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Jeudi 20 décembre 2018


Alice s'était montrée légèrement énervée le restant de la journée. Elle ne comprenait pas vraiment pourquoi il fallait qu'elle accompagne Hans chez monsieur Schwarb. C'était son affaire, non ? Il l'avait déjà vu sans elle. Il avait qu'à le revoir sans elle. Et elle fut très surprise de découvrir la raison de l'empressement et l'insistance avec laquelle Hans lui avait demandé de venir. Elle mit une minute pour comprendre et digérer grossièrement les tenants et les aboutissants. Frédéric Schwarb était homosexuelle et avait eu une relation avec Jérôme Bonnetière, cela Hans avait fini par le lui dire dans la voiture, en se rendant chez l'homme en question. Qui habitait dans un magnifique appartement en attique dans la vieille-ville, juste à côté de la cathédrale Saint-Pierre. Mais que la beauté du bonhomme, et pour être beau il était beau, Alice l'admettait clairement, ai perturbé son collègue à ce point, voilà qui était bien amusant. Et Hans le sentit tout au long de leur entrevue à trois, Alice avait une folle envie de rire. Ce qui l'agaça quelque peu. Pour le dissimuler, il s'employa à se montrer extrêmement intéressé par ce que Frédéric Schwarb avait à lui montrer : une feuille de papier A4 sur lequel était griffonné une liste de noms, avec en en-tête la mention multi-média hôtel-de-ville. Cette feuille, c'était la femme de ménage de monsieur Schwarb qui l'avait trouvée sous le matelas du salon en cuir couleur bordeaux. Hier, lors d'une séance de nettoyage un peu plus poussée que d'habitude. Frédéric avait par ailleurs reproché à la femme de ménage son manque d'assiduité. Enlever les coussins-matelas du salon pour passer l'aspirateur en dessous était quelque chose que normalement elle était sensée faire tous les mercredis ! Il lui avait signifié que si cela se reproduisait, il prendrait quelqu'un d'autre. Frédéric Schwarb était un maniaque de la propreté et du rangement. Hans n'avait pas pu s'empêcher, Alice aussi d'ailleurs, découvrant l'intérieur de l'appartement de faire un rapprochement entre ce perfectionnisme ménagé et son homosexualité. Et eurent tous les deux également un peu honte de ce raisonnement très clichés, il fallait bien en convenir. Cette liste que Hans tenait entre les mains contenait donc une liste de noms, dont, et c'est cela qui avait causé le coup de téléphone de monsieur Schwarb à Hans, celui de Amir Bendi. Toute la république connaissait maintenant Amir Bendi depuis son spectaculaire collision avec le tram. Son nom avait été révélé dans la presse depuis la revendication du sabotage par E. Et, détail très intéressant, une croix avait été inscrite à côté de son nom. Tous les autres noms de la liste, il y en avait une dizaine ne disait rien à Hans. Il tendit la feuille à Alice pour qu'elle puisse se faire une idée.

- Que des mecs ! remarqua-t-elle.

Elle commença à épeler à voix haute : Ehril Renard, Pedro Scola, Alex Freindi, Amir Bendi, Julio Ribeiro...puis elle s'interrompit.

Aucun des noms ne lui disait quoi que ce soit.

Hans regarda Frédéric. Alors oui. Cette liste pouvait se révéler, éventuellement, intéressante. Mais il avait l'étrange impression que le Frédéric Schwarb avait eu une idée derrière la tête. Déjà, il avait cru voir un soupçon de déception dans le regard du directeur lorsqu'il avait ouvert la porte et découvert qu'il n'était pas seul, et que en plus, la personne qui l'accompagnait était une femme. Au téléphone, il avait senti son excitation à l'idée que Hans viendrait chez lui. De là à ce que Hans pense que le Frédéric avait envisagé du sexe entre les deux, il n'y avait qu'un pas...Hans s'imaginait d'ailleurs Frédéric et Jérôme Bonnetière en plein ébats dans le salon en cuir bordeaux, et que c'était ainsi que la feuille avait finit là, sous le coussin. Mais de nouveau, ce qui énerva quelque peu l'inspecteur était que cela le perturbait. Mentalement, en ce moment-même, il se voyait faire des choses étranges avec l'hôte de l'appartement ! Impensable !? Il ne comprenait pas. Et Alice qui semblait avoir tout deviné !

Ils finirent par pendre congé du directeur du département de recherche de Firmenich, et descendirent les marches. Pour Hans ce fut deux par deux, pour Alice ce fut beaucoup plus lentement. La raison première en était qu'elle riait tellement qu'elle devait s'arrêter tous les trois quatre marches pour reprendre son souffle.

Dans la voiture, Hans était muré dans un silence qu'Alice brisa :

- Alors c'est franchement drôle, Hans. Le week-end dernier, quand j'ai croisé la chancelière à Paris avec Diae, j'ai été également perturbée. Cette femme dégage quelque chose qui me perturbe. Je n'ai pas jusqu'ici éprouvé de l'attirance pour une femme, mais là, ça a été bizarre. Comme si je pouvais, avec elle du moins, commencer à envisager une relation sexuelle avec une femme. À des moments, je te jure, j'avais des films qui passaient dans ma tête, et c'étaient pas des Walt Disneys !

Hans se détendit un peu et se mit à rire.

- Mais c'est pas que j'ai eu des véritables fantasmes sur ce mec, mais...

- Mais t'as eu des fantasmes sur ce mec ! Et pourquoi pas, Hansi ?

Il soupira. Et Alice continua :

- Mais ça veut pas dire que tu dois le faire. Mais je pense que c'est normal que l'on puisse des fois se l'imaginer, non ?

- Hum...ouais, je vois ce que tu veux dire, mais je ne suis pas pd, Alice.

- Houlala, c'est dure hein ?! Admettre que l'on pourrait peut-être...hein...en fait ce qui t'as perturbé, et ça transpirait par tous tes porcs, c'est que t'as expérimenté, tu as ressenti que tu pouvais réellement, concrètement, coucher avec cet homme, tu as senti une véritable tentation. Qu'il suffisait tout-à-coup de pas grand chose pour que ce que tu pensais être en parfait équilibre, bascule. Et lui le sentait, et il est allé à la pêche.

- Non mais, t'exagères Alice...

Elle éclata de rire :

- Alors Hans, l'autre jour, après avoir dit au revoir à Anna Paguel de Denwi, je suis rentré avec Diae, on a fait l'amour et j'ai fantasmé sur la chancelière. Quand Diae me caressait, j'ai imaginer que c'était ses mains à elle. Elle a des mains magnifiques...

- Eh ben, eh ben. S'il savait, ton Diae !?

- Eh ben, il sait mon Diae !

- Il sait ??!

- Oui. On en a parlé sur le chemin qui nous menait chez lui...et ça la plus motivé que perturbé ! Lui !

Hans se parqua à côté de la mini-cooper d'Alice.

Il regarda sa co-équipière avec un mélange de sérieux et d'amusement :

- Tu sais, Alice. Comme je le disait ce matin, je crois que ces vacances vont nous faire le plus grand bien.

Sur ce, Alice s'approcha, et posa un doux baisé sur la joue droite de l'inspecteur. Puis elle sortit de la voiture.

- À demain, Hans ! fit-elle avant de claquer la porte.

- À demain, Alice, répondit Hans.

Et une fois seul dans l'habitacle, il ajouta, à lui-même:

- T'es vraiment incroyable, toi !

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