Chapitre 7 :

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Iris aimait bien lire sans être une grande fan de littérature. Il était vrai qu’elle préférait la science et tout ce qui se rattachait aux vivants, à l’espace, à la Terre. Pour résumer, la science et tout ce qui s'y rattachait l'intéressait. Elle n’était pas aussi joyeuse que les littéraires quand ils entrent dans un endroit entouré de livres. Elle n’était pas aussi émerveillée de voir autant de livres de toutes tailles avec des sujets vastes et différents. Pourtant, elle adorait les livres et lire. Si pour certains, lire était un moyen de s’évader de la vie, pour elle, lire était un fabuleux moyen de se cultiver et d’en apprendre plus. La jeune fille espérait trouver des pistes pour répondre à ses questions. À son avis, c’était le meilleur endroit pour en trouver. Iris sortit son fidèle bloc-notes.


1) Pourquoi sommes-nous ici ? Pourquoi nous fait-on passer des tests ? En quoi nos résultats les intéressent ? Que nous veulent-ils?

2) Pourquoi la guerre ? D’où vient cette guerre ?

3) Pourquoi avons-nous été placés par rapport à notre intelligence et non notre âge comme les autres ?

4) Pourquoi étudions-nous particulièrement les autres clans ? Et sans se soucier de la guerre. Pourquoi ne pas avoir investi dans de meilleurs cours pour vraiment s’assurer de l’avenir de la génération future ?


Bien, par quoi commençons-nous ? Je ne pense pas que l’on ait une chance de répondre à toutes tes questions, Miss je-suis-la-plus-intelligente-de-tous-les-surdoués, mais essayons tout de même. De toute façon, je ne pense pas que tu nous lâcheras tant qu’on ne les aura pas résolues, répliqua Samuel en esquissant un sourire.

Je ne sais pas. Mais certaines questions sont liées. Le fait que l’on nous fasse passer des tests et des examens prouve bien qu’il y ait une raison pour que l’on soit séparé selon notre intelligence par rapport aux autres. Et je pense, que l’on ne nous fait pas étudier les autres clans pour rien, ils ne veulent sûrement pas l’avouer, mais c’est probablement lié à la guerre… J’ai l’horrible impression qu’ils veulent faire de nous des pions pour nous manipuler comme bon leur semble, révéla Iris.

Ta réflexion va loin. Très loin… Mais je dois bien avouer que ce que tu dis est d’une intelligence digne d’une surdouée comme toi. Tu fais honneur à ton statut ! Enfin, notre statut. On dirait que tu as fait inspecteur toute ta vie. Malheureusement, on ne peut pas vérifier si ce que tu dis peut être une vraie piste, analysa Samuel.

Vous pensez vraiment que ces deux choses sont liées ? Pourquoi ne serait-on pas ici juste pour échapper aux bombes et à la terreur de la guerre ? Et quel est le problème de la guerre ? Pourquoi devrait-on en savoir la raison ? questionna Maryline.

J’avoue que moi, je n’en ai un peu rien à faire, mais cela reste tout de même intrigant, affirma Samuel.

Peut-être, mais tout cela me rend curieuse. Peut-être que si on trouve la raison de la guerre, on pourra l’arrêter. Puis, je ne pense pas qu’on ne soit ici que pour la guerre. C’est bien trop spécial. On nous fait passer des tests et on nous sépare intentionnellement de nos amis pour nous rassembler entre surdoués. S’ils voulaient vérifier notre état de santé, il aurait suffi de rassembler nos carnets de santé. En plus, on nous fait étudier les autres clans comme s’ils attendaient quelque chose de nous. Je n’aime pas cela. Ils cachent quelque chose.

Je ne suis pas vraiment d'accord avec tous ce que tu as dit. Ce n'est pas notre rôle d'arrêter la guerre. Mais c’est vrai que c’est un peu bizarre, concéda Maryline.

Les deux autres la prenaient un peu pour une parano. Mais les doutes de la jeune fille étaient fondés, ce n’était pas parce que sa réflexion poussait à l’absurde que c’était forcément faux. Mais quelques choses tournaient autour de la guerre et de leur venue ici, c’était une certitude renforcée. Iris se dirigea vers les ordinateurs, elle s’assit en face d’un et le fixa un moment alors que Samuel et Maryline la regardaient.

