Le père Noël riait, riait !!! Il lisait en boucle les 50 nuances de Père Noël , et tous les malheurs imaginaires que les auteurs lui faisaient subir lui redonnaient le sourire en ce mois de Janvier 2015 , marqué par l’horreur absolue de la haine,

Bien sûr,comme d'habitude, tout était faux . Faux, faux et archi faux !

Il vit qu’un nouveau concours était organisé, thème : la Saint Valentin, la vraie histoire.
Décidément l’imagination n’était pas au pouvoir, après cela serait quoi ? Un lapin de Pâques, la plus belle histoire d’Halloween ?

Il haussa les épaules, non, non et non il ne participerait pas à ce nouveau concours. Sauf que, sauf que, oui c’était évident, on allait, encore, écrire tout et n’importe quoi ! Alors que lui, le père Noël, lui il connaissait la vérité !

Bougon, rageur, il s’installa devant son ordinateur.

Vous connaissez mon pouvoir, un pouvoir d’amour, de pur amour. Un pouvoir absolu ?
Que nenni, que nenni. Pendant des années, j’ai ragé, pleuré, hurlé à cause de ces deux gamins : Valentine et Valentin.

Ils étaient nés le même jour, la même heure, dans le même village.
Valentine, grande, immensément belle, blonde, trop blonde et toujours triste.
Valentin, petit brun, rieur.

Quand Noël approchait Valentin ne demandait qu’une seule chose : un regard de Valentine, une caresse de Valentine, un baiser de Valentine.
Valentine demandait invariablement la même chose : un amour profond, sincère, absolu.

Vous me direz, rien de plus simple : il suffisait de les unir !
Sauf que, sauf que, j’avais beau passer’ et repasser avec mon traineau, déverser des flots d’amour, rien ne se passait. Années après années Valentin soupirait pour une Valentine qui l’ignorait et pleurait.

N’y tenant plus, je pris la décision d’aller voir Merlin. Pendant des années, il avait cherché la coupe, la fameuse coupe où j’avais bu l’immortalité. J’avais pris l’apparence du roi pêcheur pour guider Perceval et le vieux magicien savait ce qu’il me devait !

« Tu viens pour Valentin et Valentine ?
- Oui Merlin !
- Mais l’amour c’est ton secret, je n’ai aucun pouvoir !
- Si Merlin, tu es enfant de pucelle et de démon, tu sais que le Bien et le mal ne font qu’un !
- Alors, le temps de la souffrance est venu. »

Je glissai le miroir dans les souliers de Valentine et je répétai ma solennelle promesse : ne surtout pas intervenir !

Pour la première fois, je vis le visage de Valentine s’éclairer d’un immense sourire. Rapidement, elle délaissa le boire et le manger, son reflet occupait toutes ses pensées, nuit et jour.
Je ne cessai de faire des ronds dans le ciel, Jamais mortel n’eut plus d’amour que la fille aux cheveux d’or.

Et Valentin ? Pour lui c’était. .. l’enfer !
Jamais Valentine ne l’avait autant ignoré.
Pire, jour après jour, il entendait d’étranges histoires, qui lui faisaient mal.

N’y tenant plus, il décida d’épier sa bien-aimée. Une douce lumière éclairait la maison de Valentine.
Et il la vit nue, entièrement nue. Fou de désir, il allait forcer l’entrée de la maison quand son visage se décomposa.
Valentine rejoignait une autre fille, aussi belle, aussi blonde, aussi désirable que l’amour de sa vie.
Et les deux déesses s’embrassaient, se caressaient se faisaient l’amour.

Valentin hurla, déchira ses vêtements et s’enfuit dans la nuit, la nuit de sa folie.
Il erra, hagard, pendant des jours des semaines, se nourrissant de racines et de baies.
Un jour, glacé nu dans la neige. Il s’arrêta devant une cabane. Un vieil homme sortit. Il lui fit signe d'entrer. Puis il le lava, l’habilla, lui donna à manger.

«  Merci !
- Mon nom est Merlin !
- Quel jour sommes-nous ?
- Le 14 février.
- J’ai tant souffert !
- Je sais.
- Je veux mourir.
- Il est temps de renaître. »

Valentin regarda dans le miroir, il vit Valentine, et, pour la première fois de sa vie, la jeune fille prit conscience de l’immense beauté du jeune homme.
Elle tendit les bras et, miraculeusement, il se retrouva, nu contre elle.

Les deux vieillards souriaient, ils ne perdaient pas une miette des ébats du couple.

«  Il fallait..
- Oui, Noël il fallait passer par là !
- Comme il a souffert !
- C’est fini.
- Pourquoi ?
- On ne peut pas aimer les autres, quand on ne s’aime pas !
- Quel égoïsme !
- Dans tout amour, on n’aime, d’abord, que soi-même !
- D’abord ?
- D’abord. »

Des enfants peuvent lire ce récit. Je dirai simplement que les deux amoureux ne s’interdirent aucune transgression... pour notre plus grand plaisir !