Septième leçon - partie 2
Il m'emmène jusqu'à Cumberland Street, un petit quartier qui a l'air tranquille, avec pleins d'appartements vieillots et typiques d'ici. Ça semble plutôt huppé, pas autant que chez mon petit brun non plus. Il me montre une adresse, me dit que Méphisto habite au troisième, sous les toits. Cool.
Je me gare devant le jardin et coupe le moteur, j'appréhende un peu mais je suis content de voir qu'il a l'air d'avoir hâte. Ses bras se serrent sur mon ventre et son torse se plaque fort à mon dos.
— On y va ? j'entends dans mon casque, de sa petite voix.
Je caresse sa main avec mes gants et j'acquiesce. Je le laisse descendre et je fais de même, j'enlève mon casque. Je range le tout et je l'approche de moi pour l'embrasser.
Avant de coller ses lèvres aux miennes, il me murmure de pas oublier que leurs parents sont amis, une fois à l'intérieur. Il sourit, puis m'offre sa bouche. Je la prends, possessif. Ok, Will, tu feras pas de connerie devant eux. On sonne et on attend.
Rapidement, la voix de Julia fait écho à celle de Méphisto et ce dernier est en bas pour nous ouvrir, un grand sourire sur les lèvres en voyant Thomas.
— Alors, il pouvait pas attendre de me revoir ? il dit sur un ton enjoué avec sa superbe voix grave, le torse contre le mien et la main tapant mon épaule dans une accolade.
Ensuite, il va prendre mon brun dans ses bras, les mains dans son dos qui le font presque décoller du sol.
Ne sois pas jaloux, ne sois pas jaloux, il aime les filles, il aime les filles, j'arrête pas de me répéter en souriant de toutes mes dents.
— On peut entrer ? On pue, on a besoin d'une douche, je ris.
— Ouais, bien sûr, il se décolle et marche vers la grande porte de l'immeuble. Y a que Julia et moi, ma mère est partie à son truc de gym là tu sais, il lance à son ami, mon copain.
— Ah ouais ! J'avais oublié. T'as vu, elle sera pas là ! complète Thomas pour moi et je saute de joie.
Pas de parennnnnts !
Une fois dedans, je découvre. L'appart est sur deux étages, j'imagine que les chambres sont en haut.
— Je t'avais parlé de notre voyage en moto, c'était super cool ! s'enthousiasme mon brun.
— Ouais, super cool... Je souris en le ramenant contre moi.
— Vous avez fait quoi ? interroge Méphisto, dos à nous en train de ranger des restes de repas sur la table basse.
— On a roulé. On est allés à Hull et au-dessus de Dundee. On a dormi la bas sous tente. T'en as parlé ? Je m'étonne vers Thomas.
— Bah, ouais. Pourquoi pas ? il me regarde avec les yeux grands ouverts.
— Je sais pas. C'est bien. T'as dit quoi ?
— J'ai dit qu'on partait quelques jours en moto, il hausse les épaules.
— T'as dit que ça serait trop génial au moins ?
— Ouais, ça il a dû le dire ! rit Méphisto en se dirigeant vers une porte avant d'y disparaître, détritus en main.
J'en profite pour embrasser Thomas, en le poussant un peu contre un comptoir de la cuisine.
Ses mains viennent se lier dans mon cou alors qu'il picore rapidement mes lèvres.
— À moi, je murmure contre les siennes.
— Et alors vous restez combien de temps ? fait la voix forte de Méphisto, qui semble s'approcher, à travers la porte, suivi de bruits de pas rapides dans l'escalier de l'autre pièce ; Julia.
Je m'éloigne juste un peu et je lui souris en passant une dernière fois ma langue sur sa bouche.
— Le temps que tu veux, je lui murmure en me reposant à côté de lui.
Méphisto entre et Thomas lui sourit de toutes ses dents.
— Pas de limite. Qu'est-ce qui t'arrange ? On a jusqu'à vendredi soir.
Julia arrive à ce moment-là, toute contente, et va serrer mon brun entre ses bras en me disant bonjour au passage.
— On peut même partir samedi matin, mais du coup on prend la journée pour rentrer.
— Nan, on fera une halte tous les deux. On a jusqu'à vendredi soir, répète Thomas en éloignant la jeune fille.
— Oh. Ouais, ok, je souris.
Trop content.
— C'est comme vous voulez. Vous pouvez rester jusqu'à vendredi, mais j'ai hand le matin moi. Vous pouvez venir aussi. Ou même repartir ce soir, comme vous voulez ça ira.
Thomas se tourne vers moi.
