Le Portrait Chinois (tout mélangé) de Dominique

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Il n'est jamais simple de commencer à écrire, et encore moins de poser, dans un texte, les mots qui parlent de nous-même.

Je vais tout de même tenter l'exercice pour apporter un peu d'éclairage sur ma personnalité aux quelques personnes qui ont eu la gentillesse de me lire jusqu'à présent.
Il s'agit aussi, bien entendu, de participer au défi lancé par Marion.

Tout d'abord, je vais suivre scrupuleusement la liste exhaustive que l'autrice nous a imposée. Ensuite, plutôt que de répondre avec des mots simples par une autre liste ordonnée, j'y mettrai les phrases, car nous sommes sur Scribay et non pas sur un forum quelconque. Le but est de déposer un texte et non pas un formulaire.

Commençons ;

La désignation d'un animal qui me ressemblerait est ce qui me semble le plus simple à trouver.
L'humain a bien souvent l'envie d'être un chien, un chat, un cheval, ou au moins un animal qui serait le « plus fidèle ami de l'homme ». Cependant, je ne me sens pas à l'aise avec les canidés ou les canassons, et pour cause, ils me filent des allergies. Je choisirais plutôt un animal presque invisible, comme une souris ou un rat, un truc tout mince, pas comme moi, qui garderait la discrétion et la petitesse de sa nature, pouvant ainsi voir sans être vu et longer les murs pour ne pas être aperçu. Allez, va pour la petite souris, moins connotée de manière négative que son gros cousin.

Le végétal qu'il me plairait d'être, c'est celui qui nourrit les hommes depuis des milliers d'années : le blé. À l'origine de tous les pains du monde, il est celui qui fait subsister la race humaine à travers les temps, celui que l'on protège en cas de disette, celui pour lequel on se bat, celui que l'on retrouve dans toutes les religions, mais aussi chez les agnostiques dont je suis désormais, après avoir été moine bouddhiste, eh oui, voici ce qui m'a animé dans une période moins sereine de ma vie. Et de cette retraite dans un monastère, qui m'a appris beaucoup et qui m'a aidé à appréhender de la vie, j'en ai gardé la coupe de cheveux...

Il est quelquefois des choix qui n'en sont pas. Des choix imposés. Comme celui de la patrie ou du pays qui doit forcément correspondre à celui qui nous a vu naître, mais est-ce réellement représentatif de ce qui nous anime au plus profond de nous ? J'aspire à ressembler à un pays chaud, et non pas à celui de mes origines, la Pologne. Je serais plutôt l'Italie ou l'Espagne. L'Italie parce qu'elle m'héberge chaque année sur ses îles vénitiennes, mais pourquoi pas l'Espagne pour les îles Canaries et l'extraordinaire Lanzarote que j'ai souvent visitée et que j'ai longtemps portée dans mon cœur. Je pense que le choix est fait, je serais l'Espagne.

Ceux qui me connaissent de manière intime rigoleront à cette question me concernant. Comment concilier Dominique et sport ? Impossible ! Nous sommes dans une sorte d'antithèse voluptueuse ne serait-ce qu'à l'énoncé du problème. Le seul sport qui me siérait serait la marche. J'opterais donc pour la randonnée, que je pratique un peu – vraiment un tout petit peu – dans les petites îles citées dans le paragraphe précédent.

« Thriller » a été la musique emblématique de mon arrivée dans les « teens ». Michael Jackson avait signé là, la chanson qui m'a fait vibrer les vingt-cinq années qui ont suivi, jusqu'à la sortie d'une autre que je retiendrai cependant pour me représenter aujourd'hui : « Speechless », sortie en 1997, une des rares, écrite pour un amour qui l'a laissé « sans voix » – et c'est pour ainsi dire la raison principale de mon choix –, composée en une nuit et produite par l'artiste lui-même. Elle n'apparaîtra que dans son dixième et dernier album studio en 2001. Cette chanson qui laisse sans voix m'interpelle désormais plus encore après ma rencontre avec une Gaby qui durant six années à mes côtés m'a laissé à tout jamais dans un état extatique.

J'aime cette touche de clavier particulière et qui me connecte au monde. Bien qu'elle soit moins utilisée depuis la montée exponentielle des applications de messagerie instantanée, elle a été la touche du symbole le plus utile dans les années quatre-vingt-dix pour communiquer avec le monde entier. Je serais ainsi la touche qui m'a fait rencontrer des gens, des bons et d'autres un peu moins, ceux qui m'ont apporté de la joie et les autres qui m'ont nui : la touche de l'@robase.

