Mardi 5 mars 2019, commissariat bld.Carl-Vogt

Il était sept heure et quart du matin et Alice était déjà là avec Hans. Ils s'étaient tous les deux pris un café à la machine Délizio. Lui avait opté pour la nouvelle capsule avec goût noisette. Son gobelet diffusait un très agréable parfum dans le bureau. Si bon qu'Alice s'était dit que la prochaine fois elle prendrait le même.

Ils étaient seuls dans le bureau et Hans voulait parler d'un problème qui n'était pas en rapport avec l'affaire « E » :

- Alice, dimanche...pourquoi est-ce que tu as...tu t'es...enfin...aussi...

- Tu pourrais être un peu plus clair, Hans ?!

- Klara m'a envoyé un sms extrêmement virulent...et...

Séverine Mélisse fit son entrée avec un certain fracas. Elle avait aussi son gobelet de café noisette à la main.

- Bien ! Ça tombe bien de vous avoir là tous les deux ! Sous la main !

La grande cheffe de la police genevoise dégageait un grand dynamisme ce matin. Ces longs cheveux blond virevoltait dans l'air tellement elle bougeait rapidement les bras, la tête, tellement elle marchait vite dans le bureau. Elle rangeait des papiers, déplaça une chaise, ramassa un papier par terre et le jeta à la poubelle. Mais elle n'était pas seulement dynamique, mais également de bonne humeur. Souriante. Cela faisait un moment qu'elle n'était pas apparue aussi souriante. Alice était sûr que la raison de cet état de félicité était une histoire d'amour. Mais qui était l'heureux élu ? Rien n'avait filtré. Alice avait sa petite idée, mais espérait toutefois se tromper. Car si son intuition devait se révéler juste, elle serait déçue. Déçue parce que une personne allait en souffrir, et même, tous les protagonistes de l'affaire des coucheries de la cheffe de la police.

- Où en est-t-on avec l'histoire du drone acheté chez Landi ? demanda-t-elle.

- C'est Nicolas qui est dessus, il va arriver d'un moment à l'autre, vous pourrez lui demander vous-même, répondit Hans.

Mademoiselle Mélisse, elle n'était pas mariée, elle disait que son travail ne lui permettait pas d'avoir une famille à côté, ne fut pas satisfaite de la réponse de l'inspecteur principale.

- Mais vous devriez pouvoir me répondre, monsieur Pfäfi.

Le problème était que Hans était énervé par cette histoire de drone. Il s'était de nouveau pris de bec avec Nicolas, car celui-ci avait relevé évidemment que le magasin Landi n'était pas très loin de la maison d'Elena Pericolo. Et l'inspecteur suisse-allemand de ressortir son fameux argument de son sixième sens qui lui dictait que madame Pericolo n'avait absolument rien à avoir avec cette affaire. Avec Nicolas ça devenait de pire en pire. Il acceptait de moins en moins les explications de Hans et même l'autre jour, il avait laissé sortir au grand jour sa jalousie. Il lui avait directement demandé s'il couchait avec Alice, et Hans avait failli lui envoyé son poing dans la gueule, ce que Nicolas, son sourire en avait dit long, avait interprété comme un aveu, alors qu'il n'en était rien. Du moins, pas encore. Car Hans, ce jour là était resté emmuré dans ses réflexions toute la journée. Comme si la remarque de Nicolas lui avait ouvert les yeux sur son désir grandissant de façon exponentielle. Alice commençait à le hanter. Il pensait à elle de plus en plus.

Hans n'eut pas le temps de répondre à Séverine Mélisse, car Nicolas apparut dans le cadre de la porte.

- Eh bien, presque tout le monde est déjà là ! fit-il avec un grand sourire légèrement ironique. Il ne manque qu'Abdel.

Entre lui et Abdel ça sentait également le roussi. Mais tous ces problèmes relationnels étaient, des études le démontraient, relativement courant sur les affaires qui pédalaient dans la semoule. Une tension grandissante du fait de l'absence de résultat, de l'échec donc, pourrissait les relations entre les différents inspecteurs.

- La cheffe a une question pour toi, lui dit Hans aussi ironique que lui.

Séverine Mélisse fit un grand sourire à Nicolas :

- Oui ! Où en êtes-vous avec l'histoire des drones ?