Le mothman

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4 mars
22h30

A la gendarmerie de Ploatier, l'ambiance était calme. L'officier Thierry Delarme finissait un de ses (nombreux) rapports en retards. Dans un coin de la pièce, son collègue Henry regardait quelques chose sur son ordinateur (un porno pensa Thierry).
A 22H36, la porte de la gendarmerie claqua.
Un homme entra et demanda à voir quelqu'un. Henry fit un signe qu'il était occupé ("branleur" pensa Thierry) et Thierry se dirigea vers le nouvel arrivant.
C'était un homme d'une trentaine d'années (mais vraiment début de trentaine) le genre de personne qui passait inaperçu dans une bande tant son physique etait banal. Ses vêtement étaient tout aussi banals. Un type banal quoi.
La seule chose qui n'était pas banal, c'était son regard, ses yeux. L'homme était terrifié.

L'homme s'appelait Mathieux Sambin (surement de la famille au vieux Sambin qui refusait de prendre sa retraite et de laisser son garage). Quand l'officier Delarme lui demanda ce qu'il lui était arrivé, le jeune Sambin planta son regard dans ceux de Thierry.
- ... Vous n'allez pas me croire... Vous allez penser que je suis fou, que j'ai un boulon qui a sauté!
L'officer Delarme tenta de le rassurer. Même si celà arrivé qu'un toqué vienne pour déclarer qu'il avait vu Jesus dans son hamburger, aucun n'avait cette tronche en arrivant. Mathieux Sambin semblait vraiment en état de choc.
- ... Je rentrais d'une fête à 15 bornes de là. J'étais parti assez tôt parce que... (il secoua la tête, puis estimant que ça n'avait aucun intérêt). Bref, j'arrive au niveau du vieux pond au sud, près de l'ancienne usine. Et là j'ai vu quelque chose qui...
L'homme se prit la tête dans les mains.
-... Putain je ne sais pas ce que c'était! C'était immense, au moins 2m50! ça avait une allure humaine mais ses yeux... Ses yeux étaient immenses! Rouges, des énormes disques rouges qui reflétaient la lumières des phares. J'ai hurlé et j'ai accéléré et là... La chose a déplier ses ailes, s'est envolé complètement à la vertical, sans un battement d'ailes visibles. J'ai tenté de la semé mais même à 150 je la voyais voler au dessus du véhicule. A 150 kilomètres heure elle me suivait!
C'est seulement quand je suis arrivé près de la ville qu'elle a complètement disparut.

Mathieux Sambin regarda l'officier droit dans les yeux.
- Je suis bon pour l'asile hein?
Thierry ne s'attendait pas à ça il devait l'avouer. C'était encore plus délirant que le mec qui était venu y'a deux mois en affirmant que Hitler vivait dans la maison voisine.
- Vous ne voyez pas d'inconvénients à ce que je vous fasse passer un test d'alcoolémie?

Le test d'alcoolémie était négatif.
Le test pour le cannabis était négatif.
Thierry regarda son interlocuteur puis déclara;
- Je reviens dans deux minutes

Il alla voir Henry, qui avait entendu l'histoire folle du jeune homme et avait laché son boulard. Thierry se pencha vers lui.
- Il a un casier le jeune homme?
- Nop je viens de vérifier. Blanc comme neige.
- Tu crois que c'est encore un des toqués de St Antoine? Il a un dossier psy?
- Je vais faire la demande. Mais on ne l'aura pas ce soir.
- Je fais quoi?
Henry haussa les épaules.
- Il a pas picolé ni pris de drogue?
- Visiblement pas...
- Mais il est péter de trouille.
- Complètement. Y a même une trace de pisse sur sa jambe mais je ne suis même pas sur qu'il s'en soit apperçu.
- Prend sa déclaration. On avisera demain.
Thierry grommela un vague "d'accord". Il retourna à son bureau, pris la déclaration du monsieur Sambin, le rassura sur le fait qu'il n'avait plus rien à craindre puis le laissa partir.

Cette histoire délirante aurait pû en rester là...

