L'Enfant sauvage

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Accompagnement musical :

Heilung – Othan

https://youtu.be/zzteYM2Xv0M

Ami yūmá, ne crains pas les énormes bêtes anthropophages. Ne crains pas les sorciers armurés avec leurs armes ensorcelées. Crains plutôt les enfants, nus et cernés de mort mais bien vivants.


Il y avait un sauvageon dàmò, un fils de dragon couvert d'écailles, à l'instar du clan qui l'avait perdu. Ce n'était pas faute de chercher à le rapatrier, mais l'enfant préférait la forêt.

Quelqu'un avait voulu sa naissance. Quelqu'un avait voulu qu'il vive. Alors pourquoi errait-il hors du clan ?

Fae secoua la tête. Fallait-il dire l'évidence ? Fils de bannis, son tovæl avait péri, évidemment. C'était toujours la raison. À moins... Que disait l'adage yūmá sur son peuple, déjà ? « Ceux dont tous les enfants sont désirés... quoique parfois regrettés », quelque chose comme ça.

Qui tournerait le dos à son tovæl, pourtant ? Qui abandonnerait un enfant ? En bonne santé, qui plus est ! Quelle sorte de désespoir poussait à trahir le cœur du clan ? Était-ce seulement possible ?


S'il avait eu un nom, s'il s'en souvenait, il ne le partagea pas. Il parlait à peine, à vrai dire. Le clan de l'étang prenait soin néanmoins de son âme égarée. Cet enfant improbable, ce survivant, on l'accueillerait volontiers parmi les siens. On n'omettait jamais de lui apporter quelques baies, grillades ou plats rissolés. Alors des pilotis il s'approchait, toujours en retrait, sans jamais entrer. On espérait, on le chérissait, on l'aimait.

Et à vrai dire, si l'enfant préférait la forêt, c'était aussi parce qu'elle l'avait adopté. Un grand fauve, que les Dàmò appellent « meikæs », l'avait recueilli, l'avait nourri, et le laissait jouer avec ses petits.


*


À l'entrée du clan Féshè, ce jour-là, Fae déposa un reste de galette sur la plate-forme de bois. Héla le sauvage qui rappliqua.

La jeune Kilha s'en approcha :

— Tu t'appelles vraiment « Hé » ?

L'enfant prit un moment avant de parler, ignorant peut-être qu'une conversation requerrait une réponse de sa part. Il haussa les épaules, sciemment, comme s'il avait fallu apprendre ce geste anodin.

— C'est bruit ils donnent moi.

Kilha s'assit, genoux serrés dans les bras, pour observer l'enfant sauvage.

— Pourquoi tu viens pas au clan ?

Un nouveau haussement d'épaules lui répondit.

— C'est ta famille, c'est ton sang.

L'errant enfourna le reste de galette et ramassa les miettes.

— Peut-être sang moi, mais pas tovæl.

Elle sourit. Au fond, il était trop libre pour se suffire du clan. Il ne souffrait pas de solitude, de toute façon : un petit meikæs sortit son nez des fourrés, furetant l'effluve alléchant de galette grillée, bientôt suivi par ses cadets. Le sauvageon distribua des morceaux encore chauds à trois gueules avides et posa une main distraite sur le museau le plus proche. Un ronronnement satisfait s'éleva.

— Méfie-toi, lui dit Kilha. Quand ils seront plus grands...

— Non, pas blesser. Grands jamais blessé. Suis tovæl.

Tout de même, Kilha regardait d'un œil prudent les fauves qui se multipliaient.

— Pourquoi les meikæsn se retiendraient de te manger une fois adulte ?

— Suis tovæl. Et tovæl confiance. Et savent si pas mangés quand petits faibles, mangera pas quand grands forts.

— Hm. Les Yu font pareil : ils nourrissent les petits et leur disent d'avoir confiance. Sauf qu'après, ils les mangent.

La main du garçon s'immobilisa. Un coup de museau l'invita à reprendre ses caresses, et Kilha devinait ce qu'il pensait. Quand elle avait appris cette coutume, elle l'avait trouvée répugnante ; même pour nous.

