Première leçon

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C'est vrai que je me suis pas présenté. Vous avez eu un petit aperçu de ma personne, mais elle me définit pas vraiment, n'est-ce pas ?

Je m'appelle Will Cannaghan, pur british, et j'ai dix-neuf ans. On peut dire que je suis un mec sexy si on en croit ma facilité à draguer - et à être dragué, aussi. Je suis plutôt grand, assez fin. On peut pas dire que je sois vraiment musclé, mais j'ai une silhouette, pour ce qu'elle vaut. Et des abdos. Ha ça, je dois le mentionner si je veux me vendre. J'ai même ce machin en V qui fait craquer tout le monde. Mes cheveux sont clairs, (pur british, j'vous dis !) mes yeux bleus. Un bleu basique mais le bleu c'est toujours classe, allez comprendre. Je remercierai mon adorable maman plus tard. Ah, j'ai des piercings aussi, un peu partout. Arcade, langue, labret, et même téton. Et je suis tatoué aussi, j'ai une date sur le biceps, entremêlée à une rose pleine d'épines. Le 14 mai 2012. Très importante pour moi... J'en parlerai plus tard. Peut-être. On verra. Sur mon pectoral droit, celui qui n'a pas de piercing, j'ai un symbole qui me tient à cœur, et c'est le cas de le dire parce que c'est un cœur. Le muscle, pas le truc mignon. En matière de caractéristiques, je crois que c'est tout. En matière de personnalité, vous en avez vu un bout.

Je suis en dernière année de lycée, et il reste quatre mois avant la liberté. Enfin la liberté vacancière, quoi. Après ça, je reprends mes études avec pour but de devenir médecin. Du genre grand médecin, avec beaucoup d'idéaux. Voilà, c'est moi, bienvenue dans ma vie.

Je suis actuellement en train de flâner à la cafétéria avec mes amis. Kyle, mon (s) (ex)-friend, beau comme un dieu, mais con comme un balai, Lydia, une blonde géniale tout aussi vache que moi quand on l'emmerde, et Harry, ni le chanteur, ni le prince, ni le sorcier. Un Harry très normal, brun aux yeux bruns et même sûrement aux poils de cul bruns. Normal, je vous dis.

— Qu'est-ce que tu veux, toi ? demande mon berger allemand préféré, j'ai nommé Kyle.

Je lève la tête de mon téléphone et constate que ma petite chose est là, toujours tremblante, à me regarder - pour une fois ! - terrifié. Je hausse un sourcil.

— Je, euh, hm. On peut parler ? il me demande.

Y a de l'amélioration, une phrase complète. Je me dis qu'il a peut-être un certain potentiel, le gamin. Je repose alors mes yeux sur son corps frêle et secoué de petits spasmes et je me dis qu'il reste du boulot à faire. Au moins, on sait d'où on part. Et c'est pas gagné.

— On peut parler, je répète avec un sourire carnassier. J'y vais, mon dessert est là, je fais un clin d'œil à mes amis et mon doigt passe de la nuque du nouveau venu jusqu'à son coude avec un air suggestif.

Je me lève après avoir débarrassé mon plateau. Ma petite chose me suit sans discuter. C'en serait presque jouissif. Il me plait bien, à sembler si dévoué et manipulable.

On va dans une salle de classe au hasard une nouvelle fois, c'est une habitude avec lui ! Je m'appuie nonchalamment contre la porte, jambes croisées. Je tiens à mon attitude de mec inaccessible tout en étant parfaitement ouvert à toute proposition. Faut profiter, dans la vie.

— Alors ?

— Euh, je dois coucher avec toi avant ou après que tu me donnes ma première leçon ? il se lance.

Il demande ça avec ses énormes yeux vert émeraude. Mignon, osé et innocent. J'en avale ma salive de travers et m'étouffe avec. Il se rapproche et me tapote l'épaule avec douceur. Ça va ? Il demande gentiment, comme si ça l'importait réellement.

— Ouais ouais... Comment tu t'appelles ? T'as quel âge ?

Je viens de réaliser que je le connais vraiment pas, ce gosse. Il a l'air vraiment plus jeune mais j'imagine que c'est pas vraiment le cas. C'est son attitude et ses bégaiements qui font ça. Son corps, aussi.

— Thomas. J'ai dix-huit ans, il dit presque militairement, l'air impressionné.

— Ok, Thomas. Tu veux apprendre à devenir comme moi, c'est ça ? À t'assumer, à être la même personne dehors et dedans ? Bien. Ça va se dérouler comme ça. Je te donne des leçons, tu les fais, on passe aux suivantes. Elles doivent être parfaitement réussies. Des vraies grosses leçons. Des questions ?

Il a l'air d'hésiter un peu, mais déjà moins que la première fois qu'on s'est vus. Du potentiel, j'vous dis !

— Hm, oui... C'est quoi comme genre de leçons ? Parce que j'ai du retard dans mes cours et j'ai pas beaucoup de temps pour lire des livres, tout ça... il rougit encore. Raté.