Cependant le 6 mars, une femme vint à la gendarmerie déclarer qu'ele avait vu une "étrange forme ailées de taille humaine" en rentrant chez elle la nuit précédante près du vieux pont. La "chose" l'aurait suivit sur plus de 600 mètres avant de se volatiliser.
Le 8 au matin, Antoine Bondet amena son adolescent au poste. Le jeune homme, terrorisé, était en train de tager la veille au soir dans l'ancienne usine quand il aurait vu deux disques rouges dans les airs. En ce rapprochant, il avait compris que c'était des yeux qui appartenaient à une "véritable horreure avec des ailes de papillon" qui s'est envolé à la vertical à une vitesse folle quand il n'était plus qu'a cent mètres. Le jeune Bondet avait pris la fuite. Il n'en avait pas dormi de la nuit.
Le 11, Babe Lessiva, une prostituée local vint déclarer que, pendant qu'elle avait un rapport avec un client (dont elle refusa de donner le nom par la suite) dans sa voiture garée près de l'usine, une forme mystérieuse les avait survolé et elle avait vu "deux grands yeux rouge".
Le 17, c'est une habitante limitrophe de l'ancienne usine, Gisèle Selma, qui est venu déclaré que pendant qu'elle observait les oiseaux nocturne à la jumelle ("elle épiait ses voisins la vieille garce"" rigola Henry par la suite) elle aurait distingué "un papillon d'au moins deux mètres de haut" qui volait à grande vitesse.

20 Mars

L'officier Delarme relisait toutes les témoignage enregistrés depuis quinze jours. Certaine information revenaient souvent; les yeux rouges, la grande taille, les ailes de papillon, le fait que ça volait vite... Thierry se gratta le crâne ne sachant plus quoi penser de tout ce merdier.
Henry arriva à cet instant, un livre sous le bras.
- Alors champion? Tu t'en sors avec notre nouveau monstre local?
- Un canular... Je ne vois que ça! Un connard s'amuse à faire peur au gens. C'est l'explication la plus logique.
- Et si ça dépassait la logique?
Thierry regarda son collègue.
- C'est à dire?
Henry lança le livre qu'il avait sous le bras sur le bureau de Delarme. Celui ci lu le titre.
- La prophétie des ombres de John Keel?
- Dans les 70's, aux states, des gens disent avoir vu un truc semblable. Le Mothman ils ont appelé ça. Il aurait été, genre, le messager annonciateur d'une catastrophe, en l'occurence l'effondrement d'un pont qu'a tué 46 personnes. Le livre en parle...
Il jeta son chewin gum à la poubelle.
-... Bon il dit aussi un paquet de connerie ce bouquin, notamment sur les aliens et tout ça...
- Henry... Tu ne crois pas sincèrement ce genre de mythe.
Henry haussa les épaules.
- J suis chrétien tu sais. Bon plus ou moins j'avoue. Mais le Paradis, l'Enfer, ça me parle assez. Et si je peux concevoir qu'il y'ait des anges au Paradis, je peux concevoir que des saloperies sorties de l'Enfer existent également.
- Et il annoncerait quoi comme catastrophe ton homme-papillon? Parce que le pont de Floatier qui s'écroule, excuse moi, mais on a vu pire comme catastrophe!
- Du coup tu vas faire quoi?
- Je vais aller dans le coin ce soir et choper le petit con qui s'amuse à terrifier les gens comme ça. Tu viens avec moi?
- Un peu que je viens. ça fait quinze jours que je me tape des disparitions de chiens, ça me ferai plaisir de bosser sur autre chose.
- Des disparitions de chien?
- Ouais, sans doute un cintré encore qui kidnappe les clébards des environs. Mais plein le dos de ça, ce soir, je t'aide dans ta traque au monstre.
- Y a pas de monstre Henry...

Il était 22H13 le même jour.
Thierry et son collègue avaient garé leur véhicule non loin de l'ancienne usine. Le lieutenant Delarme fixait le batîment, carcasse de béton où, jadis, des hommes et des femmes venaient produire du textile qui faisait la petite renommé de la ville. Celà faisait des dizaines d'années que l'usine était à l'abandon, n'ayant plus pour visites que celles des tagueurs, des SDF et de quelques héroïnomans.
Aucun maires n'avait jamais pris la décision de démanteler le complexe. Thierry songea, en regardant ce triste tableau plongé dans l'obscurité, que l'endroit aurait fait une belle scène dans un film d'horreur.
- Tu veux une frite?
Thierry fit non de la tête à son collègue qui lui tendait une frite d'une enseigne de fast food bien connu. Il n'avait pas faim. Une étrange sensation s'était emparé de lui.
Thierry était quelqu'un de très rationnel. Il y avait toujours une explication logique.
Mais...
Et si quelque chose d'illogique, de fantaisiste se produisait réellement?
Comment réagirait il?

