Peindre le monde: "C'est de l'art"

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Sixième étape: le dernier acte:

Un dernier voyage m'amena ensuite aux Émirats Arabes Unis. J'en avais fait du chemin, oui, mais il fallait encore accomplir une dernière chose. Aujourd'hui même, les Etats-Unis avaient menacé d'utiliser l'arme nucléaire, et la Corée, ayant trouvé plusieurs alliés en Asie, avait commencé à occuper une dizaine d’États sur le territoire Américain. La guerre faisait rage, et l'ultimatum américain se finissait cet après-midi même, à 17h25.

Et c'était pour mettre un point final à cette guerre ainsi qu'à ce monde, que je me posais là. Pour peindre mon œuvre, il me fallait une des meilleures vues possibles, et je comptais bien en profiter pour commencer le dernier acte tant attendu.

Je me rendais donc à la tour la plus haute du monde, Burj Khalifa, 828 mètres, une véritable merveille. Pour finaliser mon œuvre, il fallait absolument que je peignes au sommet de cette tour, pour bénéficier d'un des meilleurs panoramas pour observer la fin du monde.

Une fois rendu là-bas, je suivis la visite guidée, et trouvai ensuite le moyen de m'éclipser pour chercher la salle de contrôle. J'entrai donc en claquant violemment la porte, cassant au passage le nez d'un homme qui avait voulu sortir au même moment de la salle, puis, pointant un pistolet sur les autres, je leur fis signe de bien vouloir me laisser gentiment faire une petite annonce.

C'était ça, la dernière étape !

J'annonçai alors une alerte à la bombe, et clamai haut et fort que j'étais un terroriste Coréen (sachant que dans cette guerre, les Émirats Arabes Unis sont alliés à l'Amérique), que j'avais placé une bombe quelque part dans la tour, et que je mettais tout le monde au défi de réussir à sortir avant que ça n'explose. Avec ça, c'était la panique assurée, et des cris d'affolement se firent entendre à travers tous les étages. Ils avaient mordu à l'hameçon. Même les personnes qui se trouvaient dans la salle de contrôle avaient déguerpi pendant mon discours, j'allais donc pouvoir être seul, oui, seul pour pouvoir me concentrer sur l'acte final...

Je pris le premier ascenseur disponible réservé au personnel grâce à la clé que je m'étais permis de voler au mec avec le nez cassé, et la tour étant encore en construction, je dus monter les derniers étages à pied. L'excitation prenait possession de moi, et à 17h22, j'arrivais au sommet.

Je m'installais là, bien calé contre un grand pilier de métal, et j'ouvrais ma valise, pour en sortir mon matériel: les tréteaux, les pinceaux, toutes les couleurs de ma palette, et surtout, une nouvelle toile.

Tout était là, et le silence régnait tandis que tout le monde attendait l'heure fatidique, qui marquerait le début d'une nouvelle ère. Plus que 30 secondes...

Mes doigts se crispaient sur mon pinceau, et je n'en pouvais plus d'attendre. Chaque seconde paraissait une éternité, quand soudain venant troubler le silence, une première explosion se produit. Des avions survolèrent alors la ville, et des cris de terreur résonnèrent alors.

Mon pinceau, frénétique, bougeait dans tous les sens ne savant plus que faire ou croire. Mes yeux n'arrivaient pas à suivre le spectacle aérien, et je m'efforçais à concentrer chaque parcelle de mon corps sur la tâche, luttant sans relâche pour trouver l'harmonie ultime. Chaque coup de pinceau, calculé, rendait plus belle encore la toile, et les évènements s'enchaînaient au dehors sans que je ne puisse reprendre mon souffle un seul instant. Haletant, je découvrais et contemplai moi-même l'étendue du pouvoir de cet art magnifique. C'était l'extase, rien ne pourrait arrêter ce mouvement, non, rien, j'en étais absolument convaincu. Chaque geste rajoutant du réalisme et du relief, donnant ainsi un second souffle à mon art, encore plus puissant que le précédent et tous ceux d'avant. Je m'approchais encore et encore du ciel, oui, c'était le mot, divin ! Rien de ce qui pourrait appartenir au passé, au présent, ou encore au futur ne pourrait l'égaler. Tous les artistes de renommée ne pouvaient désormais que se retourner dans leur tombe en maudissant l'imperfection de leurs propres œuvres. Oui, cela le méritait amplement. Mes yeux refusant de se fermer, ne pouvaient s'empêcher de fixer la chose, qui à demi dans le réel, et faisant partie à part entière de mon imaginaire sublimait l'existence même de ce monde. Les mots, loin d'être suffisants, jaillissaient par milliers dans ma tête, et les éloges que je ne pouvais m'empêcher de formuler ne semblaient pas vouloir tarir. Rien ne pouvait décrire l'immense splendeur de cette œuvre, et maintenant presque complète, elle imposait sa suprématie, fière et imposante, sur ce monde d'ignares. La réflexion n'était ici pas de rigueur, non, au simple coup d’œil, même un ignorant en aurait la conviction. Aussi, la phrase que je ne pus m'empêcher de prononcer après la finition de celle-ci, ainsi que la dernière phrase que je prononçais de ma vie fut: "C'est de l'art !"

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