Un coup de feu tira brusquement Will de sa torpeur.
Il sursauta et, basculant de son hamac de fortune, s’affala maladroitement sur le sol.

Quelqu’un éclata de rire :

• Will, Will... Will ! C’est pourtant pas compliqué : Un pied, puis l’autre, ensuite le reste du corps. Pas l’inverse. 

Robuste, le teint mat, Mürad ricanait froidement.

• Allez dépêche, on doit aller déjeuner. Tu vas encore dérouiller si t’es pas en bas dans les temps…

Sonné, le jeune homme répondit d’un ton las :

• Vas-y déjà je te rejoins…
• Comme tu voudras.

Ce dernier lança un dernier regard amusé à Will, puis sorti de la chambre au pas de course.

Will, étalé de tout son long, n’avait toujours pas bougé du sol. 

•  Satané réveil...

Il se releva brusquement, et posa son regard sur un petit objet, à peine dissimulé dans le coin de la pièce. 

Une caméra. 

Ses yeux, curieux mélange d’un vert reptilien et d’une constellation d’infimes éclats d’ébène, exprimaient un profond ennui.

• Tiens, t’es nouvelle toi.

Feignant de se sentir menacé, il se rapprocha prudemment pour étudier la caméra de plus près. Si près que son visage finit pratiquement collé à l’objectif. 

Est-ce que je te bousille maintenant, ou j’attends de pouvoir faire casquer quelqu’un d’autre… Se dit-il, songeur. 
Mouais. Plus tard.

Adressant un dernier regard terrorisé à la caméra, il détala comme un lapin de sa chambre, en prenant soin de claquer exagérément sa porte en sortant.

A peine levé, Will sentait déjà qu’il allait passer une très bonne journée.