Pensez-vous que l’on pourrait réussir à récolter des informations sur l’extérieur ? voulut savoir Iris.

Cela ne faisait que deux jours qu’elle était ici, séparée du monde extérieur et des horreurs de la guerre, mais elle voulait savoir ce qui se passait à l’extérieur. Elle voulait voir si le carnage avait commencé, s’assurer que ses parents, Mme. Keys et Marin allaient bien, qu’ils n’étaient pas morts, que son immeuble était toujours intact. Que l’Opartisk n’avait pas été durement touché dès le début de cette guerre qui semblait interminable depuis déjà des siècles. Il était vraiment temps qu’elle se finisse.

Tu peux toujours essayer si cela te chante. Mais je ne pense pas que tu vas trouver. Ils ne veulent pas que l’on ait de contact avec l’extérieur jusqu’à temps que l’on soit sorti, riposta Samuel.

Samuel avait raison. Il y avait très peu de chances qu’elle arrive à trouver des informations. Il avait dû couper les liens internet parlant de tout cela. Malgré tout, Iris essaya. Mais rien. Aucune nouvelle de leur peuple n’était accessible, pas une seule. Pendant toute l’après-midi, ils cherchèrent dans les livres d’histoire, comme si ce n’était pas suffisant, aucun d’entre eux ne ressassait la guerre. Aucun. Comme si la guerre n’avait rien d’important, qu’elle ne marquait rien du tout, que c’était… Normal. Iris le savait, ce n’était pas normal, plein de personnes mourait à cause de cela, et pourtant, ils continuaient. Elle n’était pas près de s’arrêter car les différents dirigeants ne s’en rendaient pas compte. Les chefs étaient tous aveugles. Ils devaient absolument trouver l’origine de cette guerre, mais apparemment, c’était un grand secret que personne ne connaissait et que les seuls mis au courant reposaient sûrement dans des tombes. Cela commençait à exaspérer la jeune surdouée. Pendant que les deux jeunes filles cherchèrent une information leur permettant d’avancer dans leur quête de réponse, Samuel élaborait un texte pour se préparer à tout annoncer aux plus jeunes. Les surdoués ne chômaient pas. En plein milieu de leur activité, leur surveillant en chef, Nicolas, débarqua dans la bibliothèque. Dès qu’il rentra dans la pièce, les trois jeunes arrêtèrent leur activité et s’immobilisèrent à en devenir presque comme des statues. Samuel rangea précipitamment la feuille de papier où le début de son discours était inscrit dans la poche de son sweat-shirt avant que l’adulte remarque quelque chose et qu’il décide de la prendre.

Vous voilà ! Je vous cherchais… Enfin, je cherchais une personne en particulier pour aujourd’hui, annonça M. Past en s’avança. Que faites-vous ? Vous travaillez… L’histoire d’Opartisk. Les cinq clans. Vous avez raison. Cultivez-vous. Cela se perd de nos jours et c’est bien dommage.

Son ton sympathique surprenait les trois adolescents. Iris restait méfiante. Ne pas faire confiance aux adultes, deuxièmes règles d’or. La jeune fille n’avait toujours pas ouvert la bouche depuis l’arrivée du supérieur, respectant sa première règle d’or. Nicolas regarda étrangement Samuel, n’ayant pas de livre, le fait qu’il soit à la bibliothèque avec les filles était étrange. L’adulte ne fit aucune remarque et c’était mieux comme cela. Aucun des trois amis ne répondit à sa parole. Que répondre ? On est des surdoués, donc, on se doit de se cultiver ? Oui, on aime bien savoir le maximum de choses sur les bases de notre monde ? Mais certainement pas : pour connaître la raison de cette fichue guerre débile qui dure depuis des siècles et qui pourrit la vie de toutes les populations sans exception. Ils restèrent muets, ce qui étonnait beaucoup l’adulte, mais il en fut ravi. Il n’était pas très patient. M. Past inspecta les alentours, ne leur faisant pas confiance et comme s’il était en quête d’une quelconque raison de les faire devenir ses tout premiers punis. Il fit quelques petits allers-retour devant eux, les fixant. C’était pour les trois ados… Une situation qui les rendait mal à l’aise.

Bon, comme je vous l’ai dit. Je cherchais l’un d’entre vous (il s’éloigna un peu vers la sortie). Mlle. Smarta, suivez-moi immédiatement, ordonna-t-il.

