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Jeudi 18 octobre, commissariat Bld. Carl-Vogt


Hans avait presque un peu oublié celle qui avait été la première suspecte du meurtre de Jérôme Bonnetière. Alors il fut surpris lorsque, dans son bureau du cinquième étage, on l’appela depuis la réception pour lui apprendre que Elizabeth Masson l'attendait. Alice Noît n'était pas là. Elle avait demandé un week-end un peu plus prolongé afin de pouvoir rendre visite à Diae Fasi, le jeune homme, il avait 25 ans, avec qui elle était en couple, et qui poursuivait des études en cardiologie à Paris. Hans était en train d'étudier le dossier des détenteurs de ER6 noir. Un homme l'intéressait particulièrement. Cadre chez Firmenich, il devait tout connaître sur la cyanure, d'après Nicolas Vidon. Il avait décidé de le voir en personne, à la place de Nicolas, et avait déjà rendez-vous avec monsieur Frédéric Schwarb cet après-midi.

- Faites-là monter dans mon bureau, dit-il à la secrétaire.

Et quelques minutes plus tard, la jolie brin de femme était assise dans le bureau de Hans.

- Que puis-je pour vous ? lui demanda-t-il.

C'était une nouvelle femme. Hans ne l'avait connu jusqu'ici que dans la période des heures qui avaient suivi le drame de la mort de Jérôme Bonnetière. Donc, il avait eu en face de lui une femme brisée par l'émotion. Mais là, aujourd'hui, trois semaines après, Elizabeth avait repris des couleurs, retrouvé le sourire, et Hans comprit parfaitement pourquoi le directeur de l'office cantonal de l'emploi avait craqué pour la secrétaire.

- J'ai pensé à toute cette histoire, fit-elle, et il y a une chose qui m'a interpellée mais qui m'était sorti de la tête...

- Et quelle était cette chose ? demanda Hans, vivement intéressé.

Elle sourit, se montra légèrement gênée, et Hans comprit qu'il s'agissait de nouveau d'une histoire de dessous la ceinture.

- Un jour, fit-elle, il m'a avoué, il avait pas mal bu, qu'il avait tenté une expérience homosexuelle.

- Monsieur Bonnetière était gay?!

- Non.

Elle rigola, puis expliqua : 

- Il m'a dit que tout simplement, un jour, il avait eu envie d'expérimenter cela mais que ça l'avait conforté dans son identité sexuelle. Je suis bien hétérosexuelle, m'a t-il dit...

- D'accord. Mais quel rapport avec "E" ?

- Eh bien, je me suis dit que peut-être que la personne avec qui il a eu un rapport n'était pas du même avis...

- Mais...mademoiselle Masson...il y a eu une revendication. De plus, il semblerait que "E" soit une femme...

- Mais peut-être que cet homme a voulu se venger, de plus, Jérôme m'a dit qui c'était, et c'est quelqu'un qui connaît la chimie, un haut placé chez Firmenich.

- Chez Firmenich ?! 

Hans se dit que le monde était vraiment trop petit, et il ajouta sans trop y croire:

- Frédéric Schwarb?

- Mais Ouuiii!

Elisabeth avait sursauté sur sa chaise.

- Comment le savez-vous ? ajouta-t-elle.

Hans n'en revenait pas. Et il pensa à Klara et sa théorie sur le hasard qui n'existe pas. Il se dit même qu'à ce rythme là dans quelques jours il mettrait la main sur "E".

- J'ai rendez-vous avec lui cet après-midi. Mais dites-moi, comment ça se fait que monsieur Bonnetière vous ai mise à ce point au courant des aventures de son intimité ? Aller jusqu'à révéler l'identité de son amant ?

La jeune femme soupira. Souri. Elle avait un très joli sourire.

- Alors je pense que le directeur, au moment de me le dire, et sous l'effet de l'alcool, était assez fière de cette expérience, genre je l'ai fait mais en gardant tout bien sous contrôle. Genre le mec qui n'a peur de rien. Qui sait qu'il n'est pas pd et qui expérimente quand même la chose, histoire de ne pas mourir idiot. J'avais l'impression qu'il se sentait assez supérieur à ce Frédéric Schwarb qui lui a fait des avances. Et j'ai réfléchit à ce que Françoise Géniole m'a dite la dernière fois, et elle a raison. C'était un grand narcissique. Tellement narcissique que lorsque un homme lui montre qu'il le désire, eh bien il peut pas résister...et pour bien me montrer qu'il ne me racontait pas des bobards il m'a carrément donné son nom et ce qu'il faisait dans la vie.

Hans était comme soufflé. Il regardait Elizabeth tout en faisant un résumé mental de la situation. La victime de "E" avait eu des relations sexuelles avec Frédéric Schwarb qui possédait une moto ER 6 noire, vue sur les lieux du meurtre de George Pendal, et qui connaissait, par son métier, parfaitement le maniement de la cyanure et qui de plus, en travaillant chez Firmenich avait sans doute facilement accès au fameux poison. La visite de cet après-midi s'annonçait passionnante.

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