On attend le dessert !
Alors que Rika se resservait, Alfonso s’interrogeait sur la préparation des repas.
Rika exprima son engouement pour la dégustation :
« C’est vraiment délicieux ! C’est frais, juteux, parfaitement assaisonné, un régal. Des comme ça, j’en mangerais tous les jours sans jamais me lasser.
- Il est vrai que celui-ci est fameux ! Les beaux spécimens sont bien compliqués à dénicher... mais quelle hygiène de vie ! Du vin à chaque repas, peu de carences, ce qu’il faut de gras et une préparation soigneuse depuis jeune ! s’exclama Alfonso, d’un ton franchement cynique. Je me demandais, reprit-il, si tu avais l’habitude de laver ta viande avant de la préparer ?
- Non, je préfère le goût naturel de la chair. Avec l’habitude, on y décèle de la personnalité. Celui-ci a du tanin, c’est un stressé ! ». Elle rit aux éclats.
« Ne penses-tu pas qu’il faille parfaitement les nettoyer pour des questions d’hygiène ? C’est qu’on ne sait pas où ils sont allés traîner, s'inquiéta Alfonso.
- Au début, je le faisais. Mais tu as vu la taille de l’engin ? A trois repas par jour à pré-nettoyer dans la salle de bain, ma baignoire ne cessait de se vider et se remplir ! Dois-je te rappeler que l’eau est précieuse ? Il y a des enfants qui meurent de soif ! rétorqua Rika en fronçant les sourcils.
- Tu ne fais pas plusieurs repas avec un seul ?
- Je déteste manger plusieurs fois la même chose. Et je ne suis pas équipée pour conserver autant de nourriture. Je les abats juste avant de les cuire. Les restes font de l’engrais pour l’exploitation. Non, ça va bien ! Je fais nettoyer l’intérieur à la main, derrière l’écurie. Ensuite la cuisson termine le lavage. Fais-moi confiance, tu te feras au fumet, et tu sauras donner un goût unique à ta sauce grâce à ça. Chaque terroir a son charme !
- Ark, grinça Alfonso, quelque peu dégouté par les déclarations de Rika. Ne me parle pas de provenance ! Ma dernière trouvaille venait du Japon, j’en ai avalé deux bouchées et j’ai presque tout laissé sur la table. J’aime quand c’est salé mais là ! Je ne réitererai pas l’expérience. J’aurais peut être dû retirer les abats mais j’ai toujours cru que cela ne risquait rien tant que la viande était très fraiche. Celui-ci avait été égorgé sur la table, je ne me suis pas méfié.
- Malheureux, il faut toujours les laver entièrement pour un carpaccio ! réprimanda Rika, horrifiée par la bêtise de son ami gastronome. Si tu ne les cuis pas, il faut les laver avant de les vider sinon tu peux attraper n’importe quelle cochonnerie. Un jour, on te retrouvera cloué au lit avec une fièvre carabinée, tu l’auras bien cherché !
- Celui-là ne s’était pas laissé nettoyer facilement, il a mis de l’eau partout et Theresa venait de laver par terre. D’habitude c’est Cassius qui les ligote, mais il avait passé la journée au piquet pour avoir caché son frère pendant 3 semaines… Comme si nous allions le manger ahahah ! Finalement on a abandonné le lavage.
- Tu retiendras la leçon, incorrigible vorace que tu es ! reprit Rika sur un ton maternel. Sais-tu que j’ai un ami qui en mange non seulement cru mais vivant ? Il attache le bétail sous une table percée d’un trou et attaque à la cuillère. »
L’excitation d’Alfonso était éveillée autant que ses papilles. Ne contenant pas la joie de cette découverte, il proposa :
« Dieu merci, quelle idée de génie. Il faut que je goûte ça, absolument ! » Il répéta « Absolument ! ».
« Je savais que l’idée te plairait, ria Rika, fière de son annonce. D’ailleurs, j’ai une surprise pour toi pour le dessert ! »
Elle claqua des doigts et deux hommes de maison tirèrent la nappe dévoilant une ouverture circulaire au milieu de la table.
« Je l’ai fait percer aujourd’hui gloussa-t-elle. Hihihi, qu’on apporte le dessert ! ».
C’est alors que le jeune Oliver, qui avait assisté à la discussion depuis la cuisine, fut transporté jusqu’à la salle à manger. Sans piper mot, il fut installé sous la table. Les agrafes lui piquèrent tout de même les tempes. Puis, patiemment, et affamé, il attendit qu’on apporte les cuillères...
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