Un sac sur la tête, son appareil photo tombe à terre, on le jette dans la voiture

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Août 2012 : Rapport de mission 2057 ;


Objectif : Éclaircir l'histoire étrange de Ranalf, habitant de Nystad.

En aide, passages du journal du chanteur, compositeur, musicien Matios : histoire de son inspiration, de son imagination, de sa réussite, de sa folie :


[Ajouts et commentaires de l'inspecteur Jocan]



Extraits du journal personnel de Matthias Orlafson :


[2012] Mardi 19 juin

Quelle étonnante journée que celle-là... C'est en attendant que ces étranges photos sèchent dans ma salle de bain que j'écris ces quelques lignes...

Pendant ce temps donc, je vais te raconter ma journée, quoique non, pas toute ma journée, seulement le moment où je vis un homme avec un sac sur la tête, on l’a jeté dans une voiture en même temps un appareil photo est tombé de ses mains. Sur le moment mon regard se portait plus sur les trois hommes en noirs et cagoulés qui serraient de près le photographe que la petite boite à image qui chutait à terre sans faire un bruit. Du moins un bruit plus grand que le frottement violent des habits et le son strident de la portière de la voiture qui s'est ouverte dans un grincement...étrange... ne pouvant pas provenir d'un pincement métallique... magique ? C'est le meilleur mot qui me vient en repensant à ce gémissement...

Sur le coup, je me suis d'abord demandé si ce genre de scène était une chose commune dans cette grande ville dans laquelle je suis encore tout nouveau, moi. Ou alors c'était un espion que des bienfaiteurs venaient d’arrêter. Et ceux-là emmenaient leur prise dans une salle d'interrogatoire, digne des plus grands films avec Brad Pitt ou Tom Cruise ça ! [Jamais entendu parler de cette mission de traque et de l'arrestation d'un photographe, espion ou non]

Ce qui voudrait dire que dans son appareil photo pourrait traîner des images dangereuses à la sécurité de ce pays…

Mouai... Tant pis, ou plutôt tant mieux pour nous ! Et je reprenais mon chemin me disant que ces affaires-là ne me regardaient pas, et que j'étais déjà en retard à la maison de disque ! Tiens d'ailleurs mon premier album va être fait et sera vendu dès le début du mois prochain !

Je serais d'autant plus content si je ne m’étais pas arrêté au niveau de l'appareil photo... Que je n'aurais pas regardé dans la rue si quelqu'un pouvait me voir, j'ai aussi vérifié les toits des maisons pour m'assurer que des tireurs d'élites ne me pointaient pas, que les dieux bénissent mon imagination ! elle m'aide dans mes chansons, mais dans la vie normale elle ne sert à rien du tout...

Il n'y avait pas de snipers au-dessus de moi et aucuns passants dans la rue, alors je pris et je mis dans ma poche ce magnifique appareil, plutôt ancien, dommage, et je me promettais de le regarder de plus près une fois chez moi, après cette longue journée... Quoique longue, c'est vite dit... Elle était plutôt courte mais mon imagination m’a travaillé tout le reste du jour me faisant croire que je tenais en mon sein, une fois les codes secrets des armes nucléaires, une autre fois un personnage important dans une soirée... réservée... et le meilleur aura été que je détenais des images de dieux maudits revenant enfin sur terre pour la ravager, par pure vengeance...

Je n’en étais pas si loin en fait... J'ai vu des choses étranges en regardant sur l'appareil les photos enregistrées... Mon bon esprit m’a dit de développer ces photos pour être sûr de moi, quelque fois que la mauvaise résolution de l'image change la réalité ! J'ai bien peur que non....


Mercredi 20 juin

9h ; Je tiens l'affaire du siècle ! Je vais devenir célèbre !

Je ne saurai sans doute jamais quel est l'auteur de ces magnifiques clichés, mais ce que je suis sûr c'est que je détiens maintenant quelque chose d'exceptionnelle ! De révolutionnaire !

