Chapitre 10 :
Pendant le mois qui passait, Iris n’avait pas revu le Dr. Chasme. Pourtant, elle avait tout essayé. La jeune fille n’avait pas non plus reçu d’autres lettres. Elle était déçue. Alors que les cours s’enchaînaient ainsi que les jours, les doutes d’Iris se renforçaient. La jeune fille ne comprenait pas pourquoi de tels cours… Les instructions des cours étaient toujours les mêmes et toujours si simples : les positions de l’armée des ennemis étaient indiquées, trouver la meilleure position possible. Quelquefois c’était l’inverse, c’était la position de l’armée d’Opartisk qui était indiquée, il fallait en déduire où se plaçaient les soldats ennemis, et trouver les meilleures positions pour contrer. Iris n’était pas dupe, elle savait qu’ils ne faisaient pas cela pour rien. La jeune fille était certaine qu’ils se servaient d’eux pour gagner les combats et contrer l’ennemi. Elle en était convaincue, même si elle ne connaissait pas les premiers comptes rendus des batailles. Ils se servaient d’eux pour gagner la guerre. Iris avait l’impression d’être un objet dont on se servait librement, et cela lui déplaisait beaucoup.
Pendant le mois, elle avait aussi fait part à Samuel et Maryline de son plan pour trouver ce fameux rapport et le lire avant qu’il ne soit envoyé. Sinon, il fallait attendre la fin du mois prochain, et ce serait long. Iris voulait tout faire toute seule, mais les deux aînés s’y étaient opposés. Pour eux, hors de question que si cela tournait mal, Iris prenne encore tout. Même s’ils le savaient, même s’ils se faisaient attraper, Iris aurait une punition plus sévère que les deux autres. Car M. Past la détestait personnellement et Iris le détestait personnellement aussi. Ces deux-là ne pouvaient pas se supporter. Vraiment pas. Les trois plus grands avaient mis toute la bande au courant, Kendra et Lilian voulaient les accompagner. Mais Iris avait réussi à les en dissuader, du moins, pour Lilian.
— Je veux venir avec vous ! s’exclama Kendra.
Iris soupira, elle jeta un coup d’œil à sa montre. Il était bientôt minuit, et ils auraient déjà dû partir depuis un quart d’heure. Ils ne pouvaient pas emmener Kendra, mais ils n’arrivaient pas à raisonner la petite fille. En plus de ne pas les lâcher, elle était têtue et n’hésitait pas à répéter sa requête continuellement. La surdouée prise pour la plus intelligente s’agenouilla pour être un peu près à la taille de Kendra.
— Écoute-moi bien Kendra. Tu ne peux pas venir avec nous. C’est dangereux, si l’on se fait prendre, on sera puni…
— Je m’en fiche d’être punie ! la coupa Kendra.
— Pas nous, intervient Samuel. Nous ne pouvons pas prendre le risque de blesser d’autres personnes. Tu as bien vu où mènent les punitions, tu as bien vu dans l’état où en est revenu Iris. Tu es trop jeune, tu fondrais en larmes, tu ne tiendrais pas le coup.
— En plus c’est moi qui ai eu l’idée de ce plan, déclara Iris.
— Et nous qui l’avons organisé, rappelèrent Maryline et Samuel ne voulant pas qu’Iris pense que s’était-elle qui avait tout fait.
Kendra baissa les yeux. Elle aimait bien participer à tous, mais elle devait reconnaître, que cette fois, elle ne pouvait pas y prendre part. Mais elle voulait aider, et elle trouverait un moyen de les aider même si elle ne pouvait pas venir avec eux.
— Ne vous faites pas prendre, faites attention. Bonne chance.
Iris déposa un baiser sur la joue de la petite fille comme pour lui dire qu’ils allaient s’en sortir indemne. Mais la petite fille n'en était pas vraiment convaincue. Puis, les trois aînés la laissèrent dans la chambre d’Iris avec le reste du groupe, Lilian, Sandra et les jumeaux. Iris n’avait plus qu’un seul objectif dans sa tête, trouver le fameux dossier.