Un cri.

Thierry Delarme sortit son pistolet en même temps qu'il sortit du véhicule. Un cri dans la nuit. Dans l'usine.
Il se précipita vers l'origine du son.
Henry avait lui lacher son hamburger et le tallonait autant que son embompoint le lui permettait.
Il arrivèrent près de la vieille cheminé.

Un adolescent était assis par terre. Un autre se tenait sur un bloc de granit juste à côté. celui au sol avait dut tomber. Il gueulait maintenant sur son compagnon perché qu'il "n'était qu'un con" et "qu'il lui avait flanqué la frousse avec ses conneries". L'autre était hilare. Hilarité qu'il perdit en voyant les gendarmes approcher.

Les adolescent étaient justes venus taguer les mur. Henry leur fit un sermon bien sentit et leur intima l'ordre de décamper au plus vite. les adolescent commencèrent à partir et l'un d'eux, croyant qu'on ne le voyait pas, fit un doigt aux agents. Henry leur couru immédiatement après en hurlant qu'il allait leur mettre son pied au cul.
Thierry se retrouva seul près de l'ancienne cheminé. Il s'amusa un instant de l'image qu'il imaginait de son collègue bottant le train des deux petits cons. Il allait retourner à la voiture quand un bruit attira son attention.
Un bruit étrange, indéfinissable, qui semblait provenir du bâtiment à côté.
Ressortant son arme et prenant sa lampe, Delarme s'engouffra dans les ténèbres.

Bientôt, aux sons indéfinisable, s'ajouta une odeur horrible. Une odeur de pourri. De chaire pourri. L'odeur de la mort.
Tout en continuant d'avancer, Thierry sentit la peur grandir en lui.
Il aurait dut ressortir et demander des renforts. Ne pas y aller seul. Car, il le sentait, il y avait quelque chose de dangereux au bout du chemin.
Mais un besoin irrépressible de savoir l'emportait sur la terreur.
Impossible.
C'était juste impossible.

L'origine de l'odeur: une dizaine de carcasses de chiens, tous atrocement mutilés. "J'ai retrouvé tes victimes Henry" songea t-il. Le faiceau lumineux de la lampe éclaira un à un tous les pauvres canidés.
Et là au fond, dans l'ombre, là ou il ne pouvait pas encore voir, il y avait quelque chose.
Avant même d'éclairer la scène, Thierry avait deviné.
La lampe éclaira.

C'était une grande créature, d'aspect humaine mais un humain très grand, au moins 2m50. Tout le corps était gris, semblait recouvert d'une sorte d'exosquelette comme ont les insecte. Dans le dos, deux ailes repliées. Mais le visage... Deux grands yeux rouges, immense. Et une trompe de papillon qui était actuellement plongé dans le cadavre d'un chien et en aspirait la chaire, provoquant cet horrible bruit de succion.

Le Mothman tourna la tête et regarda Thierry.
Thierry, pétrifié, incapable de bouger, de détacher son regard de la scène.
Alors la bête poussa un cri, un cri inhumain, déploya ses ailes et, avec une vitesse sidérante, se précipita vers le gendarme.

Thierry hurla.
Un cri de terreur pure.

Thierry Delarme n'est pas mort cette nuit là. Son collègue Henry le retrouva au sol, les yeux écarquillé d'horreur. Il ne put pas raconter ce qu'il avait vu. Il ne put jamais plus rien raconter. Il ne parla plus jamais. "Choc émotionnel intense" dit le directeur de St Antoine, l'hôpital psychiatrique où Thierry allait passer le restant de ses jours dans un état catatonique.
Il ne fut donc pas présent le jour ou le pont s'effondra alors qu'un camion transportant des produit chimique passait dessus. En tombant, les bombonnes explosèrent, embrasant les arbres et provoquant un gigantesque incendit qui détruit la moitié de la ville et tua 56 habitants.
Thierry n'en su jamais rien.

en débarrassant le bureau de son ex collègue, Henry retomba sur La prophétie des ombres, il regarda le bouquin quelques instants, fut pris d'un frisson puis le lança dans la poubelle.
Des créatures venuent des Enfers, pensa t-il...

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