— Ouais. Bah... On verra ! Je ris. Tant que j'ai ma douche...
— Regarde-le, ce profiteur ! rit mon copain. Il veut seulement se laver, j'te jure, il roule des yeux et s'approche de Méphisto. Il peut prendre la salle de bain du haut ? J'lui montre tout et je redescends.
Son pote acquiesce et nous envoie un sourire.
— Il redescend pas tout de suite, il doit se doucher aussi, je minaude.
Thomas plisse les yeux vers moi, puis regarde à nouveau son pote.
— Ouais. J'attendrai peut-être en haut pour aller plus vite, alors. On se dépêche t'inquiète.
— Je peux lui montrer, moi ! intervient Julia en m'observant de ses grands yeux.
— Euh, ouais, euh... Je regarde Thomas, comme si on m'avait arraché une sucette. Naaaaan fais quelque chooooose.
Méphisto me lance un sourire en coin.
— Ouais, elle pourrait te montrer. Comme ça je peux rester avec Tom.
Je le fusille du regard.
— Ouais. Reste avec Tom. Je fais très vite.
— Ok on y va ! enchaîne tout de suite la petite en prenant ma main pour me tirer hors de la pièce. Lorsque la porte se referme derrière moi, j'entends leurs deux rires depuis l'autre côté de la cloison.
Je suis trop déçu. J'aurais pu le smiley deux points trois dans cette douche, ça aurait été trop bien. J'vais pleurer. Je me laisse tirer perdu dans mes fantasmes jusqu'à une porte à l'étage.
— Voilà c'est là ! fait Julia, toute fière d'elle. Tu t'appelles Will, c'est ça ? Je m'en souviens ! Tu veux des serviettes ? C'est là ! elle désigne le meuble.
— Merci Julia. J'vais me débrouiller. Top. Je me dépêche.
— Tu me dis si t'as besoin de quelque chose ! elle continue quand je la mets à la porte.
Je me retrouve enfin seul. Putain, cette douche a aussi des buses massantes. On vit pas dans le même monde. Ça va être dur de sortir. Avec Thomas ça aurait été trop bieeeeen je vais encore pleurer.
Finalement j'arrive à sortir après dix minutes de bonheur pur sous une eau chaude parfaite. J'ai utilisé le gel douche et le shampoing qui appartiennent sûrement à Méphisto, ça a son odeur d'ailleurs, et je sors enfin, emmitouflé dans une grosse serviette épaisse et confortable. Et j'ai pas de fringues propres avec moi. Le con. Quelqu'un toque à la porte pendant que je me frotte pour me sécher.
— Tout va bien ? c'est la voix de Méphisto.
— Ouais. Ouais ça va. Juste... Je soupire.
— Tom est parti te chercher ton sac, t'avais laissé les clefs de la moto dans la cuisine.
— Ah, ouais, top. J'ai pas de fringues, j'ouvre quand même la porte. J'ai essayé de pas mettre trop de bordel. Et de ranger. J'ai utilisé tes produits.
— Ok ça va. Julia t'a pas trop emmerdé ?
— Nan nan. Elle a été adorable, j'essuie un peu l'eau qui roule sur mon visage depuis mes cheveux avec ma serviette qui remonte jusqu'à mon menton.
— Elle t'aime bien.
— Ouais, les gosses m'aiment bien, je ris.
— T'es un beau mec, c'est normal.
— Ta sœur a quoi, huit ans ? Je me marre. C'est pas une question de physique à cet âge.
— Dix. Et si, c'est le physique. T'es pote avec Tom, qu'elle a toujours connu ou presque, et t'es beau. Elle t'admire. Elle a fait que me parler de toi la dernière fois qu'on s'est vus, il rit, d'un rire rauque comme sa voix.
— J'ai une amoureuse alors ? Je rigole en m'appuyant contre le chambranle.
— Peut-être bien.
— Cool. J'ai jamais eu d'amoureuse fille.
— Lui dis pas ça, elle va te coller encore plus, il rit à nouveau et fait un pas en arrière. Besoin de rien d'autre alors ?
— Juste Thomas.
— Il va arriver.
— Ouep.
Je regarde mes pieds. Pff, c'est vrai qu'il est beau ce con. Et qu'il a une voix hypnotisante.
Quand je relève les yeux, c'est seulement Thomas que je vois marcher dans le couloir, nos deux sacs sous le bras. Il entre dans la salle de bain et pose le tout à terre.
— Top ! Merci ! Je souris.
Il est là. Il m'a manqué durant ces quinze minutes d'absence.
— Idiot va. Heureusement que je suis ta tête, il dit en fermant le verrou avant d'enlever sa veste.