— Bien… Je ne sais pas si l’on a tout notre temps, le seul truc que je sais, c’est qu’il fait sa ronde, annonça Iris.
— Tu déteins un peu trop sur Kendra je dirais. Alors dépêchons-nous, terminons vite cette mission tout en la réussissant, déclara Samuel en se frottant les mains.
Le quartier secret était composé de trois couloirs, comme celle des chambres, mais les couloirs étaient composés de plus de porte que celle des chambres, voire même plus que celle des salles de classe. Et la luminosité n’était pas au rendez-vous. Iris décida donc de sortir sa mini-lampe torche pour regarder où ils allaient. La moquette noire rendait les couloirs plus glauques, la couleur des murs n’était pas plus joyeuse. Tout ce bâtiment entier n’était ni chaleureux ni joyeux ni paisible. Tout paraissait si… Iris n’aurait su dire. Jamais elle n’aurait vécu dans cet endroit de son plein gré. Jamais.
Les trois adolescents prirent le couloir côté droit. Ils firent vite demi-tour quand ils se rendirent compte que c’était le couloir des chambres. Les dossiers ne se trouvaient sûrement pas dans les chambres. Et ils ne devaient pas risquer de réveiller les autres adultes présents ici. Le deuxième couloir à gauche était celui des douches et des WC. Le couloir de gauche était sûrement le bon. À la première porte, se trouvait une plaque dorée où il y avait inscrit : bureau du Professeur Matt. Toute cette rangée du couloir appartenait au bureau des adultes. Iris s’arrêta devant celle du Dr. Chasme et glissa sous la porte un papier.
— Et si ce n’est pas elle l’infiltrée ? demanda le seul garçon du trio.
— Eh bien tant pis. De toute manière, elle ne dira rien. Je le sais.
Maryline et Samuel s’échangèrent un regard surpris mais ne posèrent pas plus de question à Iris. Ils arrivèrent enfin devant la porte du bureau de M. Past. Bizarrement, il y avait des verrous à l’extérieur. Iris appuya sur la poignée. C’était fermé. Logique. Maryline défit son chignon et y sortit une épingle, elle sortit un élastique pour faire rapidement une queue-de-cheval tout en tendant l’épingle à Iris qui la prit avant de regarder la serrure.
— Ce n’est pas le moment de jouer à la coiffure les filles, grogna Samuel.
— Espèce d’idiot, c’est pour crocheter la serrure, jura Maryline en lui donnant un coup dans l’épaule.
Iris les fit taire avant que cela ne dégénère en une dispute. Ce n’était pas le moment approprié pour se disputer, ni le meilleur endroit. Ils devaient garder leur sang-froid. Après quelques minutes, Iris réussit à ouvrir la porte.
— Dépêchons-nous, nous avons perdu beaucoup de temps, murmura-t-elle entre ses dents.
— À qui la faute ?
— Samuel, si tu étais un spécialiste, tu n’avais qu’à le faire toi-même ! s'écria Maryline.
Les adolescents allumèrent l’interrupteur pour éclairer la pièce. Cette pièce n’était pas froide, et devait faire partie des salles les plus lumineuses de la bâtisse. La pièce ne ressemblait pas au couloir, les murs et le sol étaient blancs. Maryline bloqua la porte avec une chaise pendant que Samuel et Iris se précipitèrent près du bureau noir. Aucun tiroir n’était fermé à clé, cela facilitait un peu plus la tâche. Chacun s’occupait d’un côté pendant que Maryline faisait la garde, l’oreille collée contre la porte.
— Bingo ! J’ai trouvé.
— Il faut repartir, fais des photocopies, s’il remarque qu’il n’y a plus le dossier, cela va mal tourner. Il se doutera que c'était nous.
Les photocopies mirent du temps à être imprimées, et pour cause, la photocopieuse était vieille et lente. Iris plia les photocopies et les rangea dans ses poches pendant que Samuel rangeait les originaux à leur place.
— Oh non ! J’entends des pas arriver ! s’exclama Maryline.
