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Mercredi 17 avril 2019


Hans et Alice n'avaient rien vu venir ou n'avaient pas voulu voir venir.


Le week-end à Amriswil s'était mal déroulé. Et Hans était arrivé le dimanche soir d'humeur quasi dépressive à Sézenove.

Klara, vu l'enlisement de l'enquête, trouvait parfaitement ridicule que son mari continue. Ne pouvait-il donc pas, à la direction de la police genevoise, confier l'affaire « E » à quelqu'un d'autre ?!  Était-ce si important de garder Hans sur l'affaire. De plus, le week-end du mois de mars où pour la première fois elle avait fait le voyage à Genève, avec les enfants, et qu'elle avait fait la connaissance d'Alice, une jalousie tenace s'était plantée en son for intérieur. Alice était une femme d'une beauté qui ne pouvait laisser aucun homme indifférent, et qui bien au contraire, devait solliciter des trésors d'efforts d'abnégation, à tout homme, en particulier celui avec une queue en perpétuelle concurrence avec l'organe situé environ quatre-vingt centimètres plus haut.

Et Klara avait questionné son mari:

- Hans ! Ne me dit pas que Alice ne te fais pas le moindre effets !

Hans se murait dans un silence qu'il savait pourtant pouvait être interprété comme un aveu. Alors il avait finit par bredouiller quelque chose comme : «  Klara, tu te fais du cinéma. Oui, c'est vrai, Alice est très belle, mais je sais me contrôler...

- Mais tu ne dois même pas avoir besoin de te contrôler, Hans ! avait-elle rétorqué.

Puis Hans s'était défendu. Maladroitement :

- Mais tu te contres-dit là ! D'un côté tu es sûre qu'Alice me fait de l'effet, et de l'autre si je te dit que je me contrôle, et par là je t'avoue que je ne suis pas totalement insensible à sa beauté, tu me dis que je n'ai pas le droit d'être sensible à sa beauté...c'est à n'y rien comprendre !

Après un silence, elle avait explosé :

- J'EN AI MARRE QUE TU N'ES PAS LÀ ! J'EN AI MARRE QUE TU PASSES TES JOURNÉES AVEC CETTE PÉTASSE D' ALICE AU LIEU D'ÊTRE AVEC MOI !

Et puis, elle avait ponctué son flagrant délit de jalousie en envoyant la tasse de thé, vide, contre la porte où elle se brisa en mille morceaux !

Et Hans était parti.

Là-dessus.

Direction Genève.

Direction Alice.

Il y a mieux comme dernier échange.




Et trois jour après, le mercredi, Hans avait du laisser sa BM au garage pour le service des 40 000 kilomètres. Et suite à un problème de disponibilité de pièces, il n'avait pas pu récupérer sa voiture le jour même.

Et c'est alors que Alice et lui, après une énième pizzas avalées au Sole Mio, repas au cours duquel, Hans s'était plaint d'à peu près tout ce qui se passait dans sa vie, Alice l'avait raccompagné chez lui.

Et devant la maison du 7 chemin des Foraines, elle avait éteint le moteur.

Ils étaient là, tout les deux, dans le noir, le silence, à regarder droit devant eux.

Puis, il s'étaient tournés l'un vers l'autre au même moment.

Et toutes les barrières s'étaient écroulés.

Leurs visages se rapprochèrent, leurs lèvres se rencontrèrent, leurs langues se mêlèrent, leurs bras s'enroulèrent, leurs mains se prenèrent, se caressèrent, Hans couvrait le visage d'Alice de baisés, Alice les lui rendit, Hans pris les mains d'Alice telle la chose la plus précieuses au monde et y aposa ses lèvres, délicatement.

Alice savait que si elle sortait de la voiture et accompagnerait Hans chez lui, ils coucheraient ensemble. Elle savait également que cela scellerait la fin de sa relation avec Diae, et sans doute la fin du couple Pfäfi. Mais l'envie était là. Une très grande envie. Une énorme envie. Le cœur à ses raisons que la raison ne connaît pas.

Hans était cuit. Il ne contrôlait plus rien. Par conséquent, c'était à elle de tenir, et le cas échéant, ne pas céder au dicton. Mais elle était à deux doigts d'ouvrir la portière, et d'aller vers l'irréparable. Ils s'embrassaient toujours, sur le visage, le cou, les lèvres. Pris dans un enivrement des sens, dans un instant d'éternité.

Et puis.

En l'espace d'une demi-seconde.

La raison d'Alice comprit les raisons du cœur.

Leurs vacuité.

Et les jugula immédiatement.

Elle interrompit le jeu des sens et dit :

- Non, Hans. Ce n'est pas une bonne idée. Comprend moi bien, l'envie est là mais...des fois...et même pas que des fois (elle eut un petit rire involontaire)...eh ben...l'envie...il faut pas toujours trop la suivre...elle nous emmène des fois à de ces endroits...elle nous propose de ces raccourcis séduisant...et puis...

Elle eut un sourire désolé, les larmes poussaient au portillon de départ, mais elle parvint à les retenir.

Hans était stoïque. Il regardait Alice dans les yeux. Puis il hocha la tête comme pour valider les propos de sa collègue. Et sortit de la voiture. Avant de refermer la portière il salua Alice d'un petit geste de la main.

Elle alluma le moteur et partit.

Lui, resta un moment à regarder la mini partir, puis il leva la tête, scrutait ce magnifique ciel avec des étoiles dedans. Il inspira profondément, expira lentement. Puis, d'un pas calme et lent, il entra chez lui. Il s'assit dans le salon en cuir bleu. Il ne prit pas une Heineken dans le frigo. Il avait envie de rester lucide.

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