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On finit le weekend tranquille. Papa et maman sont aux petits soins pour Rob. Je suis un peu jaloux, car ils sont plus exigeants avec moi. Faut dire qu'il dit oui à tout, alors que moi, je suis bien obligé de les envoyer chier quand ils sont trop lourds.
Le dimanche, quand on repart, Robert monte dans la voiture. Il n’avait pas encore vu les sièges en cuir, l’écran sur le dossier devant. Je lui montre comment ça marche. Je vous dis pas sa tête ! Il a fallu aussi que je lui apprenne à s’attacher. Il n’était pas content, car il avait peur de ne pas pouvoir sortir en cas d’accident. Il a eu droit à la dispute habituelle sur la vitesse de papa et aux embouteillages à l’arrivée.
Pendant le voyage, je lui explique que nous étions isolés à Tobion, mais qu’à Marseille, il faut faire gaffe avec le covid. J'ai dû lui expliquer pour le covid, toutes les précautions qu'il faut prendre à cause de cette maladie qui tue les vieux et emmerde les jeunes. Il a semblé vachement inquiet. C'est sûr que parcourir soixante ans pour tomber dans une épidémie, c'est pas le kiff. Il aurait dû choisir ! Lui, il ne connait que deux maladies. La tuberculose, car il a un copain qui est parti en sana (un sanatorium, une sorte d'hôpital en montagne. Vous n'avez qu'à chercher vous-même !). Il a eu le BCG, donc il est tranquille. L'autre maladie, c'est la poliomyélite. Ça s'attrape petit et on est paralysé, ou on reste avec de bras ou des jambes qui ne grandissent plus. Il a entendu parler d’enfants qui sont dans des poumons d’acier. Ça m’a fait froid dans le dos.
Nous parlons comme si nous n’étions que tous les deux. Papa n'a pas mis la radio. Avec maman, ils nous écoutent. Je m'en fiche. Ils ont fait ça tout le weekend. Mais quand je lève les yeux, je vois que papa est fier de moi. Pourtant, je ne fais rien d'extraordinaire, seulement parler avec mon ami. Quand je vois sa fierté, je me sens trop fort ! Papa et maman nous ont expliqué pour la poliomyélite. Pauvres enfants !
Quand on arrive, il est vraiment surpris par la maison. Déjà, le portail automatique l’étonne, alors le reste…
Je l’emmène dans ma chambre. Il regarde les posters. J’ai mis un peu n’importe quoi et je les change souvent. J’aime bien ceux de Thylacine et de Stromae. J’en ai un grand sur l’écologie et un autre sur la diversité des personnes. Celui-là, je l’aime bien ! Je dois lui expliquer en détail pourquoi je les ai mis. Je ressors les vieux et ceux que je viens de recevoir. Nous passons beaucoup de temps à les regarder et il me montre ceux qu’il préfère.
— On les accroche ?
Je ne sais pas quoi lui répondre ! Ce que j’entends, c’est que nous allons continuer de dormir ensemble et que ma chambre devient notre chambre.
— Rob, si tu préfères, tu peux dormir dans la chambre d’ami. Ce serait peut-être mieux ?
Pourquoi ai-je dit ça ? Je vois ses yeux qui deviennent tout tristes.
— Mais je serais super content de continuer à partager ma chambre avec toi !
Je n’ai pas dit « mon lit », car ça me gêne, même s’il n’y a qu’un lit dans la chambre. À son sourire, je vois que je n’ai pas vraiment le choix. Après tout, cela me fait aussi tellement plaisir ! Nous décorons donc notre chambre.
Après le diner, je lui montre mes placards et mes vêtements. Il est étonné par la quantité. Pourtant, je ne suis pas tellement fringues, je ne fais pas attention à être bien habillé, juste propre ! Il choisit ceux que je préfère ! Je pense que ce qui serait super, c’est d’aller en racheter, les mêmes, pour que nous habillions pareil !
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