C’était reparti pour un tour pour Iris. Qu’allait-il se passer cette fois ? Pas de machine bizarre espérait-elle. Mais rien n’était sûr. Elle s’éloigna regardant Samuel et Maryline se replonger dans leur activité pendant qu’elle suivait Nicolas encore une fois. Il l’entraîna une nouvelle fois dans une salle du rez-de-chaussée. S’il l’amenait là tous les jours… Elle allait finir par connaître ses salles dont il ne voulait pas en parler au début. Ce fut dans une autre salle qu’elle pénétra cette fois-ci. Mais celle-ci avait toujours la même particularité que des autres pièces sauf des chambres : il faisait froid. Encore plus froid que le reste du bâtiment.

Cette salle-là était plus grande, et il y avait encore plus d’objets dedans. Des objets scientifiques et médicaux, une sorte de lit, et d’autres gadgets tout farfelus les uns que les autres et qui semblaient venir du futur. La jeune fille n’avait pas remarqué la jeune femme âgée d’une vingtaine d’années. Elle devait être vers la fin de la vingtaine, mais son visage paraissait jeune et apaisant. Son visage était lisse sans aucune imperfection, son teint très pâle laissait deviner qu’elle ne prenait jamais le soleil, cela changeait de la peau presque mâte d’Iris. Ses cheveux bruns étaient redressés en un chignon où aucun cheveux ne dépassaient. Tout en elle laissait penser à la gentillesse et la bienveillance comme si on pouvait lui faire confiance. Iris le savait, elle devait se méfier. Les adultes étaient dangereux, indignes de confiance, manipulateurs et beaucoup trop mystérieux. Se laisser amadouer par l’un d’eux pouvaient très bien causer leur perte dans leur recherche. La jeune surdouée stoppa ses lèvres de former la question qu’elle voulait poser. Qu’allez-vous me faire ?

Tu es Iris, n’est-ce pas ? demanda la femme. Je suis le docteur Amanda Chasme.

Iris hocha simplement la tête. La jeune femme lui fit un sourire qu’elle ne lui rendit pas et qu’elle ne regarda à peine. Iris était plus occupée à regarder les instruments médicaux derrière la femme. Avait-elle le droit de les rebaptiser : instruments de torture ? De toute façon, elle le fit sans accord. La doctoresse lui tendit une main, Iris la contempla longuement, restant toujours muette. Mais elle ne la serra pas. Hors de question. Dr. Chasme ne sembla pas s’en indigner, ni s’en vexer. Elle fit comme si de rien n’était, remettant sa main dans la poche de sa blouse blanche. Le médecin regarda furtivement un papier posé sur une table puis elle se tourna vers Nicolas qui restait toujours là. Apparemment, il allait assister à tout… Mais assister à quoi ? Iris se demandait ce qui allait se passer, ce qu’elle allait faire.

Ce n’est pas inscrit dans son dossier qu’elle est muette, fit-elle remarquer à Nicolas.

Iris avait un dossier. La jeune fille fronça les sourcils. C’était de plus en plus étrange, et elle devrait s’assurer ce que disait ce fameux dossier. Le fait que la doctoresse la croie muette la fit sourire. Bien sûr, elle ne l’était pas, mais cela voulait dire qu’elle respectait très bien sa règle. Nicolas lança un regard haineux à la jeune fille.

Elle ne l’est pas. Cette jeune fille certes, brillante m’a bien énervée le premier jour, et elle continue toujours d’ailleurs, mais on dirait bien qu’elle a décidé de ne plus parler pour le moment, répondit-il.

Que c’est bien dommage, elle doit sûrement avoir une très belle voix.

La jeune fille réprima un grognement. Iris détestait que l’on parle d’elle comme si elle n’était pas là ou alors qu’elle était juste devant elle. Mais elle devait respecter son rôle de muette, elle ne pouvait pas casser son image auprès de la doctoresse comme cela. Pour cette femme, elle devait rester la plus intelligente de tous les surdoués, mais qui ne parlait pas aux adultes.

Bien… De toute façon ce n’est pas trop grave pour ce que j’ai à lui faire. Elle n’a pas besoin d’émettre une quelconque parole pour l’instant. Assis toi sur ce lit, jeune fille.

