Épilogue
Quelques jours après son retour, Klara et Hans étaient installés dans leur salon. Le soleil se couchait. Le ciel était orange et rose. Il faisait cependant légèrement trop frais pour être sur la terrasse.
Posée sur la table basse, une bouteille de vin. Bouchon retiré. Deux grands verres à vin. La bouteille était un magnum. Le magnum offert à Hans par « E ». Il s'avança, le saisit et rempli les verres à un tiers.
Voilà une semaine que Hans était revenu. Il était en congé jusqu'au 1er septembre. Son chef avait voulu se montrer compréhensif. Il pensait, et ses collègues également, que Hans avait du subir un choc, un traumatisme même, et qu'il fallait lui donner un peu de temps pour s'en remettre. L'ex-inspecteur genevois avait d'ailleurs laissé entendre à son chef que sa carrière dans la police était peut-être terminée. Son chef zurichois, qui appréciait énormément Hans Pfäfi, ne le souhaitait vraiment pas. Alors il s'était dit : « Laissons lui trois mois pour digérer, retrouver de la lucidité ! ». De plus, l'engouement des médias, même outre-frontière pour l'affaire « E », était une pression supplémentaire énorme, et qu'une absence de contact avec le monde de la police, le monde tout court, pouvait atténuer. Remettre et garder les pieds sur terre.
Hans et Klara levèrent leurs verres, les firent tinter l'un contre l'autre, et burent une gorgée.
Puis ils posèrent les verres sur la table, savourèrent le vin en bouche. Regardèrent le jardin, le cerisier en fleurs.
- Il est vraiment excellent, fit Hans tout en regardant toujours droit devant lui.
Klara confirma :
- Oui. Vraiment un des meilleurs que j'ai bu....
Hans éclata de rire :
- Non mais, Klara ! C'est surréaliste ! Nous sommes en train de boire à la santé d'Elena et d'Antonio Pericolo, qui se trouvent en ce moment même quelque part en Amérique du Sud, dans un pays qui ne pratique pas l'extradition. Nous sommes en train de savourer un vin offert par un couple d'assassins cruel et redoutable. Le couple de criminel peut-être le plus terrifiant qu'a connu la Suisse. Qui vient de faire une dernière victime...
- Une dernière victime ?
- Oui. Patrick Cheland. Je viens de l'apprendre tout-à-l'heure. Sa femme a demandé que l'on stoppe les frais...il l'ont débranché et il mort droit derrière...c'est comme si c'est tout de même elle qui l'a tué...
Ils se turent un moment, sirotant régulièrement le vin. Puis Hans se mit à rire.
Klara rit également. Puis, ils se turent de nouveau. Ils restèrent un moment comme ça. Burent encore une gorgée.
- Vraiment excellent ce cru, fit encore Hans.
- Qu'est ce que tu vas faire ? Tu vas vraiment arrêter la police ?
Hans soupira :
- J'en sais rien. Tout ce que je sais, c'est que je me suis pris une telle claque dans la gueule. Et que je sais plus rien. Mais que je me sens étonnamment bien. Et que ce vin est incroyablement bon. Et que rien n'a d'importance. Finalement.
- C'est vrai Hansi, t'as raison, rien n'a d'importance finalement...
Hans regardait le ciel, les arbres, le jardin. Puis, après un instant de silence, il réitéra, en français :
- Ouaips...
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