Ces photographies représentent une forêt vierge, de grands arbres, des buissons luxuriants et une belle couche de verdure partout au-dessus du sol. Ce sont des signes que l'homme n'a jamais mis les pieds ici, pas avant notre explorateur en tout cas. Mais ce qui choque le plus dans ces clichés se sont les Alfes... Si j'en crois les vieilles légendes scandinaves et la mythologie viking... Comment ne pas y croire vu que ces légendes ont bercées mon enfance de norvégien ?

Mais... je connais cette forêt !

19h ; Je ne suis pas sûr que cela ait été une bonne idée de développer ces images ni de récupérer l'appareil, j'aurai dû rester au lit à feindre une migraine tenace au lieu de me lever hier !

Quoiqu'il en soit j'ai l'impression d'être suivi et observé... par qui ? je ne sais pas. Mais des ombres se défilent dans les ruelles lorsque je me retourne brusquement, des formes sautent de toit en toit disparaissant à ma vue... J'ai peur que l'on me suive à la trace avec ce machin maintenant, des hommes en noirs m'épient dans la rue, je les sens, je les vois... J'ai éteint mon portable et l'ai jeté dans les égouts lorsque ce dernier avait sonné et avait affiché un numéro masqué... D’ailleurs Grey, notre agent, et oui, Hilmir [le nom du groupe, se traduisant par Prince dans une langue ancienne d'Islande] a un agent depuis pas longtemps je ne te l'ai peut-être pas dit encore. Un type bien qui travaille comme un chef et nous organise en ce moment notre tournée dans tout le pays ! Grey, notre agent, disais-je, était furieux que je ne réponde pas à ses appels, il devait nous dire un truc important ! Je lui ai répondu que j'étais là et qu'il pouvait me dire tout ce qu'il voulait... Je veux ne raconter à personne ce qui m'arrive et où se trouve mon portable. [C'est raté]

Mon groupe va faire son premier vrai concert, et débuter sa vraie première tournée au Last Train à Oslo ! C'est super cool ! Et ensuite on va aller dans presque tous les Fylker [comtés] du sud !

Et bien sûr, nous iront à Nystad, notre ville de naissance.

[Donc, voici le dernier suspect détenteur de l'appareil photo. Et je ne parle pas de l'homme capturé à Oslo, c'est un inconnu total, comme les hommes en noir...]


Samedi 23 juin

8h ; C'est en me levant ce matin que j'ai repensé à toute mon histoire de mardi et je me redis en revoyant les photos que c'est vraiment un truc de fou !

Ces derniers jours n'ont été que boulot, boulot et boulot et tout m'est sorti de la tête et c'est que maintenant alors que mes affaires sont emballées et prêtes à partir avec moi chez mes parents que je repense à tout ça... Dommage que j'y aille seul ce coup-ci, Alwin est chez sa copine, Rolf chez son père et Ivar reste à Oslo et se lance déjà dans la recherche de nouvelle mélodie, à ce qu'il dit. Bon faut que je me dépêche sinon je vais rater le train...

14h ; Quelle étrangeté... Les secousses du train m'ont bercé une petite heure et puis après je me suis assoupi, hum... une heure et demi tout de même ! Et mon rêve est bien étrange alors que je ne les retiens jamais. Il faut croire que tout mon inconscient est dérangé par les Alfes de la forêt de Nystad car c'est d'eux que j'ai rêvé, quasiment cauchemardé en fait...