Iris obéit en deux temps trois mouvements. La jeune fille dut lever sa manche pour que la femme puisse faire une prise de sang. À quoi cela leur servaient-ils de faire une prise de sang ? Puis, elle lui demanda de fermer les yeux pendant qu’elle lui mit un casque étrange. À chaque fois, elle inscrivait des résultats sur les papiers, Iris essayait de les lire, mais la femme les cachait bien. Puis, elle lui fit passer d’autres tests, elle lui mit des lunettes bizarres, prit une machine faisant de la lumière sur son visage, du haut vers le bas, deux fois en faisant pareille mais avec le crâne. Plus le test passait, plus Iris restait sceptique. Pourtant, cela ne l’empêchait pas de penser toujours aux mêmes choses ou personne : ses questions et ses meilleurs amis. Quand tous ses tests bizarres furent passés. La jeune fille fut enfin en paix. Cette fois-ci, elle fut obligée de rester jusqu’à ce que la doctoresse finisse de marquer les résultats. Elle les rangea dans un porte-vu avec le prénom et le nom d’Iris inscrit dessus. La jeune fille ne le quitta pas des yeux. Dr. Chasme s’approcha et lui tendit la main. Iris ne lui serra toujours pas. Pas question de toucher les adultes hormis par accident, et lui serrer la main n’était pas un accident. La doctoresse laissa échapper un soupir en rangeant sa main. Iris n’en éprouva aucun remords, et pour cause, c’était une adulte, elle ne pouvait pas lui faire confiance.

Au revoir Iris, on se reverra la prochaine fois.

La prochaine fois… Elle allait la revoir ? Allait-elle encore passer tout un tas d’examens aussi tordus les uns que les autres ? Ou alors elle allait passer à autre chose ? Pour une fois, la jeune fille chassa ces questions-là de son esprit. Elle en avait déjà plein dans son esprit, et ses questions sur le prochain rendez-vous n’étaient pas très importantes aux yeux d’Iris. Pour elle en tout cas. M. Past la raccompagna à la bibliothèque, cette fois-ci, ce fut au tour de Samuel. Iris garda la feuille de discours du jeune homme, pendant qu’il passa les tests, Iris raconta ce qui allait sûrement arriver à Maryline.

Mais c’est dingue ! Pourquoi nous font-ils cela ? À quoi cela leur sert ?

Je ne sais pas… Mais ils ont des dossiers sur nous. Ils doivent sûrement rester dans la salle après la journée.

Une idée germa dans l’esprit d’Iris. Une idée risquée et qui pouvait même faire d’elle la première punie du bâtiment. Mais en fin de compte, elle s’en fichait, car en faisant cela, elle pouvait espérer trouver des réponses Elle n’avait pas peur des représailles.

J’ai eu une super idée ! Je vais m’introduire cette nuit dans cette salle, et récupérer les dossiers ! déclara la jeune surdouée en refermant brusquement le livre sur l’histoire des cinq clans.

Tu es folle ! Et si tu te fais prendre ? objecta la fille à la peau blanche.

Ce n’est pas grave, affirma Iris, je m’en fiche. Quelle que soit ma punition si je me fais chopper, je les aurais. Et je serai fière d’être la première punie du bâtiment.

Je ne pense pas qu’être la première punie soit une fierté.

Dès la fin de sa phrase, la porte de la bibliothèque s’ouvrit. Nicolas laissa rentrer Samuel et emmena avec lui Maryline.

Alors ses tests ? questionna Iris.

Sordide, bizarre, complètement barrer et louche, déclara Samuel en continuant d’énumérer avec tous les adjectifs qu’il trouvait.

Iris lui rapporta ce qu’elle savait sur les dossiers et lui exposa son plan pour les prendre. Samuel trouva son objectif totalement fou, mais ne la contredit pas. Si elle se faisait prendre, cela interviendrait pratiquement au bon moment pour informer les plus jeunes de leur découverte. Sandra et Lilian débarquèrent dans la bibliothèque pour faire leur devoir alors que Maryline n’avait même pas fini l’examen du Dr. Chasme. Iris laissa l’aîné des surdoués pour aller dans sa chambre s’isoler un peu. Il y avait beaucoup de choses qui s’était passée et qu’ils soupçonnaient. La jeune fille ressortit encore une fois l’enveloppe bleue pour y ressortir les deux lettres. Elle les relut encore et encore à en être lassé. Elle pouvait les réciter par cœur, elle les connaissait par cœur. Puis, la surdouée les remit dans l’enveloppe bleue qu’elle cacha dans son oreiller. On toqua à la porte, Kendra débarqua, comme à son habitude, son sourire était présent et ne quittait pas son visage.

