Le sérum de vérité
Expiration
– J’espère qu’il va trouver son nom…
– Ne vous en faites pas, Étienne…
– …
– …
– Dites, Estèphe… Comment avez-vous su pour le nom chien tout à l’heure ?
– Je ne sais pas, j’ai eu une intuition… Il a quelque chose d’étrange ce gamin, vous ne trouvez pas ?
– Quoi, parce qu’il aime regarder la même série que le roi à la télé et qu’il a appelé son chien comme celui du roi ?
– Ça fait quand même des coïncidences…
– Estèphe, vous ne seriez quand même pas en train de dire que ce petit garçon est le…
– Je ne dis rien du tout, Étienne ! J’ai juste l’impression qu’il a quelque chose de spécial cet enfant, c’est tout.
– Bon… Et quand il sera revenu avec le nom de sa maman, qu’est-ce qu’on va faire ? Vous savez par où on doit passer pour aller voir le roi ?
– Pas vraiment… Je connais le chemin pour les services du roi, mais je ne suis jamais rentré dans le centre de commandement royal…
– C’est un problème, quand même… Et le produit que nous a donné votre ami Estéban, le fameux sérum de vérité, on ne pourrait pas s’en servir ?
– Quoi ? Maintenant ? Sur le contrôleur des mots ?
– Bah, pourquoi pas ? Il sait peut-être comment y aller, lui, au centre de commandement.
– Vous avez peut-être raison, Étienne… Et puis on n’a pas grand-chose à perdre au point où on en est… Bon, faites semblant de prendre une pastille et dites « hmmm » comme si vous vous régaliez.
– Hmmm ? Ah oui, j’ai compris… Hmmm ! Ils sont drôlement bons ces bonbons, Estèphe ! Moi qui avais un petit creux, ça tombe pic.
– Hé vous, il est interdit de manger dans ce bureau !
– Oh, monsieur le contrôleur, soyez sympa, nous avons attendu tellement longtemps dans la file sans rien manger… Un vieux monsieur comme moi, en plus…
– Et alors, vous croyez que j’ai mangé plus que vous, moi ?
– Bah justement, on veut bien partager si vous voulez. Vous avez été tellement gentil avec le petit garçon… Il faut en profiter, parce qu’au rythme où ça va, on les aura bientôt tous mangés.
– Mouais. Bon… Allez, je vais en prendre un. Faites voir, votre truc. C’est quoi ?
– C’est un bonbon aromatisé au glutamate.
– Dans ce cas j’en prends deux, et hop !
– Hé doucement, quand même, et nous alors ?
– Quoi ? Vous avez quelque chose à dire ? Vous voulez que j’appelle les gardes ?
– Non, non, ça va… Alors, ils sont comment ?
– Mouais, pas terrible, mais ça nourrit quand même… En tout cas je me sens mieux, moi, beaucoup mieux, même… Merzi les gars, c’est chouette de vot’ part d’avoir partagé…
– Vas-y Estèphe, on dirait que ça marche !
– Dites, monsieur le contrôleur…
– Allez, vous pouvez m’appeler Zteven, les gars…
– Ok, Zteven… Tu as déjà eu la chance de te rendre au centre de commandement royal, toi ?
– Pourquoi, z’avez rendez-vous avec le roi ou quoi ? Ah ah ah.
– Ah ah, non, évidemment ! C’est juste qu’on m’a dit que c’était très compliqué d’y aller, qu’il y avait beaucoup de contrôles et comme ma prochaine mission risque d’être là-bas…
– Z’est vrai que z’était très… compliqué avant : y fallait contourner toute la zone pour y arriver… Mais maintenant, avec toutes les zecouzzes et les tremblements du royaume, y’a un pazzage direct par le faizeau arqué… Z’est par-là que pazzent les gardes du cardinal…
– Il doit y en avoir beaucoup, des gardes à l’entrée du faisceau, alors.
– Oh, pas tant que za y paraît, parze qu’ils zont déployés à tous les zétages maintenant. Et puis il zuffit d’avoir le mot de pazze royal… Hé les gars, vous zeriés pas en train d’ezzayer d’me faire parler, parce qu’avec moi, za marchera pas, z’est compris ? Zinon j’appelle les gardes !
– Estèphe, peut-être qu’on pourrait donner un autre « bonbon » à Zteven, qu’est-ce que tu en penses ? Il est sympa avec nous, non ?
– Oh oui, une autre paztille, les gars !
– Ok, tiens, Zteven… Mais c’est bien parce que c’est toi, hein ?
– Z’êtes cooooool, les mecs.
– Étienne, t’imagines comment il doit être compliqué, le mot de passe royal, pour emprunter le faisceau arqué ?
– Oh oui… Et c’est sûrement pas à mon âge que j’arriverais à le retenir dans ma tête, pas vrai Zteven ?
– Ah ah ah… Zi vous zaviez, les gars. En fait, il est zuper zimple le mot de pazze !
– Non, c’est vrai ? Allez, tu nous fais marcher Zteven. Je suis certain que même si tu nous le disais on s’en souviendrait pas. N'est-ce pas, Estèphe.
– C’est sûr !
– Alors vous zêtes encore plus bêtes que je penzais, parce que le mot de pazze, il est trop zimple, c’est « 1-2-3-Z-o-l-e-i-l » !
– Ouh là, mais c’est très compliqué pour nous, tu sais, Zteven. Nos mots de passe à nous, c’est toujours avec 4 lettres : A, T, C et G. Alors là…
– Ouaip, z’est pour za que vous zêtes de zimples mezzagers et que moi je zuis contrôleur !... Tiens, v’là vot’ gamin qui revient ! Alors petit, t’as trouvé le nom de ta mamouche ?
– Oui, monsieur, ça y est !...
– Z’est bien Ztéphane, z’est bien.
– Monsieur Étienne, pourquoi il est tout bizarre le contrôleur ?
– Comment za je zuis tout bizarre ?
– Mais non, Stéphane, il n’est pas tout bizarre ! On a discuté avec lui et il nous a montré comment il était beaucoup plus intelligent que nous, pas vrai Estèphe ?
– Ça oui, alors !
– Bon, z’est pas tout za, les gars, mais maintenant que vous zavez vot’ mot, je dois appeler la perzonne zuivante…
– Oui, bien sûr, on s’en va Zteven… Et le chemin le plus court pour rejoindre le faisceau arqué, c’est bien en sortant à gauche par la grande porte, non ?
– Pas du tout ! Le plus court chemin pour le faizeau, z’est en pazzant par la petite porte là-bas… Aczès direct !
– Super, merci beaucoup, Zteven !
– Oui, merci, monsieur ! Vous êtes le meilleur contrôleur du royaume !
– Za je le zais bien ! Allez, perzonne zuivante !
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