Mercredi 23 janvier 2019, restaurant le Dorian

Hans avait découvert le restaurant Le Dorian le samedi 19 janvier quand il avait du intervenir pour le meurtre de François Charmey. Et, dans le tohu-bohu, et malgré le tohu-bohu, il avait trouvé le restaurant super sympa. Et il s'était dit que, au lieu d'aller à l'éternelle pizzeria Sole Mio, ce soir ils pourraient mangés tous les deux....au Dorian. Et Alice avait accepté avec plaisir. Ils avaient pris un apéritif en attendant le plat, du filet de plies à la sauce moutarde pour tous les deux, et Hans était , malgré la catastrophique affaire « E », ou plutôt la catastrophique gestion de l'affaire « E », en grande partie de sa responsabilité, même si le procureur était tout de même dans la première loge en compagnie de Séverine Mélisse. Eh bien Hans était malgré tout cela, d'humeur légère :

- Est-ce que tu penses que « E » va réussir à éradiquer tout le conseil d'État avant qu'on mette la main sur lui, ou sur elle, demanda-t-il en souriant à Alice.

Alice avait mise un pantalon en jeans bleu délavés et portait des bottines noires à talon un plus haut que d'habitude. Une chemise rose au décolleté également plus prononcé que d'ordinaire, et autour du cou un magnifique collier en argent. Elle avait été chez le coiffeur cet après-midi et Hans l'avait fortement complimenté sur tout cela lorsque ils s'étaient assis autour de la table du fond dans le coin, au bord de la fenêtre, avec la bougie allumée. Comme il y en avaient sur toute les tables d'ailleurs. Alice avait rit et dit :

- Peut-être que l'on devrait laisser tomber, et attendre que le conseil d'État soient au goût et couleurs de « E »...

- Puisque apparemment, on n'arrive pas à empêcher le cours des choses...

- Ouaips...

Ils se regardèrent en silence, puis se mirent à rire tout les deux.

- Mieux vaut en rire...fit Hans en finissant son verre.

Un vin rosé, frais, délicieux.

- Oui. Mais bon. Pas toute la journée quand même.

- Nous sommes le soir, Alice. Nous avons travaillé dur aujourd'hui.

- Oui. C'est vrai. Et que savons nous ce soir, sur l'affaire « E », monsieur l'inspecteur ?

Les poissons arrivèrent, le champagne aussi. Hans avait insisté pour commander du champagne. Que fêtons nous ? lui avait demandé Alice. Rien lui avait répondu Hans. Avec le poisson on boit du blanc, non ? Je n'ai pas envie de blanc, alors je me rabat sur du champagne. Mais tu peux prendre du blanc si tu veux ? Ou du rouge ? Ou une bière ? Ce que tu veux ! Alice avait acquiescé pour le champagne.

- Au jour d'aujourd'hui que savons nous sur l'affaire « E », mademoiselle Noît ? Eh bien je vais vous le dire! « E », une mystérieuse entité sur laquelle nous n'arrivons pas à mettre la main, revendique les meurtres et agressions suivantes : Jérôme Bonnetière, chef du service cantonal de l'emploi, empoisonné par des dragées à la cyanure.

- Elizabeth Masson a été la première suspectée, suite à l'accusation de mademoiselle Géniole. Mais a été innocenté. La jalousie de Françoise Géniole ayant été le motif principale de son accusation, trop rapide, trop spontané, trop évidente, en un mot, trop facile...

- Oui. Sachant que monsieur Bonnetière baisait pratiquement tout ce qui lui passait devant et qui ne lui opposait pas de résistance...

- même les mecs, sourit Alice.

- Oui. Mais c'était sa vie privée, et puis voilà. On ne peut pas, nous n'avons pas le temps de disséquer toutes les conquêtes d'un Don Juan, Alice.

- Oui. Évidemment !

Hans avala une fourchette de filet de plie à la moutarde.

- Hmm...excellent !

Et fit santé avec Alice. Puis repris sa récapitulation :

- Amir Bendi, employé informatique à l'Hôtel de Ville, se blesse légèrement, miraculeusement, suite au sabotage des freins de sa voiture. Quelques blessés dans le tram qu'il a percuté à la place Neuve.

- Et Amir Bendi nous amène à avoir d'éventuels soupçons sur un couple, remarqué par une employée du service cantonal de la population et de l'immigration.

- Combien y a-t-il de couple à Genève ?

- Beaucoup.

- Donc, vu que l'employée n'a pas pu faire de description dudit couple...

- On n'est pas dans la merde....

- Pour parler vulgairement. Disons qu'on n'est pas plus avancés, rectifia Hans.

Ils se firent de nouveau santé. Mangèrent un peu, puis reprirent :

- George Pendal est assassiné par un ou une motard, motarde, à l'aide d'une boule remplie de gaz de cyanure. La moto est identifiée par George Bidon : une ER6 KAWASAKI noire. 32 de ces motos sont immatriculées à Genève, et la vérification de tout leur propriétaire n'a pas eu de résultat concret.

- Même ta voisine, en a une, Hans...

- Ouais...ça veut tout dire. - « E » revendique toujours et demande que Jean Walder remplace Pendal à la présidence du conseil d'État, ce que refuse à l'unanimité ce même conseil d'état...

