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Café du Perron, mardi 15 janvier 2019, 11h05


Anna Paguel de Denwi déboutonna son manteau brun en laine tout en s'excusant de son léger retard.

- Un café s'il vous plait, demanda-t-elle à la serveuse qui s'était avancée vers leur table.

Alice buvait déjà une verveine:

- Ehril Renard est donc le fils d'un premier mariage d'Elena Pericolo, dit-elle. Vous connaissez madame Pericolo?

- Vaguement. Parce que c'est une excellente amie d'Elizabeth Page. Je l'ai vue quelque fois. On a bu un café de temps en temps tous les trois.

- Et vous saviez qu'elle avait un fils d'un précédent mariage?

- Oui. Je l'avais appris comme ça, par hasard, au détour d'une conversation. Je ne me rappelle d'ailleurs pas exactement quand.

- Et puis vous vous êtes souvenus qu'il avait postulé pour le poste de responsable technique média à l'Hôtel-de-ville?

- Oui. Hier. En me brossant les dents (elle se mit à rire). Tout d'un coup j'ai revus le moment où j'avais son dossier à la main. Ehril Renard. Et je me suis rappellé qu'Elizabeth m'avais dit que le fils d'Elena Pericolo avait postulé. Et je me suis rappellé que son nom de famille était Renard. Puisque c'était le fils d'un premier mariage avec un valaisan. Et que le père était retourné en Valais. Tout ça on en avait parlé une fois autour d'un café.

- Pourquoi la candidature d' Ehril Renard n'a pas été retenue?

- Ce n'est pas moi qui me suit occupée du détail des dossiers, je n'ai pas la compétence. C'est le service technique.

- Qui est le responsable?

- Ernst Sarraz. Je peux vous donner son numéro.

- Volontiers.

La chancelière sortit son portable.

- Maintenant que j'ai votre numéro, je vous envoie ça. Puis, après l'avoir envoyé, elle regarda Alice avec un drôle d'air.

- ...mais je peux aussi vous accompagner jusqu'à son bureau. C'est juste à côté...

Alice sourit, et acquiesça:

- Ah ben oui...c'est encore mieux.

Les deux femmes discutèrent alors d'autres choses tout en buvant leurs cafés. Alice appréciait la chancelière et celle-ci, malgré une entrée en matière un peu rude, leur rencontre à Paris et le coup du « ...les larmes aux yeux, c'est le cas de le dire... » trouvait maintenant l'inspectrice très agréable et avenante, et avait même l'impression qu'ils pouvaient avoir plein de points en commun.

- Vous m'avez envoyez votre message très tard, 1 heure du matin ! Vous avez beaucoup de travail en tant que chancelière ? demanda Alice.

- Oh oui. Beaucoup de boulot ! Bon je pourrais en faire moins, c'est vrai, certains en seraient enchantés, répondit-elle en faisant un petit clin d’œil. Celles-et ceux qui me trouvent trop ingérant. Mais je suis une passionnée. Hier, je suis rentré d'un voyage de trois jours à Madrid, pour suivre un cours sur les protections de données en informatique...

- Ah bon ?! Ah oui, c'est vrai, vous m'avez parlé de votre passion pour le vote électronique, pour que les jeunes s'intéressent davantage à la politique. Mais c'est vrai que je me dit que ça c'est le boulot des politiques et pas de la chancelière. Que votre fonction à vous c'est de préparer les réunions, la paperasse, etc...Ne le prenez pas mal, mais c'est comme ça que je vois la chose, comme la plupart des gens je pense...

- Mais Patrick Cheland est venu avec moi, si ça peut vous rassurer...lui dit alors Anna avec un sourire.

- Et ça s'est bien passé à Madrid ?, lui demanda Alice, un peu étonnée.

- Oui. Très bien. Anna l'avait regardé droit dans les yeux.

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