— Ouais. Moi je suis le reste, je minaude en laissant tomber ma serviette, et je l'attire à moi.
Il sourit en secouant la tête. Ses mains essayent de descendre pour attraper les pans de son tee-shirt, mais je m'en occupe pour lui en caressant sa taille. Je l'enlève et je tire les pans de son jean avant de le déboutonner.
Il m'embrasse rapidement en remerciement. Je le débarrasse finalement de tous ses vêtements et je l'enlace de nouveau. Être nu contre lui, y a rien de mieux.
Ses bras sont passés par-dessus mes épaules et ses mains doivent être nouées derrière ma tête, le visage dans mon cou pour me câliner.
— Je voulais me doucher avec toi... Je lui murmure.
— La prochaine fois, il pose un baiser dans mon cou et s'éloigne. Il faut que j'y aille, moi.
— Ouais. Tu pues toujours, je me moque en me baissant pour atteindre mon sac.
— Plus pour longtemps.
Il va jusqu'à la douche, ferme les battants et allume l'eau depuis la grande pomme de douche en hauteur.
Je le regarde faire en bénissant la vitre transparente alors que j'ai mis un nouveau jean - toujours sans boxer.
L'eau ruisselle sur son corps et il passe la main dans ses cheveux, dos à moi et je regarde tout ça bouche bée et même béat. Le paradis existe et c'est Thomas.
— Elle est super sa douche ! il fait en tournant un bouton qui envoie de l'eau sous pression sur ses cuisses.
— Ouais... Je réponds, perdu dans ses courbes.
— Ça va ?
Il se tourne à demi, les sourcils froncés.
— Ouais. Super, je souffle en reprenant mes esprits. Je vais descendre. Juste histoire, t'sais. De pas te sauter dessus dans la seconde.
Son rire résonne dans la pièce.
— C'est vrai ? Tu peux même pas rester avec moi ? On pouvait pas se doucher ensemble alors.
Il attrape le shampoing et s'en met dans la main, puis sur les cheveux.
— Si, mais on se serait sûrement pas juste douchés...
— Sûrement pas, il me lance un regard coquin puis se tourne à nouveau.
— Sûr que oui ! Je m'offusque. J'y vais. T'es trop sex ruisselant d'eau comme ça.
Il rit encore.
Je mets rapidement un pull, prends les affaires dont il aura pas besoin et quitte la pièce.
— Eh, Méphisto, tu sais où je peux mettre tout ça ?
Il était dans le salon, devant la télé. Sa tête se tourne vers moi pour me répondre.
— C'est quoi ?
— Nos affaires, si on dort ici.
Il se relève.
— Vous dormez tous les deux dans la chambre d'amis ?
— Ouais.
— Viens.
Je le suis dans l'appart, la chambre est en bas, à côté d'une autre, et il me dit de poser les affaires au pied du lit.
— Merci, je fais ce qu'il dit.
Je sais qu'ils parlent beaucoup les deux. Je me demande si Thomas lui a dit qu'on était ensemble ou s'il attendait de le voir en vrai, ou de le surprendre.
— À côté, c'est la chambre de mes parents. La salle de bain et les toilettes sont un peu plus loin, c'est les seules portes, il m'indique en ressortant. Il se douche ?
— Ouais, je le suis. Ça dérange que je sois là ? Je veux dire, que Thomas vous rende visite c'est cool et normal. Moi je vous connais à peine.
— Nan ça va t'inquiète. Il fallait bien que quelqu'un l'emmène, le petit ! Puis on va pas te mettre à la porte maintenant.
On se dirige vers le salon.
Ses mots sont moyennement rassurants. Mais je vais garder le côté "ça va t'inquiète." Je m'assois sur le fauteuil et soupire d'aise. Confortable.
— Tu veux un truc à boire ? Tom m'a dit que vous étiez partis dès qu'il est revenu. Ça fait pas mal de camping et de route.
— Ouais. Ça s'est fait à la der...
— Tu fais souvent ça, nan ? Chez lui aussi, il me fait remarquer, debout devant moi, bras croisés.
— Ouais. J'aime bien les trucs à l'arrache. Ça fait les meilleurs souvenirs, tu crois pas ?
— Mh, ouais... Peut-être.
— Tu l'as déjà fait ?
Il hausse un sourcil.
— Partir en moto avec lui ?
— Partir à la dernière minute sans savoir où aller, avec juste un sac à dos.
— Pas vraiment, non. J'aime bien savoir comment les choses sont réellement avant de m'engager. Je réfléchis beaucoup, il me fait un petit sourire et j'entends des pas dans l'escalier. Je vais chercher à boire, il finit et disparaît.