Passer une bonne après-midi ? Le cours était intéressant aujourd’hui. Où est Maryline ?

Oui, on était à la bibliothèque cette après-midi, on essaye de s’informer un peu plus sur les clans et l’histoire de la guerre. M. Past a emmené Maryline après Samuel et moi, pour un examen de santé. Elle y est encore, mentit Iris.

Oh ! Je vois. Donc il compte nous faire pareil demain. Je me demande ce qu’ils attendent de nous et de nos résultats.

Iris se posait exactement la même question. Que leur apportait leur résultat ? Iris n’aimait pas beaucoup mentir à des gens qui ne le méritaient pas. En plus, Kendra était tellement mignonne et gentille, mais pour le moment il le fallait. Puis… Elle allait savoir, et ce n’était pas un mensonge, elle avait juste dissimulé des informations. La surdouée n’avait pas parlé de leur doute ni de lien de certaines informations. C’était juste cela.

Ils te manquent ? demanda Kendra en s’asseyant au côté d’Iris.

Qui ?

Ben… Ta famille, tes amis.

Mes parents oui, mais j’ai l’habitude. Habituellement, je ne les voyais pas souvent. J’ai peur pour eux, et pour Marin aussi. Je les imagine prisonniers, ou morts à cause des bombardements. Je pense aussi à Kilian et Cassandra. C’est assez dur. Avec Kilian, on n’a jamais vraiment été séparés. Pendant la journée, je ne le voyais pas parce que j’étais à la fac et lui dans une classe de son âge normal, mais j’arrivais toujours à passer du temps avec lui dans la journée. Il me manque beaucoup.

Il y a quelque chose de fort qui vous uni, affirma la petite fille.

Kendra n’avait pas tort. Leur amitié dépassait déjà ce qu’il y avait de plus normal. Elle était unique.

Mes parents et mes amis me manquent aussi, murmura Kendra. Mes parents sont plutôt du genre protecteur avec moi. Ils étaient toujours derrière moi, m’emmenaient à l’école et me ramenaient. Ils surveillaient mes devoirs. Ils ne me lâchaient pas. Et mes amis… C’est dur aussi. Ils sont peu, mais on était soudé aussi.

Des larmes s’immobilisèrent sur ses joues. Iris lui fit un sourire triste et la prit dans ses bras. Kendra ne méritait pas cela. Puis elle salua Kendra qui partit pour faire ses devoirs. C’était curieux… Pour le moment, les trois plus grands n’avaient eu aucun devoir alors que les plus jeunes si. Maryline lui raconta comme cela s’était passé. La jeune fille à la peau blanche n’en revenait pas. C’était un coup de massue. Puis, ce fut Samuel qui arriva.

Ce n’est pas possible ! Depuis quand ma chambre est devenue notre salle de ‘‘réunion’’ ! s’exclama Iris.

Maryline laissa échapper un rire alors que Samuel esquissa un sourire. Le garçon posa sur le bureau d’Iris les deux livres que les deux jeunes filles avaient laissé dans la bibliothèque.

On a le droit de les prendre ? demanda Iris.

Ouais, M. Past m’a dit qu’il n’y avait pas de problème.

Il est louche celui-là. À un moment, il est méchant et cruel et à d’autres, il est étrangement tolérant et paraît sympathique. Il doit être schizophrène.

Pas à ce point-là, je pense.

Bipolaire alors.

Les trois adolescents ne parlèrent pas plus des possibles troubles mentaux de Nicolas. Iris leur raconta son plan pour voler les dossiers que les adultes faisaient sur eux. Les deux autres n’étaient pas très convaincus par l’efficacité de son plan, ni par le taux de réussite. Mais il était impossible de faire changer l’avis d’Iris. À son avis, les adultes ne pouvaient pas faire des dossiers sans leur accord. En plus, ils ne pouvaient pas les lire. C’était honteux. Elle devait absolument récupérer le plus de dossier possible. Ils ne pouvaient pas se laisser faire comme cela sans rien faire. Ce n’était pas imaginable. Pendant le repas, rien d’exceptionnel ne se passa. Iris remarqua juste la doctoresse Chasme mangée avec Nicolas ainsi que leur professeur et un autre homme – sûrement le professeur des petits – qui était de dos. Pour une fois, tous les adultes étaient rassemblés dans la cafétéria. Iris n’avait qu’une envie : venir à leur table pour les gifler et leur crier dessus. Mais elle savait que cela s’était en trop, la sentence serait très grave, et elle courait déjà le risque d’être punie pour voler les dossiers. Pendant le repas, Samuel, Maryline et Iris ne parlèrent pas de leur projet mais il fallait prévenir les petits avants.

