Souvenirs du roi
Expiration
– Stéphane, regarde ! Au fond, c’est le roi, assis sur son trône ! Cours vite le rejoindre !
– Et vous, monsieur Étienne ? Qu’est-ce que vous allez faire ?
– Nous ? Je crois qu’on va rester ici, avec Estèphe…
– Mais…
– Oui, maintenant c’est à toi de jouer, petit.
– …Merci, beaucoup… Vous êtes vraiment super ! J’y serai jamais arrivé sans vous…
– Au fait, petit ! Tu nous as pas dit comment s’appelait ta maman.
– Ah, ça, il n’y a que le roi qui doit l’entendre !
– Hé bien allez, Stéphane ! Qu’est-ce que tu attends ? Va vite le retrouver, alors !
– Décidément, il restera plein de mystère jusqu’au bout, ce petit…
– …
– …
– Regardez le roi, Estèphe… Ça fait quand même quelque chose de le voir en vrai, non ?… Il a l’air si vieux…
– Oui, et même bien plus vieux que vous, Étienne.
– Vous croyez qu’il contrôle encore quelque chose ici ?
– Plus pour très longtemps, probablement.
– ...Je ne sais pas ce qui va nous arriver, mais je voudrais vous remercier, Estèphe. Je suis heureux d’avoir fait ce voyage avec vous.
– Moi aussi, Étienne, moi aussi je vous remercie… À cette heure, si ça se trouve, je serais encore dans ma file d’attente… Vous croyez que le petit va réussir à retrouver sa maman ?
– Je l’espère, Estèphe. Mais je ne sais pas si nous le saurons un jour.
– Dans une autre vie peut-être…
***
– Ah, te voilà, mon petit Stéphane ! Tu es venu, j’avais peur que tu n’arrives pas jusqu’ici… Approche donc !
– Bonjour, monsieur le roi.
– J’étais un garçon comme toi quand j’étais petit, tu sais. Quel âge as-tu déjà ?
– J’ai six ans.
– Six ans… J’avais presque oublié comment on était à cet âge… Tiens, je vais te présenter au cardinal Zheimer…
– Au cardinal Zheimer ?
– Oui, tu vas voir, il est gentil… Où est-ce qu’il est passé, ce sac à puces ? Cardinal ? Cardinal ? Ah, le voilà… Viens me voir cardinal. Là, sur mes genoux.
– Mais c’est un chat, le cardinal !
– Hé bah oui, c’est mon chat… Cardinal Zheimer, dis bonjour à Stéphane. C’est un gentil petit garçon, tu sais… Tu peux le caresser si tu veux, Stéphane.
– Donc il n’y a pas de méchant conseiller avec vous ?
– De méchant conseiller ? Qu’est-ce que tu racontes mon garçon ? Il n’y a que moi et le cardinal Zheimer, ici. Ça fait longtemps qu’il traîne dans les parages, mais j’ai finalement réussi à l’apprivoiser, tu vois. Et aujourd’hui, je l’aime tellement, ce chat, que je ne peux plus m’en passer. Je lui demande même de m’aider avec les affaires du royaume. Hihihi… Pas vrai cardinal ? Allez, tu peux aller jouer, maintenant.
– Moi, j’préfère les chiens, monsieur le roi.
– Ah, moi aussi je préférais les chiens quand j’étais petit, tout comme toi… J’en avais un, c’était un setter irlandais qui s’appelait…
– Taylor.
– Oui, c’est ça. J’allais souvent le promener… Le mercredi, j’allais au grand parc, avant ma série télé favorite…
– Star Trek.
– Oui, c’est ça… Je me souviens… Il y avait un grand labyrinthe de buissons…
– Et un jour, je me suis perdu dedans…
– Et tu n’arrivais plus à trouver la sortie…
– Il faut prévenir maman, alors. Sinon elle va s’inquiéter.
– Et tu te sais comment elle s’appelle ma maman ?
– Oui, je m’en souviens, maintenant. Elle s’appelle…
– Non, viens là, viens me le dire à l’oreille… Merci, Stéphane…
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