Si des pas arrivaient, ils ne pouvaient pas s’enfuir. Ils étaient piégés, ils allaient être punis. Iris avait l’impression de revivre la nuit où elle s’était cognée la tête en se débattant contre M. Past. La jeune fille vit la poignée descendre, elle serra les poings, prête à en découdre. Mais elle n’imaginait pas la tournure qu’allait prendre l’événement. Alors que M. Past était à deux doigts d’ouvrir la porte, Samuel et Maryline se consultèrent furtivement du regard. Puis, Samuel tira Iris vers lui et la plaqua contre le bureau. Plus exactement, sous le bureau.
— Écoute, commença-t-il en couvrant la bouche de son amie de sa main. Je sais que tu ne vas pas aimer du tout ce que l’on vient faire. Mais tu ne dois pas être punie, Past serait capable de tout contre toi. On ne peut pas te laisser punir comme cela, et tant pis si Maryline et moi allons en payer le prix. Tu en as déjà plus payé que quiconque pour le moment.
Iris aurait voulu protester, mais ne le fit pas. Mais la perspective de voir ses amis être punis à sa place la révoltait. C’était sa faute, c’était son idée, c’était elle qui devait être punie. Mais les deux autres voyaient les choses autrement, elle ne devait pas être punie. Pas encore une fois. Iris se recroquevilla sur elle-même quand elle entendit la chaise céder, entre-temps, Samuel avait rejoint Maryline. Iris pouvait déjà imaginer le visage de Nicolas se crisper de fureur. Une réaction typique de sa part.
— Qu’est-ce que vous faites là, espèces de !… Où est-elle ? Où est-elle ?
Iris le savait d’avance, M. Past n’était pas dupe, la jeune fille était impliquée dans tout ce qui se passait dans le bâtiment. Donc, si l’on suivait le raisonnement. Pourquoi n’était-elle pas avec eux ? Pourquoi ne faisait-elle pas partie de cette expédition ? Il le savait, elle avait un rapport avec cela, c’était obligé.
— Je ne vois pas de qui vous voulez parler, mentit Maryline.
— Ah bon ? Même si c’est elle la soi-disant plus intelligente, vous êtes surdoués, vous auriez dû deviner. Je parle de votre amie Smarta. Celle qui n’arrête pas de m’énerver depuis son arrivée et qui fourre son nez là où elle ne doit pas, hurla Nicolas Past avec fureur. Elle est forcément ici ou en relation avec votre escapade. Si vous ne me dites rien, cela va mal se passer, vous serez sévèrement punis. Vous avez pénétré un lieu interdit. Votre punition sera encore plus exemplaire que celle de votre amie. Alors vous avez intérêt à coopérer.
Mais ils ne firent rien. Iris aurait aimé entendre le son de leur voix dire qu’elle était là, pour qu’ils ne soient pas punis. Sa punition avait déjà été dure, et elle ne voulait pas que ses deux amis subissent une punition encore plus difficile. Ses jambes refusaient de bouger. Un moment passa avant qu’un nouveau flot de paroles arrive :
— Qu’est-ce que vous faites ? N’utilisez pas cette arme.
Cette arme. Le revolver. Il utilisait encore ce fichu revolver. Il ne savait se faire respecter que par cela. Sous menace d’arme, tout le monde serait prêt à tout faire. Et Iris espérait que ses amis ne fassent rien. La jeune fille avait bien compris que Samuel avait dit cela juste pour l'informer qu’ils couraient un grand danger. Mais n’était-ce pas plus dangereux de rester cachée et de se faire attraper après ?
— Ne bougez pas, et sortez ! ordonna-t-il d’une voix glaciale.