— Ça sera pas ce genre de choses. Je serai ton cobaye. Tu expérimenteras sur moi ce que je te demanderai de faire... Délicieux, je commente en me léchant les lèvres, plus pour lui faire peur que par réalité. Enfin, presque. Et ensuite, tu le feras avec d'autres personnes. Qui tu veux, je m'en fous, mais quelqu'un à qui tu as peur de parler, ça le fera mieux. Première leçon, admets que t'es gay. Fais-moi ton coming-out. Quand j'y croirai et que tu m'auras sorti tes phrases sans bégayer comme un gosse de quatre ans, t'iras le dire à trois autres personnes dont au moins un lycéen inconnu.

Ses yeux s'agrandissent et il rougit à nouveau. Les taches s'étendent jusque dans son cou. J'avais jamais vu ça.

— Quoi, c-comme maintenant ?

Je lève un sourcil et me décolle de la porte.

— Quoi, t'as prévu de le faire dans une dizaine d'année, ton coming-out ? T'es pédé maintenant, oui ou non ?!

Il détourne aussitôt le regard parce que j'ai haussé la voix.

— Je ne pensais pas que ça irait si vite, il fait en murmurant presque. C'est, je suis venu te voir pour m'y aider et tu me demandes de le faire maintenant. C'est, c'est trop dur.

Il mord ses lèvres beaucoup trop fort pour le bien de cette petite peau rosée.

— Si tu suis pas mes leçons, tu dégages.

Je suis sur le point de quitter la pièce en voyant qu'il bouge pas, quand sa main se pose sur mon avant-bras pour me retenir. Ses yeux sont suppliants mais il ne dit rien. Après quelques secondes de mutisme, il inspire un grand coup.

— Je, j'aime... j'aime bien les garçons.

Il a essayé de parler lentement mais sa voix était très basse.

— J'aime bien les poires. Je suis pas poirosexuel pour autant.

Un éclair de déception passe dans ses prunelles et il relâche sa prise.

— J'aime les garçons ? il essaye d'une petite voix.

— Y a du mieux... Mais t'as pas encore réussi la leçon. Dis-moi que tu es gay. Admets-le à voix haute. Utilise les bons termes.

Le visage de Thomas se crispe.

— S-suis gay, il dit en baissant les yeux aussitôt.

— Assume ! Je commence à perdre patience. Ce gosse veut que je lui apprenne à être comme moi ? Qu'il commence à grandir. Arrête de bégayer comme un enfant ! Regarde-moi dans les yeux ! Je me rapproche de lui, si près que nos nez se touchent presque. Crache-le moi à la figure ! Allez !

Ses yeux se relèvent sur moi et se fixent dans les miens. Tout à coup, je sens passer comme un éclair de confiance en lui, il redresse un peu ses épaules et dit lentement, d'une voix normale et presque forte :

— Je suis homosexuel.

Je souris enfin et je me détends, fier.

— Tu vois que tu peux le faire, je lui donne un petit coup de poing sur l'épaule qui le fait reculer légèrement. À demain, j'embrasse sa joue pour le simple plaisir de le voir rougir encore et je sors sans regarder derrière moi.

***

Le lendemain matin lorsque j'arrive au lycée, Thomas est assis sur un banc à l'entrée et pianote sur son téléphone. Je me dirige droit sur lui, et reste debout, lui faisant de l'ombre histoire de me faire remarquer, bras croisés.

Il ne lève que lentement ses yeux émeraudes, grands ouverts. Son regard se pose sur moi et il ne dit rien.

— Alors ? À qui tu vas l'avouer ?

Je me laisse tomber à côté de lui et sors une pomme de mon sac dans laquelle je croque nonchalamment.

— Je ne sais pas.

Il baisse à nouveau les yeux sur l'engin dans ses mains.

J'attrape rapidement le portable pour voir ce qu'il y fait, le gardant haut dans mes mains pour lire sans être dérangé par ses petites mains qui tentent de le récupérer.

Je découvre l'écran allumé sur une application que je reconnais aussitôt, un genre de site de rencontre gay absolument pas fiable.

— Mais qu'est-ce que tu fous ?! je m'exclame en lui criant dessus. Tu cherches un bon plan cul ?! Tu connais l'âge moyen des types qui fréquentent ce truc ?

— Eh ! Rends-moi ! C-c'est à moi tu ne peux pas ! il dit en se relevant, les mains encore en l'air pour que je ne vois pas plus d'informations.

Je lève le téléphone encore un peu, facilement du haut de mon mètre quatre-vingt-dix, et le fusille du regard.

— Réponds ! Je fronce les sourcils, franchement énervé. Mais quel petit con.

— C'est pas tes affaires ! Je peux faire ce que je veux !

Quelques élèves se sont tournés vers nous, curieux de connaître la raison des cris matinaux qui secouent la grande cour du lycée.

— T'es censé m'obéir ou pas ? Et tu m'as pas promis ton cul en échange de mes conseils ? Je baisse la voix pour pas être entendu, mais la colère est toujours palpable. Quoi, t'as décidé de te dépuceler avant, qu'importe la gueule du mec, pour pas avoir à le faire avec moi ?

Il reste bouche bée et ses bras retombent. Il s'assoit à nouveau sur le banc, muet comme une carpe, puis tend sa main vers moi pour que j'y dépose l'objet, ce que je fais avec agacement.

— Eh, regarde-moi.

Ses yeux papillonnent un moment avant de se reposer sur mon visage, plissés car le soleil est dans sa ligne de mire désormais.