C'était vers le crépuscule de la journée, je me suis retrouvé à l'orée de la forêt en tenue de randonneur, je me suis retourné et j'ai vu en bas de la colline mes parents et ma petite sœur, oui j'ai une petite sœur dans mes rêves, me saluant de la main... Je leur fis signe et je me suis enfoncé dans la pénombre des grands arbres... Ce moment-là de mon rêve me reste assez flou, je me souviens que j'avançais dans les ténèbres d'un pas décidé mais vers ou, vers quoi ? Enfin bref, des jets d'ombres et de lumières défilaient tout autour de moi mais mes pieds m'emmenaient toujours dans une même direction, celle du cœur de la forêt, me semble-t-il, et cela n'était pas pour me rassurer. Je connais des contes de mauvais esprits qui errent dans le coin, et... quitte à croire à des Alfes, alors pourquoi pas eux aussi ? Bref ! L'étrangeté de mon rêve réside surtout dans ce que je vais te décrire maintenant : Je quittais l'ombre des grands arbres pour arriver dans une forêt totalement différente, les arbres sombres laissaient la place à leurs compères encore plus massifs mais lumineux, la lumière du Soleil transperçait le feuillage de ces arbres et tout cela pourquoi ? Pour que je m'aperçoive qu'entre les buissons une allée de roses m'indiquait le chemin à suivre... Un « mur » de roses traçait une ligne infranchissable quelques mètres devant moi, et seulement une petite avenue traversait les fleurs, fleurs qui s'ouvraient, comme pour saluer le Soleil, au rythme de mes pas... Une fois passé ce drôle de phénomène la Chose incroyable m'arriva... Un Alfe, non deux... trois ? je ne sais plus, m’accueillaient alors que je redressais la tête après l'avoir baissé pour passer sous une arche de... feuilles.

Ils étaient beaux ! Et lumineux ! Peu de mots pourraient décrire ces êtres de lumière, mais leurs pâles blancheurs me mis mal à l’aise. Leurs habits, un pantalon d'une couleur unie, verte, marron, jaune, et peut-être d'autres encore, leurs torses musclés et pourtant... bizarre, un peu comme si on l'avait enduit d'une huile pour le rendre lisse et brillant, mais d'une façon plus que naturelle... Et ils lévitent ! Ils ne touchent pas le sol de leurs pieds comme nous mais ils planent à 3-4 centimètres du sol, frôlant l'herbe et les plantes de leurs pieds nus, et ce communément !

Argh, c'est dommage, faut que je fasse court je suis bientôt arrivé ! Et tu sais que je déteste laisser comme ça une page non finie...

Aucune parole ne s'échangea dans notre entrevue, juste des fleurs... Des fleurs... Je crois qu'il y a quelque chose derrière tout ça mais je n'arrive pas à m'en souvenir... Enfin bref, un alfe se pencha prit une rose, une rose est rouge normalement, et elle était rouge lorsqu'elle était par terre, mais elle changea de couleur, non pas de nature la rose ne se transforma pas en Hellébore ! mais juste de couleur, elle devînt verte et il me la tendit... Faut aussi que je décrive comment les alfes sont : ils ont tous une posture non pas fière mais majestueuse, les deux peuvent se confondre facilement, et l'expression de leurs visages est toujours heureuse, à la limite du bienfaiteur... Il me tendit la fleur verte, pâle, avec un sourire des plus magnifiques, et je pus voir leurs dents indescriptibles, je suis si risible à côté d'eux ! Par contre j’ai eu ce réflexe de me pencher moi aussi et de cueillir à mon tour une rose, rouge, et je tendis une fleur jaune, pâle...Et ceci je n'arrive pas à me l'expliquer...

Il me semble que mes parents ont un traité de fleurs à travers les époques, je trouverai peut-être un petit éclaircissement... sur ce « message » ...


Lundi 25 juin

7h ; « Lundi je pars dans la forêt pour quelques jours », que j'ai dit à mes parents (et quasiment à ma petite sœur...), vu les visages perplexes en face de moi j'ai rajouté : « Je vais chercher l'inspiration au plus profond de la nature, rêver aux creux des arbres, écouter les paroles du vent, m'ouvrir l'esprit aux chants des oiseaux » ... etc, etc... ça leur à suffit...

Le temps est à la chaleur et au Soleil pour quelques jours, d'après la météo, donc j'en profite et je pari avec les météorologistes que je passerai ces journées sans trop de problèmes venant du ciel !