Iris comprit qu’ils n’avaient obéi que quand elle entendit la porte se fermer. Se fermer. Se fermer ? Au début, Iris ne bougea pas d’un millimètre, elle avait bien trop peur que ce ne soit pas vrai. Elle guettait un nouveau son : des pas, des mots, des voix, des phrases, des tirs de revolver. Mais rien. Quand plusieurs minutes se furent écoulées, elle se glissa hors du bureau. Il avait oublié d’éteindre la lumière. La jeune fille marcha lentement vers la porte, elle colla son oreille pour entendre si quelqu’un venait ou était dans les parages. Mais rien. Que pouvait-elle faire ? Retrouver ses amis, ou alors sortir et retourner dans sa chambre. Mais elle n’arrivait pas à se mettre dans la tête qu’elle devait les laisser tomber. Elle ne pouvait pas les laisser tomber, ce n’était pas envisageable pour elle. Sauf que la jeune fille n’avait pas prévu que M. Past allait fermer la porte avec les verrous d’entrée. Et elle ne pouvait rien faire, à part attendre son retour et se faire punir elle aussi. La jeune fille lança son poing dans la porte, énervée. Puis l’autre aussi. Dans un premier temps, elle ne réagit pas, trop occuper à maudire le surveillant. Elle finit par se ressaisir et sortit de sa poche les papiers. S’ils devaient être punis, Nicolas les fouillerait sûrement, et même si c’étaient des photocopies, cela ne suffirait pas pour que la jeune fille les garde. Ils n’avaient pas fait tous cela pour rien. Iris se mit donc à lire.
Fiche de renseignements envoyée par l’État pour s’assurer de l’avancement des recherches et des projets ainsi que l’attitude et le bien-être des adolescents et des enfants occupant le bâtiment N°9 :
Iris s’arrêta dès la première phrase. L’avancement des recherches et des projets ? Elle avait donc raison, quelque chose ne tournait pas très rond. Ils attendaient quelque chose d’eux. Ils faisaient des choses sur eux. Comme s’ils étaient des cobayes, mais en moins grave. Beaucoup moins mauvais, ils étaient mieux traités, même si M. Past ne le faisait pas vraiment en douceur. Absolument pas en douceur. Iris s’empêcha de froisser le papier. Comment pouvaient-ils être aussi ? … Inhumain.
Type des enfants : les surdoués.
Nom-prénom : Smarta Iris, Lop Samuel, Kavania Maryline, Gar Maxence, Gar Maxime, Mladenico Sandra, Kiner Lilian et Mossolle Kendra.
Affinité : Ils sont tous amis- les groupes – Kendra, Maxence, Maxime – Lilian et Sandra – Samuel, Maryline et Iris.
Comportement : Assez obéissant même si Iris est particulièrement récalcitrante et révoltée. Dès son arrivée, elle se doute de quelque chose et fouine dans tous. Il faut faire quelque chose, sinon les secrets ne tiendront même pas un an et nous ne pourrons plus continuer les projets. Pratiquement obligé de menacer. Il faut renvoyer du renfort pour les tenir et essayer de cacher le plus possible. Comme nous le redoutons, les surdoués font honneur à leur statut. Même s’ils ne savent encore rien, il faut garder un œil sur eux pour s’assurer qu’ils ne connaîtront rien. Il faudra aussi les surveiller après leur internement, quand ils partiront.
Je demande du renfort. Il faut réussir à les tenir et qu’ils ne découvrent rien.
J’attends votre réponse très vite.
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C’était un compte rendu très court, un résumé. Mais un résumé qui en disait long pour Iris. Aucun détail ne lui échappait, que ce soit par l’écriture étrange de la signature du surveillant que le sens des phrases. Mais un détail restait dans sa tête, s’affichait devant elle, résonnait dans ses oreilles, touchait ses lèvres sans la quitter. Un détail qui, pour elle, était plus qu’un détail. Cette lettre était la preuve que ses soupçons étaient fondés. Son instinct avait vu juste. Mais un détail la tracassait encore plus. Ce n’était pas une preuve, ni une réponse, mais plutôt indice. Oui, c’était cela, c’était un indice. Ce n’était pas un secret que l’État voulait garder. Ce n’était pas un secret la raison de leur présence dans le désert que personne ne possède. Pas un secret. Mais des secrets. Plusieurs secrets et non pas un seul. Ce n’était pas qu’une raison, c’étaient plusieurs raisons. Et Iris n’arrivait pas à oublier cela, absolument pas. Ils ne devaient plus chercher une seule raison, mais plusieurs raisons. Plusieurs raisons. Pas une seule. Des voix dans la tête d’Iris n’arrêtaient pas de le répéter. Des raisons, des raisons, plusieurs raisons.
