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Samedi soir, les deux serveurs mirent une heure pour créer le portrait-robot de l'homme du bar.
Hans fit aller chercher Sylvain Kaufmann, l'hôtelier de l'hôtel des Bergues, pour le confronter au résultat.
- Mais bon, moi, je l'ai vu que de dos, sur le vélo, quelques secondes, rétorqua ce dernier, en regardant le portrait-robot.
- Oui mais bon! En regardant bien ce portrait, ça pourrait être la même personne?
Sylvain regarda encore, en fronçant les sourcils.
- Pffuit...peut-être bien que oui, peut-être bien que non...fit-il un peu désemparé.
Il avait eu quelque peu peur en voyant la police débarquer à l'hôtel sirène hurlante et l'embarquer presque de force, sans que personne ne lui dise pour quel motif.
- Bon. Abdel! Tu m'envoies ça sur toutes les chaînes de télévision du canton, sur les réseaux sociaux, facebook, instragram et j'en passe.
- Ok, chef.
- Il ne fera pas bon porter un bonnet noir à Genève, ces prochains jours, Alice, dit Hans, avec une certaine satisfaction.
- Et il me semble qu'il y a beaucoup de gens qui portent des bonnets noirs, Hans... répondit-elle.
Dès le lendemain, la traque commença. Dans toute la ville, toute personne portant un bonnet noir, prioritairement les hommes, furent apostrophé par la police. Une quinzaine furent arrêtés et emmenés au boulevard Carl-Vogt pour y être plus profondément interrogé et jaugé par les deux serveurs du Dorian. L'un très gêné, mangé par la peur de déclencher une erreur judiciaire, l'autre presque sans états d'âme. Trouvant tout cela bien excitant.
- Oui, ça pourrait être celui-là ! Tout-à-fait, dit ce dernier en pointant l'homme portant le numéro 4 des 8 posté côté-à-côte.
Derrière le miroir sans teint, le serveur semblait très sûr de lui.
- Vous êtes sûr, lui demanda Abdel.
- Disons que, de tout ceux-là, c'est le seul qui pourrait être l'homme que j'ai vu entrer hier au restaurant et qui m'a dit qu'il voulait juste boire un café. Maintenant est-ce que c'est vraiment lui, je ne peux évidemment pas le garantir.
- Bon. Ok. Vous pouvez disposer, lui dit Abdel.
Il était 19h30, ce dimanche 20 janvier. Hans et Alice s'apprêtait à mener un interrogatoire poussé de Perry Bagger. 24 ans, d'origine américaine, passeport suisse, avait fait toute sa scolarité à Genève, à l'école international. Ses parents travaillaient tous les deux à l'ONU depuis 25 ans.
- Salut Perry, fit Hans en s'asseyant en face de lui.
Le jeune homme était un vrai pur américain, comme ceux que l'on voit dans les films. Chevelure blonde, coupé court, yeux bleus, musclé, sûr de lui. Un héros. Mais Hans avait décidé, un peu, que tout ceci n'était qu'une façade. Et que il n'était pas impossible que hier, ce soit lui qui ai mis la cyanure dans le digestif de François Charmey. Il est vrai que Franco Bernardi et Séverine Mélisse lui avait peut-être bien mis un peu la pression. Le procureur était très excité, et disait que ce Perry Bagger de malheur pouvait bien être impliqué d'une manière ou d'une autre dans l'affaire « E». Et surtout, on pouvait ainsi donner quelque chose à manger aux médias et à la population genevoise qui commençait sérieusement à s'inquiéter. Sans parler de la cheffe de la police, Séverine Mélisse, qui avait l'impression, de plus en plus, que des puissants ressorts se trouvaient sous tous les sièges sur lesquels elle s'asseyait.
- Alors, Perry. As-tu été au Dorian hier aux alentours de 13h00 ? dit Hans en souriant très amicalement.
Les parents du jeune homme n'étaient pas, diplomatiquement parlant, n'importe qui. Il fallait être prudent. Pas déclencher une guerre politique entre les États-unis et la Suisse.
- J'ai été au Dorian. Mais pas hier. Vendredi. À 17h30. Et pas tout seul. Avec ma copine. Ça vous va comme réponse ? Je peux repartir ?
Hans et Alice se regardèrent. La jeune femme ne put s'empêcher de sourire à l'inspecteur. Ce dernier soupira profondément. Et reprit :
- Ta copine pourra confirmer ?
Perry Bagger sourit à son tour :
- Rendez-moi mon téléphone, je pourrais l'appeler...
Une minute plus tard, son Iphone en main, le jeune américain appela Laurie :
- Ouais salut, c'est moi. Tiens, je te passe l'inspecteur Pafy, il veut te poser une question.
Il tendit l'appareil à Hans.
