Ah, cette fenêtre, elle n'en finit pas de nous faire travailler les cinq sens...

La vue, par exemple, lorsqu'elle nous révèle, à travers les carreaux opaques d'une salle de bains, les formes voluptueuses d'une jeune femme en train de se laver, scènes animées d'érotisme indéniable, mais laissant les plus malchanceux d'entre nous sur leur faim...

Le toucher, lorsque la vitre est blindée et sépare les amoureux de chaque côté, les poussant à se plaquer de part et d'autre de la paroi, et à se contempler impuissants de ne pouvoir se serrer l'un dans les bras de l'autre, désunis par cet implacable intermédiaire...

L'odorat, lorsque la vitre est propre et " respire " le produit d'entretien ( du moins quand il est d'origine naturel... ), le plaisir de l'observateur n'en est que plus jouissif : les femmes reprennent des couleurs et la nature redevient rayonnante...

Le bruit, lorsqu'elle se casse en mille morceaux, par la suite d'un ballon expédié par un piètre jeune footballeur, retentissant d'un bruit inimitable... Douce mélodie cristalline résonnant aux oreilles... et beaucoup moins, quand on doit payer le vitrier !

Enfin le goût... Difficile d'imaginer ce cinquième sens à propos de la fenêtre, mais imaginons ce qui peut être possible... Une scène de ménage en plein été, par exemple, qui éclate au moment du dessert. Furieuse, l'épouse jette un gâteau en direction du mari. Ce dernier l'esquive, et le dessert s'écrase contre la fenêtre, sous-entendu la ou les vitre(s).

Rien n'interdit de supposer que le dit mari alle lécher les morceaux de gâteau sur la vitre, et que si cette dernière est propre et chauffée aux rayons du soleil, elle ne donne au dessert un goût unique justement... L'hypothèse est alambiquée, mais tout à fait recevable.

Alors que conclure ? Tout simplement que comme les yeux sont le miroir de l'âme, la fenêtre est une porte d'accès au monde extérieur, une ouverture sur des horizons infinis n'attendant plus que l'audace des plus intrépides... Enfin, ne rêvons pas... Bien souvent, la porte-fenêtre ne donne accès que sur un balcon... Et l'aventure n'en devient que plus relative...

Et comme disait le poète : " Plutôt que de regarder par la fenêtre, le mieux c'est de fermer les volets. Quand je suis devant la fenêtre, je m'endors, et je salis mes carreaux si bien nettoyés... "

( Fin )