La jeune fille rangea la feuille dans sa poche. Elle en était consciente, elle n’allait pas trouver toutes ses réponses aussi facilement. Iris ouvrit le tiroir qu’avait ouvert Samuel et fouilla des dossiers. Elle ne tomba que sur les dossiers identitaires des élèves. Mais rien d’autre. Pas de lettre ou de document envoyé pour l’État. Iris le craignait, mais elle allait devoir attendre le retour de Nicolas, énervé et armé de son revolver. En la voyant, il serait dans un état encore pire. Il sera animé par un surplus de haine mais aussi la fierté de la voir dans son bureau. C’était facilement prévisible. Iris décida de tout refermer mais garda la photocopie sur elle. Même si cela raisonnait comme de la provocation, ce n’était pas son but, donc elle s’assit sur la chaise tournante. Quitte à attendre quelqu’un dans son bureau pour une durée indéterminée, plutôt l’attendre confortablement assis et non debout. En plus de cela, sa jambe lui faisait encore un peu mal même si elle ne voulait pas l’avouer.
Soudain, elle entendit les verrous se tourner. Iris se redressa subitement. Il arrivait déjà ? Il avait été rapide ! Comment allaient Samuel et Maryline ? Bien, elle espérait. Mais quand la porte s’ouvrit, ce n’était pas une silhouette masculine, musclée et armée d’un revolver qui apparut. Mais celui d’une femme. Et avec la lumière artificielle de la pièce, Iris la reconnut, de toute manière, elle la reconnaissait tout le temps. La jeune femme n’avait pas dormi récemment, mais elle avait rattrapé les heures de sommeil qui lui manquait la dernière fois qu’elle l’avait vu depuis le début du mois. Amanda Chasme avait l’air beaucoup plus en forme. Iris ne put contenir sa surprise de la voir. Comment avait-elle su ? Iris n’avait rien dit de ses intentions dans son petit mot. L’avait-elle lu d’ailleurs ? Iris allait dire quelque chose quand Amanda parla la première.
— Iris bon sang ! Tu es restée ici. Viens, dépêche-toi de sortir ! Je ne sais pas où il en est, mais il faut partir avant qu’il ne revienne. Tu ne dois pas être punie, et tu le sais tout autant que moi.
Sans un mot, Iris contourna le bureau et sortit de la pièce. Ses yeux mirent un moment à s’accoutumer à l’obscurité. Elle sentit la main moite d’Amanda lui serrer la sienne et l’entraîner dans le couloir. Malgré l’obscurité, la jeune fille remarqua bien qu’elle l’entraîna dans le couloir des chambres. Amanda se colla contre une porte pour tourner la clé dans la serrure. Iris en déduisit que c’était la chambre de la jeune médecin. Elle alluma la porte et l’alluma puis poussa Iris dans la pièce tout en y rentrant elle-même. Et referma la porte de sa chambre à clé. Sa chambre était beaucoup plus petite que celles des internés. Un lit impeccablement fait s’y trouvait, une armoire ainsi qu’un petit bureau avec une lampe. C’était tout. Iris était assez étonnée, elle aurait imaginé les chambres des adultes encore plus grandes que les leurs. Manifestement non, ou alors c’était juste parce qu’elle n’était pas tout le temps là. Mais est-ce qu’elle était tout le temps là ? Iris finit par se retourner vers la doctoresse. La jeune femme la fixait.
— C’est… C’est vous l’infiltrée n’est-ce pas ? demanda Iris en la regardant.
L’adulte sourit puis s’assit sur son lit. Elle tapota à côté d’elle pour inviter Iris à s’asseoir. Chose, qu’après réflexion, elle fit. L’adulte ne parla pas tout de suite. Iris ne savait pas pourquoi, mais elle s’en fichait, elle voulait juste des réponses. Des réponses et seulement des réponses.