Le sauvage soupira, puis tendit une galette à Kilha.

— Veux nourrir ?

D'abord troublée, la jeune Féshè sourit quand l'enfant pointa les petits, et accepta avec joie.



On vit dès lors souvent, aux abords marécageux du clan, un sauvageon guider sa fratrie de meikæsn, accompagné par des enfants turbulents. On les entendait chanter, courir et ripailler. Les adultes les laissaient s'évader, gardant toujours un œil vigilant sur les coquins pour s'assurer qu'aucun prédateur ne flaire leurs frasques.

On s'étonnait de ce que chaque portée de la fauvesse survivait. L'heureuse conséquence d'avoir sauvé l'enfant de guerriers ? Quel autre meikæs pouvait se targuer de faire porter des nouveau-nés dans l'écharpe d'un Féshè carnassier ?

Outre leur réciprocité, ce binôme insolite s'adorait. La mère d'adoption avait longtemps protégé l'enfant de ses pairs, avant d'admettre qu'ils ne lui nuiraient pas. Les jouvenceaux, quant à eux, avaient grandi avec ce frère atypique qui, dans des concerts de ronronnements et de mimiques, s'extasiait de l'aubaine de s'être trouvés. Ils adoraient les grattouilles, il aimait grattouiller : quelle belle amitié !

Et la forêt résonnait des chants des enfants folâtrant parmi les félins.


Jusqu'à ce jour.



Jusqu'à mon arrivée.


*


En dépit de mes efforts, le craquement inquiétant des feuilles mortes et des brindilles fangeuses menaçait de nous faire repérer. Les chauds rayons du crépuscule perçaient le feuillage, comme si le ciel nous avertissait de ses lances célestes.

Concentré sur mes bruits de pas, je ne vis pas le fils du chasseur plaquer ses mains sur ses oreilles, sans raison apparente.

— Magne-toi ! chuchota son père. C'est plein de Dàmò ici, idiot !

Le garçon ne l'entendit pas cependant. Grimaçant, suffoquant, recroquevillé, il souffrait visiblement.

— Il se passe quoi ? Sorcellerie ?

C'est à moi que le chasseur s'adressait. Je refrénai mon envie de l'envoyer balader : j'étais éclaireur, pas shaman ! Mais un coup d'œil vers le garçon endolori me suffit :

— On dirait que les dieux ou les esprits lui crient dessus.

— Ils racontent quoi ?

Je haussai un sourcil.

— J'en sais foutre rien, ducon.

Il ouvrit la bouche pour répliquer quand un rugissement aussi soudain que féroce, suivi d'une volée de volailles effarées, nous fit sursauter. Un grondement plaintif, agacé. Figés, on se fixa l'un l'autre. Un monstre ou un démon ? Quelle différence ? Mieux valait filer. Vite.

Le chasseur empoigna son fils et se rua dans la direction opposée. Il s'arrêta subitement, pétrifié de terreur et le cœur affolé : l'antre d'une bête et un feu de camp.

Par chance, les larges fauves étaient dans le même état de stupeur que son fils : les oreilles cachées sous les pattes, se roulant au sol comme pour étouffer des flammes invisibles. J'ai perçu un éclair de malice dans les yeux de mon compagnon ; il était chasseur, après tout : il jouait son rôle. Il braqua donc ses flèches sur les jouvenceaux, et tira.


Une.

Deux.

Trois.


Comme ça. Sans hésitation ni atermoiement.

Juste comme ça.


Il encocha une quatrième devant le dernier, qui reposa les pattes pour le regarder, droit dans les yeux, crocs découverts, déjà en milieu de saut. Le traqueur poussa un cri. Le garçon avança un bras inutile, aussitôt broyé. Je courus, le chasseur suivit. Mais pas son fils. Son fils ne le suivit plus jamais.

Et derrière nous, derrière nos pas précipités, derrière nos foulées effrénées, les hurlements d'un enfant mourant, puis les pleurs d'une bête endeuillée. Et on courait.