Mardi 26 juin

19h ; Le jour de Týr [Un ancien dieu païen ; sont encore une belle tripotée à idolâtrer ou adorer les anciens panthéons dans le monde de la musique] m'aura apporté du malheur...

Cela fait deux jours que ça pleut et que ça tonne au-dessus de moi. Et c'est sous un abri de fortune fait de feuilles de fougère et de terre soutenue par de solide morceau de bois que j'essaye de me reposer de cette journée d'enfer...

Après être parti de chez moi le Soleil était rayonnant jusqu'au zénith, mais passé là, de sombres nuages le grisèrent et il disparut derrière un lourd manteau noir...Et le ciel déversa tout ce qu'il avait en réserve depuis... depuis... Je ne sais pas quand mais il en a en réserve ! Et ça dure, dure... et ça ne s’arrêtera pas de sitôt je le crains...

Malgré ça, je cherche je ne sais trop quoi, des Alfes ? Des Fées des bois ? Des Trolls ? Des fleurs ? Que sais-je encore ? Et je ne trouve rien...

Et pourtant, mouillé comme je le suis, frigorifié, meurtrie par des ronces de partout, roulé en boule sous une trop fine couverture, je sens l'inspiration venir...


Voici qu'un désir me saisit,

L'idée m'est venue à l'esprit,

De commencer à réciter,

De moduler des chants sacrés.

Les mots se fondent dans ma bouche,

Les paroles lentement tombent,

Elles s'envolent de ma langue,

Se dissipent entre mes dents...


Noire est la nuit qui m'entoure,

Des esprits hurlant sur les rochers,

Ils ne sauront jamais me briser,

Ne jamais corrompre mon esprit !

Je ne m'agenouillerai jamais !

Jamais ne leurs montrer mon impuissance!

Jamais ils ne me prendront,

Jamais dans ma forteresse...


Alors que je languis une chimère,

Pendant que j'aspire à un rêve,

Me voici dans la boue,

Mouillé, crevé, éreinté...

A bout de souffle,

C'est ainsi que je suis...

Alors qu'ils arrivent,

Des ombres dans la nuit...


Loin derrière les montagnes,

Les forêts sans fin,

Le bois sacré !

Là où je vais,

Sont les Gardiens de la forêt.

Loin derrière les montagnes...

Loin au Nord,

Loin au-delà des mers...



Je ...



[Ainsi ce finit le journal de Matios... Aussi bizarre que ça puisse paraître, le garçon est de retour chez lui le lendemain vers 13h, il ne parle qu'en bien de son périple et retourne chez lui (à Oslo) et continu (recommence) une vie normale. Et l'appareil photo serait retrouvé et ramassé par un paysan du coin de Nystad, quasiment à l'orée de la forêt, le 15 juillet.

Une dizaine de clichés sont enregistrées dans l'appareil, mais il n'est plus possible de les développer. Je ne pourrai expliquer pourquoi, cela ne rentre pas dans ma spécialité.

Une question me reste toujours à l'esprit  : Y aurait-il autant de clichés dans l'appareil photo maintenant que lorsque Matios l'aurait récupéré à Oslo, ou plus qu'avant ? Ou moins ?

Et j'ai en ma connaissance quelque chose qui pourrait éclairer un peu cette histoire d’« Alfes », la symbolique de l'échange des fleurs entre Matios et l'alfe pourrait s'expliquer avec les anciens styles poétiques de l'Antiquité et du Moyen-Age. Les poètes étant friands de symboles cachés ; les roses en train d'éclore annonce quelque chose de magnifique... Les fleurs vert pâle symbolisant un espoir naissant, les fleurs jaune pâle un bonheur croissant...

Mon avis, les Alfes espèrent le silence de Matios, Matios est heureux, honoré de les servir... Ou quelque chose comme ça... Les rêves et l'inconscient sont des choses étranges...

Il reste plus qu'à poser quelques questions à Matios...]

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