Je souffle, toujours agacé, un brin charmé par sa mine renfrognée, et fais un signe de tête pour lui demander de me suivre à l'intérieur, sans oublier un dernier regard pour ces abrutis qui nous matent, hébétés. Il reprend son sac et passe la sangle sur son épaule avant de me suivre, la tête baissée. On marche un moment, les salles sont presque toutes occupées ou bien fermées. On va finalement s'asseoir dans un escalier peu passant.

— Assis.

Thomas s'exécute et pose ses mains sur ses genoux, bien droit.

— Alors ? Pourquoi Gayd'r ?

Je reste debout devant lui, bras croisés. Le gamin hausse les épaules.

— C'est anonyme, il murmure, et une fille passe à nos côtés en trombe, manquant de tomber dans l'escalier.

— Tu cherches quoi là-dessus ?

— Parler à, à des gens comme moi. Que, des gens à qui je peux dire les choses et qui m'apporteront peut-être p-plus...

Il a la tête baissée mais je peux voir la pointe de ses joues rougies.

— Pourquoi t'es venu me voir si tu préfères te faire prendre par un type au bol rencontré sur un site de cul ? Je siffle, les yeux plissés.

— C'est, je veux juste être tranquille et moi-même. Je suis moi-même, là-bas... il finit en murmurant.

Je me penche, à sa hauteur, lui assis quelques marches plus haut. Je pose les mains de chaque côté de celle au-dessus de lui.

— Tu es toi-même avec des mecs qui te montrent même pas des vraies photos d'eux ? Montre.

— C'est obligé ? Il se tortille sur ses fesses.

— Oui.

Il me tend l'appareil en soupirant, puis rougit lorsque je le saisis entre mes doigts.

Je fais défiler les conversations, en ouvre une et la lis :

Mister Tom : Salut toi !

KennyL : Hey, pas mal ta photo...

Mister Tom : Merci :$

KennyL : c'est vraiment toi ?

Mister Tom : Oui ! T'as pas de photo toi ? J'aimerais bien te voir...

KennyL : tu peux venir me voir en vrai...

Mister Tom : Je préférerais la photo, d'abord :D

Mister Tom : Tu réponds plus ?

KennyL : Ok je t'en envoie une babe... Dis-moi ce que t'en penses ;)

[fichier joint, titre : Mabite]

Mister Tom : :$

Mister Tom : Pas mal :$

KennyL : viens l'essayer...

— T-tu as fini ? Qu'est-ce que tu lis ? intervient Thomas devant moi, l'air hésitant et le cou toujours rougi.

— T'y es allé ? Je grommelle en voyant que la conversation, datant d'y a deux jours, a pas de suite.

— Quoi ? Qu'est-ce que tu as lu ?! il se relève d'un coup, comme un ressort.

— Kenny machin. T'y es allé ? Je répète sans le lâcher des yeux.

Il secoue lentement la tête et s'empourpre encore un peu plus.

— C'est, j'ai décidé de venir te voir, après ça. J'étais pas prêt à le rencontrer en vrai, à cause de, tu sais, il dit en détournant la tête.

— Non.

— De moi, il grommelle.

Il avance sa main et reprend son téléphone d'un geste très rapide puis le glisse dans sa poche arrière.

— T'as rien fait avec aucun type de toutes ces discussions ? Son visage tourne de gauche à droite sans me regarder. Pourquoi ?

— Je saurai pas quoi faire, si, si je me pointais aux rendez-vous. Je suis, je ne suis pas comme toi, tu ne comprends pas.

Plusieurs filles descendent l'escalier et le bousculent en gloussant

— Eh, il est invisible ? Je m'énerve contre elles. (Elles pouffent et me regardent comme si j'étais débile avant de disparaître.) Qui te dit que j'ai jamais été comme toi ? J'attaque finalement en laissant tomber.

— Tu l'as été ? il relève des yeux plein d'espoir sur mon corps, puis sur mon visage.

— Ouais, je m'assois à côté de lui. On a tous été cons un jour, j'étends mes jambes. (Je peux voir qu'il sourit un peu du coin de l'œil, et je fais inconsciemment de même). Si t'as laissé tomber, pourquoi t'étais dessus ?

— Je parle un peu avec eux. Ça m'aide, il ose en me tournant un regard.

— Tu leur dis quoi ? À part les chauffer, je veux dire.

— J-je ne fais pas ça ! Pas, bon. D'accord, il rougit encore et tourne à nouveau la tête en enchaînant ; je sais pas. On parle. Je parle pas à beaucoup de gens donc j'aime leur parler.

— Tu préférerais pas plutôt aller sur un forum normal que sur une appli de cul ? Je hausse un sourcil.

— Ils s'intéressent à moi.

Il se relève tout à coup, comme brûlé par ses mots. Il se poste devant moi et lisse son pantalon serré de ses mains.

— Laisse-les autres s'intéresser à toi. Arrête de baisser les yeux quand on te regarde. Arrête de détourner la tête quand on te parle.

Il hausse ses épaules et sursaute un peu. Je le vois attraper son téléphone avec un air surpris, il le déverrouille et un petit sourire passe sur ses lèvres.

Je peux pas m'empêcher de regarder par-dessus son épaule.

Le téléphone affiche deux nouvelles notifications, un sms d'un mec appelé Méphisto et une demande de discussion de son application.