*


Les Dàmò poussèrent un soupir de soulagement. Le ciccikii s'était enfin tu, l'insoutenable petite créature. Kilha enviait presque aux vieillards leur ouïe abîmée.

Elle tendit une main au sauvageon pour l'aider à se relever. Il secoua la tête comme pour en chasser les derniers échos stridents.

Et de retour au repaire...

De retour au repaire...


L'enfant s'avança, et tomba à terre. Il agita une main angoissée sur les corps ensanglantés. Ramassa la carcasse du dernier-né pour la serrer contre lui. Et entre deux hoquets, poussa de longs sanglots peinés à travers lesquels son âme s'échappait.


*


On courait, et un vacarme épouvantable, désespéré, retentit. Le monstrueux mélange du cri d'un homme et du grondement d'un dragon. Et j'ai compris, alors. Vraiment compris. J'ai compris l'ampleur de l'erreur du chasseur.

Les fauves appartenaient aux Dàmò ! Qu'est-ce que t'as foutu, enfoiré ? Espèce de suicidaire !

On accéléra encore, je ne savais même pas que c'était possible. On courait si vite que l'air nous freinait. On courait si vite que mon cœur déchirait ma poitrine. On courait si vite que mes jambes prirent feu.

Nous avaient-ils vus ? Nous suivaient-ils ? J'envisageais le pire.

Emmêlé dans des racines, je commençai à ralentir, et le traqueur me distançait. Il m'abandonnait, comme il abandonnait toujours tout le monde. Je le devinai soulagé que mon sacrifice retarde ses poursuivants.

Quel imbécile. Me tuer ne leur prendrait pas un instant.


Quand je n'entendis plus rien que les battements paniqués de mon cœur, je jetai un œil en arrière, aussitôt regretté.


Ami yūmá, ne crains pas les énormes bêtes anthropophages. Ne crains pas les sorciers armurés avec leurs armes ensorcelées. Crains plutôt les enfants, nus et cernés de mort mais bien vivants.


Ils étaient tout jeunes mais, bien sûr, même les enfants de Dàmò sont des géants. Et ceux-là ne couraient pas : ils galopaient. La terre répondait à leurs coups de pied courroucés en les poussant dans le vent.

Je suis un coureur d'exception : je suis un éclaireur de la tribu, après tout. J'avais fui jusqu'à la fin de mon souffle, et les enfants m'avaient rattrapé sans suer ni ahaner. Nullement fatigués, la fureur les portait mieux à travers la sylve que des ailes enragées.

Deux enfants couverts de nudité m'ont rejoint. Deux mains écailleuses m'ont renversé. Deux rangées de dents m'ont déchiqueté. Sans stratégie. Sans hâblerie. Rien que la triste habitude de l'adversité.

Je ne trouvai même pas la force de les honnir. J'en voulais à ce maudit chasseur. Il ne s'y était pas trompé en plus, le fumier : je les avais vraiment ralentis. J'aurais voulu revenir à la vie rien que pour le buter.


*


Le sauvageon trépignait sur place en agitant une main griffue dans la direction de mon collègue.

Vite, vite ! Deuxième !

Kilha essuya du sang de sa bouche, et lui barra la route.

Attends un peu. Je comprends l'empressement, mais on s'est déjà trop éloignés.

Le garçon frétilla, poings serrés. Il fit mine de détaler, mais Kilha le retint par la main.

Les charognards vont s'occuper des bébés à ta place si on se dépêche pas, et le dernier a besoin de toi.

Il gronda.

En attendant le retour des grands, il est tout seul, entouré d'assez de sang pour rameuter tous les carnivores du coin.

Il fixait la direction du chasseur, prêt à s'élancer. Elle lui attrapa le poignet.

Les Yu valent pas la peine, en plus ils ont presque pas de gras.

C'est pas pour viande ! s'emporta l'enfant.

Je sais. Mais les vivants priment sur les morts. Viens.

Il lança un regard noir en direction de l'horrible effluve et montra les dents. Il émit un grognement frustré ou dévasté, et se dépêcha vers la tanière tandis que la fillette traînait ma maigre carcasse.