— Hé ! J'ai fait vite !
— Ouais, super vite. Bravo. Viens là, je dis à mon copain en tapotant mes cuisses. Il s'approche en frottant ses cheveux.
— Elle est vraiment super cette douche. J'aime trop l'utiliser. J'y passe des heures normalement, avec le chauffage et tout ça, il fait en se plantant devant moi.
— Ouais j'avoue. On pourrait vivre dans cette douche, je ris.
J'attrape ses jambes pour le rapprocher. Il finit debout entre mes genoux et me regarde d'en haut.
— Que tu es bizarre... il se moque. Il est où Méphisto ?
— Prendre à boire. Tu lui as dit ? (Il penche la tête). Que tu fais du tennis, maintenant ?
— Que je joue avec ta raquette.
Le coin de ses lèvres s'étire et un petit rougissement apparaît sur ses joues.
— Pas ça, non.
— Il sait pas qu'on est ensemble.
Des bruits d'ustensiles et de portes qui se ferment proviennent de la cuisine.
— Si, il sait.
— Mais il sait pas jusqu'où t'es allé. C'est ça ? Thomas hoche la tête, les yeux dans les miens. Ok. Alors tu peux venir m'embrasser. On s'en fout d'être surpris, je murmure avec un léger sourire.
Il se penche et dépose un baiser rapide sur mes lèvres.
— Julia est dans la maison.
Méphisto pousse alors la porte, plateau en main.
— Ouais. On fera attention pour elle, je souris encore en l'embrassant de nouveau rapidement.
Thomas s'éloigne vite quand son pote s'avance vers nous.
— Tu veux de l'aide ? il demande, et Méphisto secoue la tête.
Je hausse un sourcil. Il est quand même mal à l'aise alors. Il veut pas que Méphisto nous voit comme ça ? C'était qu'un petit bisou... Je me lève aussi du coup, et quand il pose les verres et les boissons je demande qui veut quoi, histoire de me rendre utile.
— Jus d'ananas, répond le premier, tandis que mon copain s'assoit sur le canapé en demandant le sirop au mojito.
Je m'occupe de ça et je me sers la même chose. Je me rassois et les regarde en silence.
— T'avais prévu un truc ces jours ? Je demande au bronzé.
— Hand, demain. Sinon rien. On peut sortir cet aprem’ si vous voulez. On mange en ville, il est déjà tard.
Thomas hoche vivement la tête à ma gauche, aspirant son liquide transparent à la paille.
— Ouais. Je suis jamais venu ici. Ça me permettra de visiter.
— On a qu'à aller au musée de l'illusion ! s'exclame mon brun, le regard pétillant tourné vers son pote.
— C'est quoi ? Je demande, intrigué par le nom.
— C'est une espèce de bâtiment dans lequel y a tout un tas de trucs en rapport avec les illusions. Un labyrinthe de miroir, des tableaux qui bougent, des trucs du genre. Et tout en haut y a une camera obscura, c'est un truc super vieux qui permet de voir tout ce qu'il y a autour dehors grâce à un jeu de miroirs.
— Oh. Ouais. Ça a l'air pas mal.
— Tu veux ? Mon copain reporte son attention sur moi.
— Ouais, carrément ! Ça peut être marrant ! C'est loin ?
Les gars me répondent et une demi-heure plus tard on marche dans les rues, accompagnés de Julia, une pizza cornet ou des fish&chips à la main.
— Oh ! Thomas tourne le regard vers moi. T'as pu te rhabiller ? Genre, complètement ? il me dit bas.
À sa gauche y a Méphisto et Julia, et personne à côté de moi.
— Nope, je rigole.
— Et... C'est pas gênant ? il me sourit, les lèvres un peu pincées.
— Ça frotte, je grogne.
— T'aurais dû me le dire. On t'en aurait passé un, au lieu d'être... Comme ça, il fait un geste vers mon entrejambe.
— T'aurais voulu que je mette un boxer de Méphisto ?
— T'aurais pas voulu ? Il croque dans sa pizza en me regardant.
— Nan. Je préfère encore être à moitié à poil que t'imaginer avoir envie de moi dans ses fringues.
Il baisse les yeux au sol et on continue de marcher. J'attrape sa main libre. Pile à ce moment, Julia accélère le pas et tourne les yeux vers nous.
Je lâche mon copain en soupirant et je regarde un peu la vue. Les quartiers ressemblent au vieux Londres. Thomas se met alors à discuter avec Méphisto et moi je regarde Julia marcher guillerettement devant.
