38
12 octobre 2018
Hans Pfäfi sortait de son appartement qui était jumelé à la maison de sa voisine. Il ne savait pas comment elle s'appelait, sa voisine, puisque sur les boîtes au lettres il y avait tellement de noms de famille différent. Pas moins de quatre ménages étaient sensés habiter dans la maison. Mais il s'agissait évidemment d'adresses bidons pour des gens qui habitaient en réalité en France voisine sans y être déclaré. Mais Hans s'en fichait. Il avait déjà tellement de travail avec l'affaire "E" qu'il n'allait pas encore chercher des noises à sa voisine. Pour qu'il y est une règle, il faut qu'il y ait une exception. Des exceptions, se disait-il. Sa voisine par exemple. Au demeurant fort sympathique.
Et ce soir de mi-octobre il lui adressa pour la première fois la parole pour un peu plus qu'un «Bonjour» ou un «Bonsoir». Elle était venue vers lui, alors qu'il s'était arrêté à mi-chemin entre sa porte d'entrée et sa voiture pour consulter son natel.
De long cheveux noir d'encre, lisse, un joli visage au trait fin et régulier, un sourire avenant, elle portait des bottine noire avec talon hauteur moyenne, collant noir, jupe en cuir noir juste en-dessous des genoux, chemisette blanche, joliment découpé, sûrement acheté dans une boutique chic du centre-ville, pensa Hans. Elle était sexy se surprit-il à penser. Et ne devait pas faire son âge.
- Bonjour ! Je suis votre voisine, mais ça vous le savez déjà ! fit-elle en riant . Je m'excuse mais, j'ai vu que vous avez des plaques de Thurgovie, ça m'interpelle. Mon père venait également de Thurgovie.
Hans avait fermé son natel.
- Oui, je viens de Thurgovie. Amriswil pour être précis.
Sa voisine paru étonnée. Hans savait pourquoi. Et anticipa son questionnement:
- Oui, je n'ai pas d'accent, c'est un peu un mystère. Enfant j'ai passé toute mes vacances d'été à Montreux chez mon oncle, alors...ceci explique sûrement cela...
Elle éclata de rire, puis :
- Alors là ! Oui ! J'ai peine à vous croire ! En plus vous faites des jolies tournures de phrases...c'est bluffant.
Il y eut un silence. Hans sentait bien qu'il y avait une raison autre à cet échange qu'une histoire d'origine :
- En fait, je voulais vous demander si vous seriez intéressé par l'achat de légumes ultra-bio. Mon fils à sa propre entreprise en Valais.
- Il cultive des légumes ?
- Oui. Avec son père entre autre. Bon. Il ne ne vit pas que de ça. Il a un deuxième boulot...
Hans Pfäfi savait pertinemment que les légumes en question, il n'allait jamais les cuisiner, et donc pas les manger, mais il savait également qu'il n'arriverait pas à refuser l'offre de sa voisine. Elle avait mis tellement d'enthousiasme dans sa proposition que Hans n'aurait pas le coeur de dire non :
- Mais volontiers ! dit-il alors en visualisnt mentalement les légumes pourrissant dans le frigo.
Bon pour la poubelle.
- Super. Ah c'est 20.- le carton de légumes et fruits mélangé. De saisons évidemment. Je vous les livrerai. À peu près une fois par semaine...
- C'est parfait ! fit Hans en faisant un pas en direction de sa voiture.
Il avait rendez-vous ce vendredi soir avec Alice Noît. Dans la même pizzeria de plainpalais et il n'était pas vraiment en avance. Et c'est alors que sa voisine lui demanda :
- Où en est l'enquête !
Hans la regarda, étonné. Elle savait donc.
- Oui. La propriétaire m'a dit qui vous êtes.
C'était logique, pensa Hans.
- ça avance, ça avance...mais c'est assez compliqué quand même, je dois vous l'avouer...
Sa voisine lui souriait :
- Mais je vous retient. Excusez moi, fit-elle en accompagnant sa phrase d'un petit geste de la main.
Hans s'éloigna :
- Merci encore pour les légumes, dit-il plus fort.
Il monta dans sa BM.
Annotations
Versions