Confronté au reste de sa famille, il jura de ne jamais oublier l'odeur du meurtrier.


*


Le farrꜵc a même pas bouffé les frangins du petit ! Les a juste butés pour les buter. Y mérite la même chose !

Et gâcher sa viande ? Tu les détestes assez pour te rabaisser à leur niveau ?

Fae souffla. Kilha porta une main à son épaule.

Même la vermine vaut qu'on la mange.

Le regard du Féshè s'égara par-delà les fortifications du clan, par-delà le marais, plus loin dans la forêt, là où un enfant pleurait.

Pas sûr qu'ils soient dignes de la vermine.

Kilha n'en dit pas plus. Elle avait entendu parler de nous. Elle savait que nous tuions sans raison, sans nécessité. Elle savait même qu'il nous arrive de nous retourner contre ceux de notre sang. Mais le voir et le savoir sont deux choses différentes.


*


Ses larmes séchées, l'enfant réunit son tovæl félin et quitta la forêt à la recherche de l'assassin.

Il conduisit son clan de cœur en marge des vallées qui bordent sa contrée, et croisa les derniers membres de son clan de sang qu'il verrait jamais.

Hé, vous allez où ?

Veux vengeance Yu.

Les trois Féshè se considérèrent. Qu'avaient-ils manqué ?

Quoi ? s'impatienta l'enfant.

C'est le grand à écailles jaunes qui lui répondit.

Rien. Je savais juste pas que les Yu pouvaient avoir la moindre incidence.

Surtout du genre qui mérite des représailles.

Le sauvageon se terra dans le silence. Glissa les doigts dans la crinière de sa mère. S'emportait-il ? Mais le Yūmá avait massacré son tovæl ! Hors de question qu'il reste impuni !

Sa mère le fixa. Une odeur amère lui brûlait le museau. Une sœur feula, un frère le poussa en avant.

Alors il poursuivit sa route, au fil de l'effluve haineux, des marais troubles aux vallées inhabitées, des cols froids aux dunes ardentes.


Des Yūmá, il en vit, mais pas la cible de sa furie. Il nous vit cravacher les bêtes, les êtres que dans sa tête il appelait les choses libres. Il nous vit cravacher les nôtres aussi, tant et tant des nôtres. S'il avait su compter, il aurait douté, et dû recompter : plus de la moitié. Pourquoi les cacher ? Pourquoi les mépriser, s'ils savaient chasser ? Comment se nourrir, comment se défendre, en traitant les nôtres comme nos opposants ?

Sur le passage de son petit clan, les tribus s'alarmaient, quoique leur sang coulât à flot sans l'aide de l'enfant. Et plus il avançait, moins il comprenait, mais le fil des dunes alimentait son amertume.

Sur son chemin vint une Dàmò errante. Une âme semblable, somme toute. Le rejeton d'un clan inconnu, d'un clan félin, dont l'odeur lui rappelait les siens. La Ràó intriguée s'approcha, au contraire des tribus qui fuyaient la meute étrange.

Elle s'extasia :

J'ai jamais vu un tovæl comme çui-là !

L'enfant ne répondit pas. Le langage s'échappait de ses pensées, inusité.

Vu Yu ? Sent, euh...

Il maudit sa faible emprise sur les mots de son clan de sang. Un frère posa sa lourde tête sur les cuisses du sauvageon.

Y'en a ici et là. Sont éphémères, comme les mouches. Pourquoi tu veux gaspiller notre souffle à parler de ces moins que rien ?

L'enfant gratta les joues de la bête, et s'interrogeait. Perdait-il son temps ?

Vengeance... rend pas... rend pas... tovæl.

La Ràó acquiesça.

Les Yu le peuvent pas. Ils peuvent pas grand-chose.

Il enlaça son frère et ferma les yeux. Les Yūmá pouvaient seulement tuer des nourrissons et s'enfuir en courant.