Je lève les yeux au ciel et hausse encore un sourcil. Puis je souris, ayant une idée en tête...

Il clique sur la demande et le petit son sortant du haut-parleur le fait grogner.

— C'est qui Méphisto ?

— Mon am- hein ? il cache aussitôt son téléphone de ses petits doigts. Je hausse un sourcil avant de ricaner.

— Qui tu connais dans cette école ? (Ses sourcils se plissent et il décide de ne pas me répondre en replongeant sur son engin). Thomas, je gronde. Quand je te parle, tu réponds. (Je me lève). Cafétéria.

Lui reste assis, pianotant sur son portable en bougeant ses pieds sur la marche. Il ne semble même pas m'avoir entendu.

Je serre les mâchoires, vexé, et attrape encore l'objet avant d'avancer d'un pas vif. Il va me suivre, oh ça oui.

J'entends d'ailleurs rapidement ses chaussures claquer derrière moi, suivis de ses protestations. J'arrive plus tard dans la grande salle vitrée ou s'affairent une petite centaine d'élèves.

— Tu connais qui ici ? Si tu me réponds pas je lis ce que t'écris à ton mec.

Il croise les doigts et fait semblant d'être en colère alors qu'il semble plutôt perdu. Il jette un regard à la foule et désigne un groupe de filles après quelques longues secondes.

— Va le dire à une d'entre elles.

— Quoi, maintenant ? Je ne peux pas ! il s'affole.

— Pourquoi ? Quand, si pas maintenant ? Tu crois qu'il y a un bon moment ? Vas-y !

— Mais- mais comment je vais savoir ? Comment je vais savoir si elle va être... compréhensive ? il chuchote en regardant autour de lui pour être sûr que personne ne nous espionne, sans doute.

Je me penche un peu, les yeux fixés dans les siens qui brillent de peur.

— Si elle est pas compréhensive, elle le sera pas plus quand tu feras ton coming out public. Parce que si tu veux être comme moi, tu vas pas passer ta vie à cacher que t'es homo. Tu fais honte à la communauté si tu fais ça. La nana que tu choisiras, au mieux elle s'en doutait, au pire elle te haïra et tant mieux, ça fait du ménage. Va.

— Tu, tu peux venir avec moi ? il demande et sa main effleure très succinctement la mienne.

Je cille, prêt à l'envoyer se faire voir, et mon regard croise le sien. Il est vraiment terrorisé. Il a besoin d'une bouée de sauvetage. Je hoche la tête et ma main migre sur le bas de son dos pour le pousser lentement.

Il finit par trottiner vers le petit groupe et les filles s'arrêtent de parler en nous voyant. L'une d'elle mâche bruyamment son chewing-gum en nous sondant, une autre nous sourit gentiment, une autre encore nous fixe, les yeux écarquillés, et les autres s'empiffrent comme des sauvages.

Je garde ma main dans le dos du gamin, juste histoire de l'encourager un peu.

— Tiphaine ? Je peux te parler, plus loin ? il avale sa salive et garde les yeux sur une des filles.

La fille qui nous matte avec ses yeux immenses nous suit sans trop comprendre, rougissant légèrement. On s'éloigne un peu et je laisse la parole au petit brun.

— Il fallait que je te dise quelque chose. Alors... il me lance un coup d'œil puis se jette à l'eau, les yeux dans les miens. J’'aime les garçons. Je suis gay.

Un petit couinement s'échappe des lèvres de la fille alors que les yeux de Thomas n'ont toujours pas quittés les miens.

— C'est à cause de lui ? Elle demande en fronçant les sourcils, voyant qu'il me regarde toujours et que je fais pareil. C'est lui qui t'a rendu comme ça ? C'est ton mec ? Elle demande d'une voix haut perchée.

Dès que ses yeux se décrochent des miens, je sens que son manque d'assurance revient au galop. Il bégaye à nouveau et le rouge lui arrive aux joues lorsqu'il essaye de répondre à l'autre à côté.

— Et si c'était le cas ? Je demande vicieusement en me mettant derrière lui, posant ma tête sur la sienne et mes bras autour de ses épaules.

Elle hoquette encore et devient plus rouge qu'avant.

— R-rien, rien du tout ! C'est, tant mieux ! Sois heureux, Thomas... Elle finit en baissant les yeux. Fais juste attention avec lui...

Je sens plus que je ne le vois qu'il tourne la tête pour me lancer un regard étonné. Il acquiesce ensuite.

— Tu avais... Autre chose à me dire ? Elle demande en tortillant ses mains.

— Je ne crois pas, ou je te dirai plus tard... On se voit en Espagnol, d'accord ?

— Oui, elle dit avant de filer vers ses copines, prête à leur raconter.

Ça me fait marrer. Il aurait pas pu choisir pire qu'une de ces greluches avares de rumeurs en tout genre, niveau discrétion. Et ok, j'ai pas fait mieux en le touchant comme ça dans la cafétéria bondée. Mais il me faisait pitié aussi, et c'est amusant de le foutre mal à l'aise... Ça le fait rougir d'une façon adorable. Enfin, pas adorable genre, moi je dirais pas des mots comme adorable, c'est juste que j'adore le faire rougir, c'est tout. Évidemment.

