Nicolas avait prit les escaliers. À grandes enjambées, franchissant plusieurs marches à la fois, il arriva rapidement au cinquième étage. Hans et Alice discutaient. Il se permit de les interrompre:

- Excuse-moi, Hans. Mais il faut que je te parle.

Hans se tourna vers lui :

- Oui. Qu'est ce que tu as à me dire ?

- Non mais pas ici. Viens avec moi...

Hans s'étonnait :

- Mais tu peux pas me dire ça ici ?

- Non. J'ai pas envie. Viens. On va à l'Éléphant dans la Canette.

Hans s'avoua vaincu :

- Bon. Soit. Alice peut venir ?

- Non. Juste toi. Alice adressa un petit sourire à Nicolas. Pour bien lui montrer qu'elle n'en n'avait rien à fiche. De toute façon, Hans lui dirait tout.

Cinq minutes plus tard, Hans et Nicolas se retrouvèrent à l'Éléphant dans la canette, à la rue de l'école de médecine, qui faisait angle avec le boulevard Carl-Vogt. À quelques encablures du commissariat. Hans n'appréciait pas particulièrement le café, son cadre, mais Nicolas était apparemment un client fidèle des lieux. Ils commandèrent tous deux une bière.

- Alors Hans. Je viens, avec Abdel, d'interroger monsieur Bidon. L'homme qui a vu la ER6 noire. Et il a identifié cette moto-ci (il sortit la photo en question d'une grande enveloppe B4), comme pouvant être celle qu'il a vu le mercredi 3 octobre à la hauteur de la voiture du président Pendal. Devine à qui appartient cette moto ?

Hans avala une gorgée de bière et regardais son enquêteur avec méfiance. Celui-ci lui dit alors avec une certaine satisfaction dans la voix :

- Elena Pericolo, ta voisine.

- Nicolas ! Arrêtes !

- Hans ! Non. C'est toi qui va arrêter de faire l'obtus. Ils y a des éléments qui sont troublants et qui concernent ta voisine, Elena Pericolo.

Hans se mit sourire et un petit ricanement s'échappa de sa bouche:

- Je t'écoute, dit-il sans se départir de son sourire un peu hautain.

Nicolas soupira, légèrement exaspéré. Hans l'agaçait. Et il était content de pouvoir maintenant mettre un peu à mal ce sentiment de supériorité qu'il lui trouvait. De peut-être pouvoir casser un peu cette sorte d'hégémonie de Hans et Alice. Il soupçonnait fortement qu'ils couchaient ensemble. Et aurait donné cher pour être à la place de Hans.

- Alors. Je viens de me renseigner, Elena Pericolo est prof de chimie. Elle connaît parfaitement le maniement de la cyanure et comment en faire une arme de mort. Dans son garage se trouve une ER6 Kawasaki noire, modèle 2005, ce qui comme je viens de te le dire, d'après un témoin est la moto qui se trouvait à côté de l'Audi de Georges Pendal juste avant qu'il ne meure des suites d'absorption d'un gaz à base de...cyanure. Et elle habite non loin de la douane de Certoux où Lucas Tardy à trouvé la mort. Et Elena, ça commence par un E...

- Nicolas, je l'ai croisé au moment de rejoindre la douane le matin du meurtre. Elle promenait ses chiens...

- Oui! Et alors! Cela signifie qu'elle était donc réveillée ! 

- N'importe quoi, Nicolas. Tous les propriétaires de chiens se doivent de se lever tôt pour les promener, pour ensuite se rendre au travail ! Excuse-moi, mais c'est n'importe quoi. Je comprends intellectuellement ton propos, mais il y a aussi le ressenti. Je ne ressens pas le moindre soupçons à l'encontre de ma voisine, et crois moi, mon instinct pour ce genre de chose est très affûté. Et je déteste déranger les gens quand je sens au fond de moi qu'il n'y a aucune raison valable de le faire.

Nicolas avala ce qui lui restait de bière et soupira.

Et Hans critiqua :

- Il est nul ce bistrot ! Je sais pas ce que tu lui trouves.

Mais pour ne pas passer pour un obtus, il ajouta :

- Bon. Soit. Convoquons ma voisine pour un interrogatoire...si ça peut te faire plaisir...et c'est moi qui l'interroge avec Alice évidemment. Toi, tu restes derrière le miroir sans teint.

- Je m'en fous de qui l'interroge. Pourvu qu'on l'interroge...