Samedi 6 octobre 2018, 15h45, Annecy

Nicolas avait pris son travail de filature sur la personne d'Eliah Bonnetière très au sérieux. Tellement au sérieux qu'il était en train d'explorer le corps et le sexe de la quarantenaire. Sur le lit d'Eliah, dans la chambre à coucher de la luxueuse demeure au bord du lac d'Annecy.

La femme du directeur de l'office cantonal de l'emploi avait très rapidement remarqué le manège de l'inspecteur de vingt-six ans. Et avait trouvé que voilà là un bien joli jeune homme ; Nicolas soignait son apparence physique dans les salles de fitness. Et, malgré la différence d'âge, celui-ci avait trouvé que, ma foi, Eliah était bien conservée. Et avait accepté avec une certaine curiosité les avances de la femme de Jérôme Bonnetière.

Eliah embrassait vigoureusement Nicolas. Elle avait un besoin, une envie soudaine, de chair, de sexe. Sans doute un effet de décompression suite aux événements tout de même traumatisant de ces dix derniers jours. Le "tout de même", c'était parce que Jérôme elle ne l'aimait plus. Le "traumatisant" c'était parce qu'elle se demandait de quoi serait faite sa vie maintenant, concrètement. Elle ne travaillait pas véritablement. Elle faisait un peu de massage relaxant. Elle avait toujours été intéressée par ce métier, avait pris des cours, et avait une clientèle faible, quatre à cinq personnes, mais fidèle, chez qui elle se rendait de temps en temps. Le salaire relativement exorbitant de son mari ne l'obligeait pas à s'exciter sur le marché du travail. Alors oui, cela la rendait un peu pour ne pas dire beaucoup dépendante de son mari. Mais la paresse veillait au grain. Pourquoi ne pas rester comme ça, peinard, sans enfants, dans une maison que tout le monde pouvait envier, bouquiner sur la terrasse tout en contemplant le lac.

En ce moment même, elle faisait profiter Nicolas de ces dons de masseuse. Sauf que cela dégénéra vite. Elle passa d'un massage des cuisses, en une fellation passionnée.

Le portable de Nicolas sonna. Il jeta un œil sur son Iphone. Tiens ! Encore Alice ! Il interpréta avec délice cette deuxième ingérence d'Alice dans sa vie sexuelle en l'espace de quelques jours, comme l'expression d'une envie inconsciente d'y participer. Envie auquelle il n'opposerait absolument aucune résistance. Elle représentait un sorte d'Everest à conquérir par le Don Juan qu'il s'estimait être.

Il décrocha, alors qu'Eliah s'activait toujours sur son gland.

- Oui, Alice ?

Il se demandait jusqu'à quel point il allait laisser Alice deviner son activité du moment.

- Tu fais quoi là ? demanda Alice.

- Je suis en filature sur Eliah Bonnetière...

Alice s'étonna :

- Mais Hans t'avait dit l'autre jour de laisser tomber, Nicolas !

Nicolas laissa un soupir s'échapper :

- Ah bon ? Je ne m'en souviens pas. Tu es sûre ?

- Mais absolument ! Pourquoi tu continues ? J'aimerais que tu reviennes à Genève. Il faut que tu ailles interroger un membre du GdA...

- Un membre du GdA. Comment ça un membre du GdA ? Tu veux dire quelqu'un de précis...?

- C'est trop long à t'expliquer...dépêches-toi !

Nicolas eut alors un râle que Alice interpréta comme un ras le bol.

Eliah était arrivée au bout.