— On y est bientôt ?
Personne répond, trop occupés à parler entre eux. Ils se sont rapprochés et je me rends compte que je suis presque carrément seul, maintenant. Okay. Pas grave. Profite de la vue Will. T'es pas exclu, ils se voient juste moins souvent... Je continue d'observer les vieilles bâtisses et les grands pavés, et j'entends au loin des types qui font de la cornemuse.
— On est où là ? Je demande, hésitant.
Ils sont tous devant moi maintenant. Thomas tourne la tête en m'entendant, le bras croisé avec celui de son pote.
— On est où, Phélès ? il lui répète.
— On arrive pas loin de la place du château, on est à dix minutes. On va entrer dans le vieil Edimbourg, le plus beau coin.
— Oh. Okay. On pourra visiter le château après ? Mon brun regarde encore le bronzé en attendant sa réponse.
— Si on a le temps on peut ouais. Je l'ai jamais visité encore, Thomas lui sourit puis s'éloigne. Il reste sans bouger sur le trottoir pour m'attendre, et je fais quelques pas rapides pour le rejoindre. Je lui demande encore sa main, plus timidement.
— J'ai envie de te toucher... Il a l'air d'hésiter, puis soupire et entremêle nos doigts.
— Ce que tu me fais pas faire, il me murmure.
— Ça te dérange vraiment ? J'hésite.
— Ben... Elle pourra pas tenir sa langue.
— Et ça te gêne ? Je croyais qu'ils savaient toute façon.
Il me regarde, soupire et hausse les épaules. On avance un peu plus vite pour arriver au niveau du deuxième brun.
— On dort avec toi ce soir Phélès ? demande Thomas gaiement.
Je le lâche et regarde encore autour de moi. Effectivement les bâtiments deviennent plus imposants, la pierre est plus foncée, le style plus gothique. Ça monte pas mal, on arrive dans des rues pavées, avec en leur milieu des souffleurs de feu, des violonistes sur des câbles et des humoristes. L'ambiance est à la fête au centre de la vieille ville.
Thomas et l'autre se sont remis à parler une fois que Méphisto lui a répondu, mais ils sont encore à côté de moi cette fois. Je traîne un peu des pieds, j'observe autour de moi. La ville a du charme. On arrive devant un endroit où Méphistophélès s'arrête.
— C'est là ! Julia sautille ; elle se réjouit, elle l'a jamais fait.
On est en fait à deux-cent mètres à peine du château. La jeune fille et son frère partent pour payer une fois que mon copain leur a donné l'argent pour nous deux. Il s'est rapproché de moi, on attend adossés à un muret.
— T'as fini de faire la tête ? il me dit, posté juste devant moi.
— Je sais pas.
Son doigt glisse dans le passant de mon jeans et il me tire vers lui.
— Tu sais pas ?
— T'en parleras quand même ? Quand tu seras prêt. Tu le diras qu'on est ensemble ? Parce que si on doit le cacher ici alors on doit le cacher au lycée aussi et j'ai pas envie d'une relation où on se cache.
Il me relâche et s'éloigne d'un pas. Son air a changé, son sourire est retombé.
— Tu m'as dit qu'on ferait comme je voulais... il dit, bas.
— Ouais. Mais je veux pas que ça dure Thomas... Je, j'ai envie de te toucher tout le temps, je veux pas faire semblant, tu le sais que je fais jamais semblant, c'est pas moi.
Il se recule encore d'un pas.
— Tu veux pas que ça dure ? Ça fait quatre jours ! Tu veux, on a toujours été ensemble devant les gens qu'on a croisé, c'est juste, juste là avec Julia et... Et tu veux pas que ça dure ? il s'éloigne encore, les yeux écarquillés.
— Je me pose la question c'est tout. Je dis pas que je veux que tu le dises à tout le monde demain ok ? C'est pas ce que je dis. Je te demande si tu comptes en parler et quand. Une semaine, un mois, six mois ?
— Mais, mais j'en sais rien ! Je sais même pas si on sera encore ensemble demain, comment tu veux que je sache quand je le dirai ! Il parle plus fort et plusieurs visages se retournent vers nous.
— T'es si peu confiant ? Je demande en fronçant les sourcils. On a intérêt à être ensemble demain Thomas, sinon je vois pas comment tu veux rentrer chez toi.
Sa bouche tombe et ses yeux s'ouvrent encore un peu plus ; une seconde plus tard, je le vois plus. Je me laisse tomber le long du muret et je serre les dents. Ça devait être une bonne journée, une bonne journée avec mon copain. Je suis à ce point pas fait pour être en couple ?!
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