- Bonjour mademoiselle, c'est l'inspecteur Hans Pfàfi. Je m'excuse de vous déranger, mais est-ce que vous pourriez confirmer que vendredi vous vous êtes rendu au restaurant le Dorian avec votre ami Perry Bagger ?
- Oui, tout-à-fait ! Mais qu'est-ce qui se passe ? Il n'a rien fait de mal, Perry ?
Hans ne répondit pas, et continua :
- À quelle heure ? Elle hésitait :
- ...ben...l'après-midi...
- L'heure, s'il-vous-plaît
- ...ben...trois heure, je dirais...
- Vous êtes sûre ?
- Oui...trois heure ou quatre heure, ça doit être ça.
- Bien merci. Est-ce que vous pourriez vous rendre au commissariat du boulevard Carl-Vogt. J'aimerais juste clarifier certaines autre choses avec vous ?
- Mon Dieu ! Qu'est-ce qu'il se passe ?
- Je vous expliquerais tout si vous venez.
- Maintenant ?
- Oui. Maintenant. Il était bientôt 21h00.
- Ok. J'arrive dans un quart-d'heure.
La jeune fille. Toute bien sur elle. Très classique. Très bon chic bon genre débarqua un quart d'heure plus tard. Elle avait 24 ans comme Perry, et il était prévu que tous les deux se marient au printemps prochain.
Et cinq minutes après elle, ce fut les parents de Perry Bagger qui firent irruption au commissariat du boulevard Carl-Vogt. Voir les parents du jeune Bagger, c'était comme voir le futur de Perry et Laurie. Les mêmes personnes avec vingt ans de plus au compteur.
- Bonjour, je suis Stuart Bagger. Mon fils est retenu ici. Et je suis venu le chercher. Il parlait parfaitement français mais avec un accent américain prononcé. Et. Dégageait une assurance de lui-même. Phénoménale.
Laurie était interrogée dans une salle à part. On ne lui avait pas laissé voir Perry. Et tout de suite, elle leur avait dit qu'elle avait avertit les parents Bagger, et que ils allaient venir et que ça allait mal se passer pour eux. Hans et Alice donc.
- C'est ce que nous verrons, lui dit alors Hans, pas d'humeur à se laisser impressionner par la jeune femme. Alors, reprit-il, vous dites 16h00, votre ami dit 17h30. Expliqué moi cette différence. Laurie fit une drôle de moue.
- Mais...j'en sais rien, c'était peut-être 17h30 alors. Quand j'ai congé, je suis pas scotché à ma montre, monsieur.
- Vous souvenez-vous alors s'il faisait jour ou nuit ?
- Il faisait nuit, ça je me rappelle, parce que j'ai particulièrement apprécié les bougies allumées sur les tables. Je les voyais depuis dehors, en arrivant. Et j'ai justement pensé que l'hiver, quand il fait froid et noir, rien de mieux que les bougies pour se réchauffer le moral...
- C'était donc 17h30, l'interrompit Hans en souriant.
Laurie demanda alors, étonnée :
- Pourquoi vous dites ça ?
- Parce que à 17h30 il fait nuit et à 16h00 pas encore. En janvier donc. Évidemment.
Sur ce, son portable vibra et sonna. C'était la secrétaire à l'accueil.
- Oui, Hans,
- C'est le père de Perry qui est là ! Il est pas content. Il vient chercher son fils.
- Comment ça il vient chercher son fils. C'est pas lui qui... Il entendit crier au bout de la ligne.
Apparemment le père Bagger avait passé outre.
- Hans ! Il monte dans les étages...
- Mais arrêtez-le, bon sang !
Alice sortit son arme et ouvrit la porte.
- Sa femme le suit, Hans !
- Mais il y a personne qui peut l'arrêter !
- Non !
C'était dimanche soir. Quasi personne au poste. Alice était sortie du bureau, l'arme au poing. Elle entendait quelqu'un qui montait par les escaliers. Elle inspira profondément. Expira calmement. Puis le père apparu. Grand. En costume, cravate, chaussure de ville, lunette, cheveux court légèrement grisonnant. Il la regardait. Et il avait pas l'air content.
- Monsieur! Stop ! Ne bougez plus ! cria Alice en pointant son arme dans sa direction.
Hans arrivait en renfort, l'arme également à la main.
- Non mais ! Vous êtes pas bien vous les suisses ! fit l'américain. Je ne suis pas armé ! Regardez ! Il leva ses mains au ciel.
- Je viens juste récupérer mon fils que vous détenez de manière illégale...
- Nous avons le droit de le retenir. Il a été identifié comme suspect.
Stuart Bagger éclata de rire, alors que sa femme arrivait, essoufflée.
- Suspect d'avoir tué le conseiller d'état !?
Sa femme éclata également de rire. Elle portait un bonnet rose.
- Où est mon fils ?
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