— Je pense que je ne peux pas te cacher cela plus longtemps. Oui, c’est moi l’infiltrée.
— C’est vous qui m’avez donné la lettre de Marin ? C’est pour cela que vous essayiez de dialoguer avec moi ? Et le « fais-moi confiance, je suis du bon côté » aussi ?
— Oui. Mais je devais faire très attention, je ne peux pas me faire prendre, sinon je ferais tout capoter.
C’était donc Amanda Chasme le sbire de l’association… Iris n’était pas vraiment étonnée. C’était la seule adulte qu’elle n’avait pas envie de frapper ici. La seule adulte qui était douce et qui ne les brusquait pas. La seule adulte qui essayait de communiquer normalement avec eux. La seule adulte ici à être de leur côté. Iris se sentit la dernière des idiotes à ne pas avoir pensé à elle. Tout lui paraissait plus logique dans l'attitude de la femme maintenant. La jeune fille se sentit vraiment bête de s’être posée la question. Pendant un moment, Iris eut l’impression de ne plus être une surdouée ou d’avoir perdu ses capacités intellectuelles élevées. Iris chassa vite ces pensées.
— Y a-t-il d’autres agents de l’association ?
— Tout dépend du nombre d’internés dans les bâtiments, expliqua Amanda. Je suis toute seule ici car vous êtes peu. Mais par exemple, dans l’établissement de tes amis, Kilian et Cassandra, ils sont six bientôt sept. Les classes sont à plus de trente élèves, ils sont vraiment très nombreux, et les bâtiments encore plus grands que celui-ci.
— Parlez-moi de cette association. Marin ne m’en avait pas beaucoup parlé dans sa lettre par peur qu’il finisse entre de mauvaises mains. Mes parents n’ont pas voulu non plus car ils surveillent les lignes et les conversations téléphoniques. Nous ne courons aucun risque ici. Il n’y a pas de caméras dans votre chambre.
— Il y en avait, mais je les ai enlevées et j’ai crié au scandale en disant qu'ils ne me faisaient pas confiance, assura la médecin. Pour commencer, l’association essaye de trouver les raisons de votre venue ici, comme tu le penses, vous n’êtes pas venus ici que pour vous cacher des attaques ennemies. En tant que médecin, je suis chargée de vous faire passer des examens. Mais on ne m’a pas dit à quoi cela servait et ce qu’ils cherchaient. Je pense qu’il y a plusieurs raisons, mais rien n’est sûr.
— Nous aussi avec les autres ont cherche le pourquoi de notre venue. Grâce à la fiche que l’on a photocopiée, on n’a pas découvert grand-chose, mais je sais juste que l’on a plusieurs raisons à découvrir. Il n’y en a pas qu’une seule mais plusieurs.
— Bien… On sait déjà ça !. L’association a donc envoyé des membres infiltrer les établissements pour s’assurer de votre bien-être tout d’abord et aussi percer les secrets que l’État s’obstine à garder. Nous ne les percerons pas aussi facilement, nous le savons, mais nous y travaillons, nous y faisons notre possible. Mais cela peut mettre des mois comme des années. Je vais t'expliquer comment l'association fonctionne, commença l'infiltrée en se tournant vers Iris. L’association est divisée en plusieurs branches. La branche des dirigeants, avec le chef et les sous-chefs qui donnent les rapports des missions que les chefs des autres branches donnent. Nous avons la branche d’administration. Dans l’administration se trouvent des vrais génies de l’informatique qui créent de fausses identités, modifient les identités, effacent nos traces sur les réseaux informatiques et falsifient des papiers administratifs et légaux, continua la jeune femme. L’ensemble est dirigé par le chef de cette branche qui est en réalité un sous-chef des sous-chefs. Cette branche-là est elle-même séparée en plusieurs parties que je t’ai déjà un peu expliquées : la partie informatique, qui traite tout ce qui est informatique dans la branche, effacer les traces, et la partie papier qui traite les documents de la branche comme falsifier des papiers officiels. Cette partie-là, est, comme toutes les autres une partie essentielle pour les missions, sans cela il serait très difficile de les mener à bien.
