Samedi 24 novembre 2018, commissariat bld. Carl-Vogt

- Une constatation s'impose : "E" était au courant de l'addiction des Delcourts pour les commandes par internet, le site Netclick pour être précis ! martela Hans. Dans le bureau, était présent Alice, évidemment, Abdel et Franco Bernardi.

- C'est une évidence, fit ce dernier. Donc "E" a été dans l'intimité des Delcourts d'une manière ou d'une autre.

Alice réfléchissait et regardait dans le vide. Puis elle déblatéra, comme si elle se parlait à elle-même :

- Il faudra interroger Sylvie Delcourt en profondeur. Il faut qu'elle fasse un très gros effort de mémoire, traquer le détail, la petite chose qui lui a parut bizarre et qui a fait que "E" a ainsi put avoir cette information et du coup, esquiver le garde du corps...

Abdel fit une moue désapprobatrice :

- Mais pour l'instant elle est HS...

- Ouaips...qui ne le serait pas.

Hans rappela ce que tout le monde savait, et qui représentait l'épine dans le pied, le caillou dans la chaussure, le nerf de la guerre dans une enquête policière, et il martela de nouveau, en marchant en long et en large dans le QG de l'affaire "E" :

- Mais il nous faut ces informations le plus rapidement possible ! HS ou pas HS ! Si Sylvie Delcourt souhaite que l'on trouve et que l'on écroue celle ou celui qui a prit les yeux de son mari, eh bien il faut qu'elle y mette du sien ! Non d'une pipe !

- En ce moment, elle est à l'hôpital, sous perfusion, en état de choc, ne put s'empêcher Alice.

Hans s'était énervé, elle se sentait obligé de pondérer, équilibrer.

Hans sourit. Soupira. Re-sourit à Alice. Puis finalement :

- Rien à foutre de son état de choc ! C'est "E" que je veux voir en état de choc ! Quand je lui passerait les menottes au poignet ! Allez Alice ! Viens, on va à l'hôpital !

L'inspecteur était déjà dehors, tandis que Alice secouait la tête.

- Allez-y ! Qu'attendez-vous ?

Le procureur était totalement d'accord avec Hans Pfäfi.

Sylvie Delcourt se trouvait dans une chambre au 4ème étage. Seule. Sous perfusion. Physiquement elle n'avait aucune blessure évidemment. Mais moralement, psychologiquement c'était une autre affaire. Son mari était soigné à la section ophtalmologique de l'hôpital. Dans un autre bâtiment. Elle avait pleuré toutes les larmes de son corps, jusqu'à ce qu'elle n'en puisse plus. Elle était alors vide. Là, dans son lit. Et ce fut à ce moment là que Hans et Alice débarquèrent. Hans s'était montré si insistant auprès des médecins que ceux-ci avaient fini par céder. Ils s'approchèrent d'elle doucement. Elle les regardait, désabusée.

- Madame Delcourt, je suis vraiment, vraiment, désolé de vous déranger à un moment pareil, fit l'inspecteur.

Le regard de Sylvie suintait le dégoût. Hans hésita à poursuivre. Alice prit le relais :

- Qui pouvait savoir que vous utilisiez beaucoup Netclick ?

Sylvie soupira. Mais aucun mot ne sortit de sa bouche.

- Essayez de vous rappeler, insista Hans.

Elle soupira encore puis elle dit :

- Aucune idée.

- Aucune ?

- Attrapez "E" et je lui crève moi-même les yeux...

Ils ne surent pas qui aurait pu savoir que Jean Delcourt était accro à Netclick mais que Sylvie n'était pas si au fond du trou que cela.