Le soir venu, Iris resta dans sa chambre pendant un moment. Relisant inlassablement les lettres. La jeune fille allait bientôt passer à l’action. Son objectif : récupérer les dossiers. Mais plus précisément trouver son dossier à elle. Quels résultats avait-elle et en quoi cela leur intéressaient-ils ? Un jour, elle le saurait. La jeune fille regarda une photo de ses amis. Puis, elle se leva, et sortit de sa chambre. Que sa mission soit un échec ou non, la jeune fille s’en fichait pas mal. Elle voulait des réponses, et elle allait les trouver d’elle-même. Cet endroit était toxique. Les adultes cachaient quelque chose. Elle en était certaine, et elle voulait découvrir quoi. Iris prit une veste avec des poches à l’intérieur pour mieux cacher les papiers.

La jeune surdouée sortit de sa chambre en essayant de faire le moins de bruit possible. Puis, elle descendit, s’assurant que plus personne ne surveillait les couloirs. Il était une heure du matin, Nicolas n’allait pas surveiller à cette heure-là. Il devait tout simplement dormir, comme la plupart des habitants de ce bâtiment. La jeune fille retrouva la salle sans problème. La porte était fermée mais Iris réussit à l’ouvrir avec une épingle à cheveux qu’elle avait empruntée à Maryline au cas où. La surdouée s’introduisit dans la salle et referma la porte derrière elle, pour ne pas faire trop de lumière, elle alluma une petite lampe qui se trouvait au dos d’un stylo. Elle tâta tout de même les alentours. Son pied cogna violemment contre le lit, elle fit une grimace à cause de la douleur. Puis, elle trouva le bureau. La jeune fille tira le tiroir vers elle : fermer. Après l’avoir crocheté, elle trouva plusieurs portes-vues. Elle mit dans ses poches toutes les feuilles qu’elle trouva dans les dossiers. La jeune fille regarda la première page du sien :


Nom : Smarta

Prénom : Iris

Sexe : Féminin

Âges : seize ans.

Talle : 1 mètre 65.

Poids : 52 kilogrammes.

Quotient intellectuel : 165. (le plus haut)


Il y avait plusieurs parties courtes avec très peu de phrases qui faisaient quand même deux pages. Cependant, avant qu’elle n’ait pu continuer sa lecture, elle entendit des pas s’approcher et la porte s’ouvrit. Elle cacha les papiers dans l’autre poche secrète, éteignit rapidement la lampe et referma le tiroir le moins brusquement que le lui donnait le temps. La jeune fille se cacha sous le bureau en faisant le moins de bruit possible. Elle ramena ses jambes contre son buste et les entoura de ses mains en accrochant ses mains ensemble pour ne pas dépasser du bureau. La surdouée diminua le son de sa respiration saccadée. L’interrupteur émit un bruit et la salle fut éclairée. Elle entendit des pas passer vers elle puis s’éloigner, mais ils revinrent. La respiration de la personne était normale, beaucoup plus normale que celle d’Iris. Un personnage s’agenouilla près du fauteuil du bureau. Iris ne ferma pas les yeux. Le visage de Nicolas prit une teinte rouge de rage, et ses yeux se remplirent de fureur. Le surveillant ouvrit la bouche, sûrement pour crier et lui faire une réflexion. Mais aucun son ne sortit de sa bouche. Il la referma et la fixa avec fureur. Puis, il la tira violemment par une cheville. Iris se débattit, elle ne comptait pas se laisser faire, pas par M. Past. Il la sortit du bureau bien que la tête de la jeune fille frappe légèrement le bureau. Malheureusement sa tête cogna aussi tellement fort contre le sol que ses yeux se fermèrent contre son gré.

Puis le noir. Et plus rien.

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