- Mais dimanche, il risque bien de s'y trouver, l'ami Walder, souriait Hans.

- Ensuite, un frontalier, Lucas Tardy, chauffeur de bus au TPG, se fait quasi guillotiner à la douane de Certoux à l'aide d'un fil de fer tendu en travers de la route, à l'aide d'une arbalète. Là, nous n'avons pas d'indice, mise à part un cycliste aperçut au bord de la route un peu avant l'agression. Avec un bonnet péruvien sur la tête. Aucune identification...

- On n'est pas dans la m...

- On n'est toujours pas plus avancé, corrigea cette fois Alice.

Nouvelle pause. Un peu plus longue. Ils parlaient tellement que le filet de plie refroidissait. Re-santé. Hans rempli de nouveau les verres, et il continua :

- Mort de Félicien Dumas à la douane de Douvaine cette fois. Toujours aucun indice. À croire que « E » c'est la femme ou l'homme invisible. - En fait, Lucas Tardy et Félicien Dumas sont juste des victimes aléatoires. Ce qui nous crée un gros problème, rien ne les lient à « E ». Impossible d'avancer dans ces conditions. D'ailleurs leur mort est également aléatoires. Ils auraient put survivre, avec un peu de chance.

Même sans égratignures, nota Alice.

- Très juste remarque, inspectrice Noît ! La conseillère d'État Sylvie Delcourt, préposée au département de l'instruction publique, communément appelé le DIP, reçoit une paire de jumelles démoniaque. Mais ce n'est pas elle, mais son mari qui en fait les frais . Résultat : il perd l'usage de ses deux yeux. Et Sylvie fait de la dépression depuis.

- Et depuis, cette attaque, petite pause dans l'agenda de « E », cette fin d'année 2018 ne le verra plus en action.

- Par contre, à l'étranger ça s'excite ! Emmanuel Matton se rend à Genève pour un sommet à l'hôtel des Bergues. Pour clarifier la situation, la mort de Félicien Dumas, citoyen français à créer des tensions entre les deux pays. Au cours de ce sommet, « E », malgré sa semi-retraite, réussit à transmettre un message au président français, à l'aide de la « bonne volonté » d'une partie du personnel de l'hôtel. Sylvain Kauf est entendu, puis relâché.

Le serveur avait débarrassé et demanda aux inspecteurs s'ils désiraient un dessert. Coupe Danemark pour lui et tiramisu pour elle.

- 2019. « E » livre, par le biais de Boissons Sur Votre Paillasson, BSVP, une bouteille de bordeaux, un magnum, au conseiller d'État, Jean-Pierre Lonfat.

Alice se mit à rire :

- Que nous avons bu en compagnie du conseiller d'État, sa femme, le livreur, et qui encore.... ?

- Euh...François Champs et...euh...je sais plus trop qui, et puis ça de toute façon, personne n'est au courant, et il faut que personne ne soit au courant parce que là...

- On sera pas dans la merde !

- Oui, Alice, là on peut le dire...

Les desserts atterrirent sur la table. Hans s'émerveilla tout d'un coup ! Une petite saucière était posée à côté de la coupe de glace, remplie de sauce chocolat chaude !

- Incroyable ! Il le font encore ! La sauce chaude à côté dans une saucière !

Et il versa le précieux liquide sur la chantilly et la glace vanille.

- Ouais...t'as raison. Maintenant, c'est plus que de la sauce chocolat TOPPING déjà toute prête et froide...je peux goûter, fit Alice en avançant sa cuillère.

- Mais vas-y ! Elle goûta :

- Hmmm...bonne !

Hans en mangea trois, quatre cuillerées puis continua :

- Samedi, François Charmey, meurt ici-même, en ingurgitant un digestif empoisonné à la cyanure. De nouveau, personne n'a rien vu. Qui a put mettre le poison dans la boisson ? Mais, et, Ô bonheur ! Nous avons pu établir un portrait-robot ! Et avons du coup mis la main sur un certain Perry Bagger que Nicolas doit être en train de suivre dans ses moindres faits et gestes...

- Séverine et Franco sont fous ! Hans, laissa échapper Alice.

- Oui. Je suis en partie d'accord avec toi. Mais au moins on a une piste. Une piste à suivre...

Alice sourit, l'air désolée :

- Si on peut appeler cela une piste...

Hans confirma par un hochement de tête.

- Et, Charmey, ce con avait renvoyé le garde du corps, s'énerva un peu Alice.

- Ouais. Je devine pourquoi.

- Il voulait tenter sa chance avec la jolie et jeune stagiaire. Et limiter les témoins. Sa femme accouche dans quatre mois.

Et Hans de finir ce résumé de l'affaire « E » :

- Voilà ! Et ce soir, nous mangeons ici, à quelques tables de là où il a trépassé. Et nous ne savons toujours pas qui est « E ».

Alice mangeait son tiramisu. Puis elle tendit sa cuiller remplie à Hans :

- Goûte ! Il est excellent !

Hans mis la cuiller dans la bouche.

- Hmmm...oui...excellent !

Alice souriait à l'inspecteur. Il la regardait et lui rendit son sourire. Ils avaient un peu trop bu. Ils avait fini la bouteille de champagne à deux, mais lui en avait ingurgité plus qu'elle.