— T'es content de toi ? Je demande sans le lâcher. (Il hausse les épaules et il fait un pas en avant, échappant à mes bras. Je me redresse.) Ça t'a fait quoi de lui dire ? Je questionne en me dirigeant vers les comptoirs de salade.

— Sais pas. Peur mais, ça va maintenant. Tout le monde le saura demain, de toute façon.

Je lui découvre une moue boudeuse, les yeux hagards.

— T'as pas d'autres amis qu'elle ? Je prends une assiette. Mange, je paie.

— Ça va, j'ai pas vraiment faim.

— Prends au moins une salade de fruit, un yaourt, quelque chose qui te remplisse l'estomac. C'est important, je gronde. Pose ce que tu veux sur mon plateau, j'avance.

Durant mon parcours, une petite main passe devant mes yeux et pose une salade de fruit timidement, et ça me fait sourire. Je fais glisser les plats sur le support de fer et me dirige vers la caisse. Je me retourne et ébouriffe les cheveux du petit avant de sortir mon argent et de payer. On se dirige ensuite vers la table où sont déjà affalés quelques potes.

Je m'assois à côté d'eux et Thomas se place à ma gauche, à côté de la grande baie vitrée. Un regard vers lui me permet de voir que ses cheveux bruns sont tout en pagaille maintenant et qu'il regarde les mecs avec qui on s'est installés.

— C'est qui ? Demande Kyle avec un brin d'agressivité, puis une grimace quand il reçoit un coup de pied de Harry.

— Eh, mais c'est le dessert d'hier... S'amuse Lydia. Il était bon ?

— Délicieux, je réponds en posant la salade à côté de Thomas.

— Pourquoi il mange avec nous ? Recommence Kyle en tirant la gueule.

— La ferme, je réponds avant de me tourner vers le garçon. Ça va ? Tiens, je lui tends une fourchette et commence à manger ma salade.

— Alors, c'était quel genre de dessert ? Réattaque Lydia, le sourire aux lèvres en nous regardant alors qu'elle apporte une cuillère de fromage blanc à sa bouche.

— Du genre... Tarte au chocolat. Tu vois ? Mais tarte au chocolat réservée aux Will, je lui souris, malin.

— Tes desserts mangent pas avec nous d'habitude, bougonne Kyle en enfonçant sa fourchette dans son steak.

— Je peux toujours partir, si je te dérange, intervient tranquillement Thomas, sans bégayer et d'une voix plutôt assurée.

Je relève des yeux étonnés sur lui. Maintenant il sait parler ? Il sait parler genre que quand il se fait agresser ou quoi ? Pourquoi il bégaie constamment avec moi ?

— Tu déranges pas va. Mange, je lui dis avant de sortir mes pilules de ma poche.

Sa fourchette pique un bout d'ananas et il l'apporte à sa bouche pour le suçoter tandis que je demande à ce qu'on me passe le pot à eau.

J'étends les trois médicaments, me verse un peu d'eau dans mon verre, et les avale d'un coup avant de continuer à manger silencieusement ma salade.

— T'aurais mangé avec qui sinon ? Je demande par curiosité.

— Je mange chez moi, ou dehors, d'habitude. J'aurais trouvé quelqu'un, t'inquiète pas, il dit, les yeux sur sa coupelle.

— Ouais. Je m'inquiète pas, je réponds en buvant encore un peu d'eau sous les regards de mes amis.

Lydia s'empresse de combler le silence.

— Comment il s'appelle, d'ailleurs ? Tu t'appelles comment ?

Il ouvre la bouche mais n'a pas le temps de répondre.

— Thomas, je rétorque pour lui. Il est mignon, non ?

— Très. Très très très. Il est chou, elle papillonne de ses longs cils noirs.

Harry sourit à ses côtés et Kyle grogne, le nez sur son steak.

— Il t'intéresse ? T'es bi ? Je me retourne vers Thomas.

— Quoi ? il s'étonne en regardant à droite à gauche.

— Thomas. T'aimes aussi les filles ou que les mecs ? Je répète lentement en le regardant.

— Euh, les filles me... Non, ça va, j'aime encore bien les filles, il rougit en me regardant avant de fixer à nouveau ses yeux sur sa coupe. Je hausse les sourcils et Lydia rit comme une baleine.

— Alors je pourrais t'intéresser ? Elle ronronne en lui faisant ses yeux de chat.

— Peut-être pas... toi, il rit un peu en relevant sa tête vers elle.

Son visage est encore super mignon et adorable. À mon tour d'éclater de rire sous la déception de la blonde.

— Essaie encore ! Je me fous de sa gueule.

— C'est quoi ton genre alors ? Elle demande, vexée, et j'écoute avec attention.

— Peut-être... Comme les filles plus réservées et petites. Ma copine était comme ça. Je ne sais pas. Mais tu es très belle et, ça te va bien, il hoche la tête et enfourne une cerise confite.

Je le regarde, complètement déprimé. Réservée et petite, hein ? Je vais lui en foutre, de la copine réservée et petite, pour un mec qui se dit gay. Je me lève d'un coup sans même m'en rendre compte et me casse avec mon plateau.

Quelques personnes tournent la tête sur mon passage, et je me gêne pas pour les reluquer de la même façon. Je pose mon plateau au self et quitte la cafétéria, franchement énervé.

