. Jamais je ne se suis resté à la soirée d'un de mes clients et ce n'est pas ce soir que ça va commencer.

- C'est gentil, mais je vais rentrer.

- Pourquoi ?

Je lui explique mes raisons et avoue par la même occasion que ça me gêne de me mêler à ses amis alors que je viens d'en exciter au moins la moitié. Il rigole avant de me prendre dans ses bras. Ses lèvres viennent à la rencontre des miennes pour un tendre baiser, chassant tous les doutes que j'ai pu avoir quelques minutes plus tôt.

- Je rentre avec toi !

- Non, reste et amuse-toi, t'en fais pas pour moi.

Mais il insiste, précisant qu'il préfère être avec moi. Une chaleur agréable vient se loger dans le creux de mon ventre tandis qu'un frisson, différent du précédent, me parcourt l'échine. 

Après s'être arrangé pour qu'un de ses amis lui ramène sa voiture, il s'installe sur le siège passager de la mienne et nous prenons donc la route ensemble. 

Je mets de la musique en fond pour que le silence dans l'habitacle ne soit pas complet. Au bout de quelques minutes, Hugo dont les yeux sont fixés sur moi, finit par rompre ce blanc pesant.

- C'est étrange, commence-t-il. Tu sembles être quelqu'un d'autre quand tu travailles.

Malgré moi, je sens mes muscles se contracter et mon dos se tendre alors que mes doigts se crispent sur mon volant.

- Ah ? 

Je n'ose même pas lui jeter un coup d'œil pour essayer de discerner ce qu'il en pense.

- Tu étais...tellement sûr de toi. Je t'ai rarement vu aussi confiant. C'est dingue, je ne sais pas comment l'expliquer mais je t'ai trouvé radieux. Tu étais dans ton élément tout simplement.

Mes lèvres s'étirent dans un demi-sourire, ravi de voir à quel point il arrive à saisir aussi rapidement ce que je ressens quand je me glisse dans la peau de cet autre moi.

Tout ce qu'il fait ou dit chaque jour, me confirme que j'ai fait le bon choix. Et chaque jour que je passe avec lui, j'apprends un peu plus à l'aimer. 

Bientôt, nous arrivons près de son immeuble. Je ne sais pas s'il voulait rentrer chez lui mais, personnellement, je n'avais pas envie de retourner à la maison. 

Lorsque nous sommes enfin garés, je traîne un peu dans la voiture, faisant mine que je le ramène seulement et que je suis prêt à repartir.

Hugo claque la portière et se penche pour me parler par la vitre.

- Tu montes ?

- Si tu insistes...

Il lève les yeux au ciel, un sourire en coin sur le visage alors que je coupe le moteur en riant. Ce soir-là, Hugo a lui aussi droit à son show privé, avec un extra, bien évidemment….