— Vous prenez un maximum de sécurité pour ne pas vous faire prendre ? questionna Iris.
— Exactement. Personne à part la centaine de membres ne connaît nos activités. Nous avons une deuxième branche, celle des recruteurs. Des gens, comme ton ami Marin sont chargés de repérer de bons éléments pour les faire venir dans notre association secrète. Il y a la partie des observateurs, qui observe, recommande et apporte les informations ainsi que les testeurs qui leur font passer une batterie de tests pour pouvoir les envoyer dans la branche qui les correspond le plus.
— Comment vous choisissez les gens ?
— Il faut demander aux observateurs et aux recruteurs. Seuls eux, le chef et les sous-chefs sont au courant de la technique à adopter pour pouvoir choisir un futur membre de l’association. Bien… Passons à la troisième et dernière branche, la branche dont je fais partie. On peut appeler cela la branche des missions, termina Amanda pendant qu'Iris restait encore très attentive et le fut encore plus. Cette branche est elle-même séparée en deux aussi. Les personnes qui vont sur le terrain, et celles qui restent au QG. Ceux qui restent au QG est chargée de trouver le maximum d’informations pour la mission pour n’importe quel moyen, sauf la torture et la mort bien évidemment. Nous ne sommes pas des meurtriers. Et nous avons les personnes comme moi qui vont sur le terrain. Pour résumé, les gens qui font comme moi, ils infiltrent, ils espionnent, ils observent, ils notent et ils se souviennent. C’est pour cela que je ne suis pas tout le temps là, il faut, que de temps en temps, je retourne en Opartisk pour donner des comptes-rendus au chef de ma branche qui est censé le ramener à un sous-chef pour qu’ils en débattent entre sous-chefs et avec le chef.
— Il y a d’autres missions ? s’intéressa soudainement la surdouée.
— Oui. L’infiltration dans ses bâtiments est la plus suivie. Mais il y a des infiltrations dans les autres clans, et en repérage dans le désert pour construire une deuxième base. Les sous-chefs projettent de faire infiltrer l’État, mais c’est extrêmement compliqué. Et ce n’est pas aussi simple qu’entrer dans les bâtiments, répondit la doctoresse. La seule condition pour entrer dans les bâtiments, c’est de ne pas avoir d’enfant mineur. Ta candidature est retenue quoi qu’il arrive après tu dois juste réussir une batterie de tests puis valider pour passer à une autre pour enfin pouvoir arriver jusqu’ici. Même si c’est assez laborieux, pour accéder à l’État c’est bien pire. Je ne sais pas combien d’attente il faut pour que les conseillers voient ta candidature pour être ne serait-ce qu'un homme ou femme de ménage ou secrétaire. Il en faut encore plus pour recevoir une réponse, et c’est encore plus long. La plupart des réponses sont négatives. Encore pire pour être les adjoints des conseillers, il faut des années, et il faut passer tout cela avant de pouvoir tenter sa chance pour devenir soi-même conseiller.
— Pour résumer, vous avez des moyens d’enfer, des membres tout aussi extraordinaires tels des agents secrets de grandes qualités même plus que la normale, un QG ultra secret, bientôt un second QG qui sera en plus hors de l’Opartisk, des chefs et des sous-chefs compétents et avec cela vous n’avez encore rien trouvé, résuma Iris.
Amanda sourit par le compendium pessimiste d’Iris. Cela ne lui faisait rien, tout cela venait juste de commencer.
— Depuis quand cette association a-t-elle été créée ?
— Elle a commencé à se construire dès l’annonce de notre entrée en guerre.
— Qui est le chef ?
— Je ne peux pas te le dire.da sourit par le compendium pessimiste d’Iris. Cela ne lui faisait rien, tout cela venait juste de commencer.
— Depuis quand cette association a-t-elle été créée ?
— Elle a commencé à se construire dès l’annonce de notre entrée en guerre.
— Qui est le chef ?
— Je ne peux pas te le dire.
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