***

Deux heures plus tard, je suis toujours autant en colère, sans vraiment savoir pourquoi. Je ressasse le genre de fille de Thomas, en déchiquetant un bout de papier. J'essaie de prêter attention au cours d'anglais. Je vais aller voir Kyle, tiens, ça me fera du bien. Ouais, je vais faire ça après les cours. Rien de mieux qu'une bonne baise pour repartir du bon pied.

Quand je relève la tête pour lancer une boulette dans la poubelle de derrière, je vois Tiphaine, la fille de tout à l'heure, assise à quelques chaises de moi. Je l'avais jamais remarquée. Elle me regardait mais maintenant elle a détourné les yeux.

— Un problème ? Je lui demande, toujours énervé.

C'est peut-être son genre, cette fille, hein ? Elle fait comme si elle ne m'avait pas entendu, ou bien elle n'a vraiment pas saisi mes paroles, je m'en fous, et continue d'écouter la prof qui s'approche.

Je serre les dents et lève les yeux au ciel avant de refaire face au tableau. Le cours est monotone, j'ai juste envie de rentrer chez moi.

La cloche sonne à un moment inespéré ; j'allais finir par m'endormir sur la table. Je me lève, bougonne, grommelle, parle dans mon semblant de barbe, et rassemble mes affaires. Je regarde pas où je vais une fois en dehors de la classe.

Lorsque j'arrive dans la cour, mon regard tombe sur Thomas, assis sur le banc à côté des arbres, à l'opposé de ce matin. Il est sur son téléphone. Je me dirige droit vers lui.

— Fin de la leçon un. Va dire à n'importe quel inconnu que t'es gay. Tu m'as dit gay, pas bi ! Tu m'as pas dit que t'avais eu une co-, je m'arrête et comprends enfin que mon agacement de la journée est dû à ça.

Ses yeux verts se relèvent lentement sur moi, de mes pieds jusqu'à mes cheveux.

— Tu croyais que je n'avais jamais eu personne ?

— Ouais, je m'assois à côté de lui. Encore moins une fille.

— Je n'ai jamais eu de garçon.

— Pourquoi tu m'as dit que t'étais homo alors ? Pourquoi des sites de gay, pourquoi dire que tu veux assumer autant que moi si les filles te vont très bien ?

— Elles ne me vont pas très bien. Après ma copine, je regardais beaucoup plus les mecs. J'ai envie des mecs. J'apprécie les filles, il dit d'une traite, le regard au sol.

— Mais t'as dit que tu les aimais petites et réservées. Tu vois beaucoup de gays qui ressemblent à ça ?

— Moi ? il ose dans un petit couinement. C'est pas pareil pour... pour les gars. J'ai pas les mêmes critères, il relève les genoux et pose ses pieds sur le banc pour entourer ses jambes de ses bras.

— Pourquoi ?

Thomas hausse les épaules et ne semble pas décidé à répondre. Pourtant, après quelques courtes secondes, il reprend.

— C'est comme ça.

— Qu'est-ce que tu recherches ?

— Quelqu'un de fort, il souffle.

— Tu veux pas... Devenir fort par toi-même ? Sa tête se secoue de droite à gauche entre ses genoux.

— Pas autant que ça. Juste, pouvoir être moi dedans et dehors. J'essaie, tu sais, fait sa voix un peu étouffée.

— Tu feras du chemin. À ton rythme. Tu bégaies plus, je souris.

— J'ai envie.

— Tu l'as avoué. Ta copine, ton ex, elle est dans l'école ? Il secoue la tête entre ses genoux.

— Ok. Tant mieux. Elles le prennent mal en général, je repense à mon expérience en souriant. Tu te sens prêt à ce que tout le monde soit au courant demain ? Il relève le regard sur moi.

— Je n'ai pas le choix, n'est-ce pas ? Au moins, tu auras rapidement fait ton travail, il rit un peu, le coin de la bouche remonté.

— Mon travail est très loin d'être fini, je souris en coin.

— Je sais. Et il faut que tu couches avec moi, aussi. Pourquoi tu as demandé ça ? C'est ton truc ?

Il a parlé avec assurance mais ses joues se sont tout de même colorées.

— Peut-être que c'est mon truc. T'as accepté, alors qu'est-ce que ça change ? Je regarde devant moi.

— Rien. C'est, tu étais un modèle pour moi. Comme, vraiment. Ça m'a fait bizarre que tu demandes ça. J'étais un peu déçu, il hausse les épaules. Tant mieux si c'est ton truc.

Il se lève et met son sac sur son épaule pour partir.

— Je pensais pas que tu dirais oui. Ça m'a déçu aussi, je rétorque avant de partir de mon côté.

Je vois Harry et Kyle adossés au portail en train de fumer, ils désignent certaines personnes du menton en se passant leur clope.

J'arrive vers eux, restant un peu éloigné de la fumée, et je leur demande ce qu'ils font, les yeux plissés.

— On mate, rigole Harry en éloignant sa main et son tabac par réflexe pour moi. Et toi ?

Kyle a encore l'air de faire la gueule à côté.

— Je viens mater avec vous, je me marre.

C'est vrai qu'il y a pas mal de gibier ici. Kyle ricane à l'opposé.

— Je croyais que t'étais déjà maqué.

— Si c'était le cas, tu serais le premier à savoir, je rigole. On va chez toi après ?

— Bien sûr.