*


Et sur le passage de son petit clan, les tribus s'épouvantaient. On s'éclipsait quand le Seigneur Sauvage approchait. Le Dieu des Bêtes vêtu de la forme nue d'un enfant, entouré de ses fauves fidèles. Le Divin Enragé, auquel on sacrifiait le cheptel dans l'espoir de l'éloigner.

Mais l'enfant n'avait pas de temps à leur consacrer. Il suivait une piste. Une piste précise.

Ce dieu-là ruminait la mort de ses frères et sœurs, et questionnait son chemin. Que faisait-il si loin des fantômes des siens ? Perdait-il son temps et son souffle ? Fallait-il se concentrer sur les vivants ?


Et les tribus, en attendant, propageaient la nouvelle du Redoutable Dragon qui traversait le désert.


*


Une ombre apparut entre les dunes et le firmament. L'ombre d'un enfant géant et de ses monstres servants.

Et le chasseur sut. Il sut que le Diable Bestial était venu le trouver, parce qu'il avait tué ses protégés.

Et la tribu aussi le sut, parce que le chasseur s'était vanté.

Alors le shaman l'approcha avec un saignoir assoiffé, parce qu'il existe un seul moyen d'apaiser les dieux. D'éloigner l'Ombre et ses preux.


Le pisteur se dit prêt, et reconnaissant du temps alloué par le ciel. Il embrassa ses trois fils, et le shaman versa son sang sur le sable pour étancher l'Enragé. Il l'éventra et répandit ses viscères pour assouvir la faim du Sauvage. Lui arracha le cœur pour satisfaire la vengeance du Grand Traqueur.

Il chanta, chanta, chanta afin de prévenir les cieux : le crime était puni. Disparaissez.


Mais l'Ombre resta, et le poignard sacrificiel brillait d'un éclat avide.

Alors sous l'œil attentif des étoiles, des rivières de sang étincelèrent. Celui du chasseur. Celui de ses fils. Celui de sa femme. Celui de sa mère. Et celui de ses filles.


Pourtant, l'Ombre perdura.

Elle attendit des jours durant, comme pour surveiller les mortels. Mais comment le shaman n'avait-t-il pas remarqué ? Elle ne regardait pas ma tribu. Ne la voyait même pas. Elle ne lui importait en rien.

L'Ombre savourait la lumière naissante du jour dont nous n'étions pas même une diversion. Pas même une distraction.


Chère tribu, à qui avez-vous sacrifié la famille du chasseur ?

Se trouvait-il un seul dieu, esprit, ou bête pour remarquer leur décès ?

Qui lapa leur sang ?

Avez-vous offert leur vie aux vents et au sable uniquement ?


Et toujours, l'Ombre resta.

Le shaman désespéra. Il invoqua les cieux, les Pères, le panthéon tout entier, n'importe qui.

Était-ce là le vrai visage de ceux auxquels il adressait ses prières ? Des dieux insensibles et indifférents ? Celui-là était-il un démon ?

Il tâchait de se souvenir des leçons de ses prédécesseurs, mais se découragea. Les shamans d'antan, tu vois, ils étaient trop rêveurs, trop insouciants. Le nôtre savait maintenant : divinités, démons et sorciers ne cherchent pas à nous nuire ni nous détruire. Nous ne les intriguons pas. Ils ne nous voient pas. Ils vivent seulement leur vie et écrasent la nôtre sous leurs pas négligents.

Il secouait la tête et s'arrachait les cheveux. Le temps passant, il finit par se réjouir que la silhouette ne semble pas les remarquer. Ou pire : leur témoigne de l'intérêt.


Et moi, libre comme les morts, je voyais une chanson dans les yeux du dieu. Un chant leste et naturel, dénué d'artifices, que j'appellerai le chant des monstres :


Elles m'appellent

Elles m'appellent

Les voix des bois

La forêt

La forêt

Se rappelle à moi

Elle le sait

Elle le sait

Que je lui appartiens

Je retourne

Je retourne

Au levant parmi les miens

Je l'entends

Je l'entends

La symphonie des bêtes sauvages

Ne suis pas

Ne suis pas

Tu brusquerais ton dernier voyage


Et il disparut, libre comme le vent.

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