— Et toi ? Je demande à Harry. Tu veux chercher ici, on reste avec toi en attendant ? Ou tu regardes demain soir au terrier ?

— Demain soir. J'vais rester tranquille, cette aprem. J'ai fini dans une heure, sourit grandement mon ami en écrasant le reste à terre.

— Tu finis quand Kyle ?

— Dix-sept. Tu viens direct ? J'ai l'impression que tu pourras pas attendre de toute façon.

Il sourit malicieusement et tape dans mon épaule de la sienne en approchant, sa main glisse jusqu'à mon cul.

— Vrai. On se retrouve chez toi, je réponds avec un air évocateur avant de repartir pour ma dernière heure.

Lorsque j'entre dans le cours de sciences, je sens que ça va être long. La prof a l'air à cran et tout le monde parle joyeusement. Finalement, l'heure est super intéressante, on fait des schémas sur l'immunologie dans la bonne humeur et j'aime ça. Je ressors avec le sourire aux lèvres, prêt à aller me défouler chez Kyle.

Arrivé devant sa porte, je sais qu'il arrive pas avant une demi-heure, alors je m'assois par terre dans le couloir et commence à lire La mécanique du coeur de Mathias Malzieu.

Je ne relève les yeux que lorsque j'entends Kyle se racler la gorge devant moi, il est en train d'enlever sa veste.

Je tends la main et il me relève. Les siennes viennent aussitôt appuyer sur mes fesses pour me serrer à lui, et je souris en coin.

— C'est toi qui prends aujourd'hui, je lui murmure alors qu'il ouvre la porte sans me lâcher.

Il nous pousse à l'intérieur et referme rapidement.

— Tu me parais bien frustré, heureusement que je suis là... il murmure en mettant son visage dans mon cou. Ses mains malaxent encore mon cul, je sais qu'il adore ça.

— Mh, ouais... Je me laisse aller et rejette la tête en arrière en souriant, je me laisse faire parce que je sais qu'il aime ça.

— Tu me fais tant envie, il grogne en remontant un peu plus mes fesses. Allez, je le veux maintenant, il s'impatiente en me voyant ne rien entreprendre.

— Canapé, je dis seulement en déboutonnant mon jean.

Il me lâche et s'y précipite en enlevant son pantalon en chemin.

Je me marre, il est tellement pressé. Je sors une capote de mon porte-feuille et l'enfile rapidement.

— A quatre pattes, je continue, amusé de voir qu'il ferait tout pour être pris le plus vite possible.

Il se place et tortille du cul en haletant comme un chien pour m'inciter à me dépêcher.

— Grouille. J'y ai pensé pendant tout le trajet jusqu'ici, putain. J'ai jamais été aussi vite ! je ris encore et me mets derrière lui.

— T'en as envie, hein ? Je tape sa fesse et y plante légèrement mes ongles.

— Ça fait trop longtemps. Bien sûr que j'en ai envie, du con.

Il se penche pour rapprocher ses fesses de moi, comme s'il croyait être trop loin.

Je regarde son cul, putain, ce type est vraiment un canon. Je m'enfonce en lui d'un coup et je savoure le cri surpris qui franchit ses lèvres avant de recommencer et d'y aller fort d'un coup, parce que je sais qu'on adore ça tous les deux.

Avec Kyle, on a jamais été amoureux. On est sortis ensemble, on a découvert le sexe, et on l'a plus jamais lâché. Baiser ensemble, c'est un truc de fou. À chaque fois. On a les mêmes envies et on essaye toujours un peu de repousser les limites. On a décidé de faire notre première fois ensemble et, putain que c'était bon. Court, mais super bon. En plus, ce mec a jamais mal. C'est incroyable, une vraie bête. Il

en redemande tout le temps, et moi pareil. D'ailleurs, lorsque je jouis en lui après un moment, il grogne et s'agrippe au canapé.

— Putain, c'que t'es bon Will, il halète en se laissant tomber sur les poufs sous lui.

— T'es pas mal non plus, je me marre.

— Connard, va. T'adores me baiser. Je suis génial, pas pas mal, il relève le cul et l'agite pour appuyer ses dires.

— Ouais, t'es génial, je confirme avec plus de sérieux. Bon, j'y vais, ma mère m'attend pour le repas, je jette la capote et remonte mon pantalon. Il se retourne pour me regarder et sourit.

— Ça va mieux ? T'es soulagé ? il raille.

— Ouais, ça va. Jusqu'à la prochaine fois, je lui fais un clin d'œil. Il ronronne avant que je ne passe la porte.

— J'attends que ça.

— J'en doute pas ! Je crie avec un dernier signe avant de repartir pour chez moi, à vingt minutes de marche.

Quand j'arrive enfin, je sens l'odeur du repas qui est en train de chauffer. Ma mère arrive direct en me serrant dans ses petits bras.

— T'as pris tes médicaments ?

— Oui maman, comme tous les jours, j'embrasse le haut de sa tête. Je vais me doucher et j'arrive, je rejoins la salle de bain.

J'entends les casseroles dans l'évier derrière la cloison durant toute ma douche. Quand j'arrive, tout est récuré et la table est mise.

Je m'assois, sors encore mes pilules et les prends avec le repas.

Je raconte rapidement ma journée à ma mère, on discute tous les deux et le dîner se passe dans la bonne humeur. On a allumé la télé et on commente les émissions avec complicité.

— Je vais me coucher tôt, ce soir, elle m'avertit alors que je m'installe sur le canapé et qu'elle finit de ranger la dernière assiette dans le lave-vaisselle.

— D'accord. Je m'occupe du ménage, t'embête pas.

— Tout est déjà fait, elle rit. Va plutôt te coucher. J'ai vu que t'avais un devoir demain, elle dit en se séchant les mains avec le torchon.

— Oh, ouais. Merci maman, j'embrasse sa joue et je file dans ma chambre, refermant derrière moi.

Une fois là, sur mon téléphone, je m'inscris sur Gayd'r. Des annonces publicitaires se jettent sur moi dès que je clique sur une icône, montrant par-ci par-là des bites, des culs ou des images animées. J'imagine Thomas dans la même situation que moi et je me dis qu'il n'aurait pas dû voir tout ça.

Je lève les yeux au ciel, déjà agacé, et me crée un compte. Je le cherche immédiatement et entame une discussion avec lui. Il dit que sur ce site, il est lui-même. Je veux le connaître.

Coeuràcorps : Salut.

Il met un moment à répondre. Pourtant, les yeux fixés sur la conversation, je vois qu'il est en ligne plusieurs fois, se déconnectant entre chaque passage. Finalement, je vois qu'il est en train d'écrire.

Mister Tom : Hello

Coeuràcorps : Tu cherches quelque chose ici ? Je peux peut-être t'aider..

Mister Tom : Je crois que je viens de trouver ce qu'il me manquait... ;)

Coeuràcorps : vraiment ? Tant mieux... :) Y a des trucs en particulier que t'aimes ?

Mister Tom : Ton pseudo

Coeuràcorps : Ravi qu'il te plaise. Il t'évoque quelque chose ?

Il met plusieurs secondes à répondre cette fois, chose qu'il n'avait pas fait depuis son premier message.

Mister Tom : Tu viens de t'inscrire ? Ton profil est vide. T'as pas de photo ?

Coeuràcorps : Ouais, je découvre, t'es le premier à qui je parle. Je suis en train de le remplir là. T'as d'autres photos toi ?

Mister Tom : Bien sûr que j'en ai d'autres. Pourquoi me faire un tel honneur ?

Coeuràcorps : j'aime ta photo de profil...

Mister Tom : Est-ce que on se connait ? Je te préviens, si c'est TOI, je te bloque.

Coeuràcorps : de quoi tu parles ? Si on se connaissait tu serais déjà dans mon lit

Mister Tom : Et j'adorerais ça.

Mister Tom : T'es d'où ?

Il devrait pas dire un truc pareil. J'ai même pas de photo putain, il dit ça à tous les mecs ? Il va avoir des problèmes. Je fulmine devant mon clavier.

Coeuràcorps : de Londres. Toi aussi non ?

Mister Tom : Exact. T'es bien renseigné dis moi

Cœuràcorps : tu l'as écrit sur ton profil chéri ;)

Mister Tom : Et tu es allé vérifier pour me répondre chéri ;)

Cœuràcorps : non ! Je connais déjà ton profil par cœur. Sympa ta petite présentation d'ailleurs... Quand tu dis que tu veux essayer pleins de nouvelles choses, tu parles de quel genre de choses ?

Mister Tom : C'est une proposition ?

Coeuràcorps : peut-être...

Mister Tom : Envoie-moi ta photo, alors

Coeuràcorps : t'es axé physique ? Attends, je finis de valider mon profil.

Putain, il est chiant. Tiens, je vais mettre que j'ai vingt-sept ans. Préférences... Euh, homme cherche homme, plans à plusieurs, libertinage. Ouais. Je vais mettre une photo de mon tatouage, elle ira bien avec mon pseudo. Valider. Voilà.

Mister Tom : Et avec ce profil, tu vas me dire que tu as besoin de ce site et que tu me trouves bien ? Je rigole derrière mon écran là.

Cœuràcorps : pourquoi tu dis ça ?

Mister Tom : T'as l'air glauque

Putain, je vais le tuer.

Cœuràcorps : pourquoi glauque ?

Mister Tom : T'as 27 ans, mec. Va chercher ailleurs et laisse moi tranquille, je te crois plus.

Coeuràcorps : t'as 18 ans, je vois pas en quoi ça te dérange que j'en aie un peu plus, j'ai le droit d'aimer les jeunes... Mais ok.

Mister Tom : C'est pas le problème, tu viens de t'inscrire, tu me parles direct et après tu mets ces trucs sur ton profil. C'est suspect. Mais ok, passons. Qu'est-ce que t'attends de moi, au juste ?

Il a l'air d'avoir tapé rapidement, le message a été envoyé en moins d'une minute. Et à côté, je reçois des dizaines de messages d'autres types en rut. Quel site de merde.

Coeuràcorps : je te parle parce que t'étais en ligne et que j'aimais ta photo, c'est tout. Si je suis glauque et que tu me crois pas, laisse tomber. Ces sites sont pas faits pour se prendre la tête.

Putain, si c'est ça être lui-même, je vais vite lui taper la tête contre les murs. Et il me répond pas après ça, le con. Je me déconnecte avec rage et décide d'aller me coucher. Il m'a saoulé.

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