Il est difficile de se définir en tant qu'objet vêtement. Il faut qu'il corresponde à un genre, un style que les gens reconnaissent de vous. Le T-shirt pourrait être celui qui me correspondrait le mieux, car je ne supporte ni les chemises ni les polos, mais je crois que le bermuda dépasserait la mesure. Il faudrait qu'il soit de style militaire, façon cargo, suffisamment ample pour me laisser de la liberté et pratique avec des poches pour que je puisse y loger toutes mes affaires.

Le seul objet pouvant me définir tient quotidiennement dans ma main. Il est doux au toucher et je m'amuse souvent à le faire rouler entre mes doigts avec plaisir ou à le faire tourner doucement devant les yeux des gens qui découvrent alors son pouvoir hypnotique. Je vous vois déjà imaginer des choses indécentes... Ne vous méprenez pas sur le moment. Il sent un peu l'huile, car oui, j'aime le lubrifier pour lui rendre toute sa grâce mais aussi parce que c'est nécessaire pour qu'il glisse le mieux possible. Je le prête rarement, sauf à ceux qui savent en prendre soin, mais aussi à ceux qui souhaite l'essayer. J'aime le garder en vue et voir le bonheur qu'ont certains à le manipuler pour moi. Je l'aime mon objet, plus que tout, car il fait partie de moi, car quelque part on se ressemble dans la complexité... mon Rubiks' Cube.

Ma couleur est celle du ciel, de la mer, de l'horizon, de mes yeux et de ceux de la personne la plus charmante qui m'ait été donnée de côtoyer dans un monde que je croyais éteint. Quelquefois avec des nuances de vert et d'autres fois avec du violet, elle peut aussi être très claire. Elle apporte la sérénité et la tranquillité, signifie la sagesse à celui qui prend le temps de se l'approprier. Il s'agit bien évidemment de la couleur bleue.

La marque au « blitz », voilà comment on identifie dans les médias, sans la nommer, la voiture qui me représente depuis plus de vingt ans maintenant. Celle qui a vu naître mon enfant, celle qui l'a vu grandir, emmené en vacances. Celle qui l'a emmené au collège, puis au lycée... Cette chère voiture, ou du moins sa marque, elle en a même hérité lors de la réussite de son permis de conduire. Oui, ma voiture, c'est elle, celle au blitz entouré par un cercle.

La table est le meuble le plus utile pour réunir autour d'elle vos amis. Bien que les miens ne soient pas les plus présents ces derniers jours, je maintiens que la grande table d'une salle à manger unit les membres d'une même famille plusieurs fois dans l'année, autour des fêtes joyeuses comme des moments les plus malheureux. La table, ses mets, ses convives, peuvent être les éléments fédérateurs dans un foyer.

Le personnage historique qui me passionne est celui que personne ne connait. Pas même moi qui en parle aujourd'hui. Pourtant il existe bel et bien, et n'est pas une légende. Il fait partie intégrante de l'histoire de l'humanité. Était-il de l'époque de Neandertal ou de celle de Cro-Magnon ? Je n'en sais rien, je ne suis pas un pro. Il a juste été le premier homme à s'être mis debout, et rien que pour cela, pour les milliers d'années qui ont suivi son acte de bravoure, car ç'en était un, il devient pour moi le personnage que j'aurais aimé être : le premier homme à s'être mis debout.

Il m'arrive quelquefois de penser que je souffre d'un trouble autistique ou de quelque chose d'équivalent. En effet, au regard de certaines de mes réactions face au monde qui m'entoure, j'ai l'impression de ne pas forcément le comprendre ou bien de ne pas en faire partie. Comme si mon univers était inclus dans un second, celui des autres humains, mais que je n'y avais pas accès. Je parais alors étranger à toute discussion, toute réflexion que l'on m'impose. J'en arrive même à ne point apprécier que l'on me touche. Quant à toucher les autres, ce n'est pas sans difficulté. Je me retrouve donc sur beaucoup de points en Adrian MONK, le personnage emblématique de la série éponyme.

Se déterminer en tant que signe de ponctuation, voilà une chose pour laquelle je n'étais pas préparé du tout. Deux choix me viennent néanmoins à l'esprit ; les points de suspension et la virgule. D'emblée, je dirais les suspensions, car bien souvent je ne vais pas au fond des choses et je laisse en suspens l'essentiel. On me l'a déjà répété récemment... Mais à bien y réfléchir, cela fait des mois que j'écris avec un peu trop de virgules en guise d'incises pour cadrer le cheminement délirant de mes pensées. Je m'évade, m'éloigne du sujet, pour y revenir plus loin. Cela me ressemble, je serais donc la virgule.

Si j'étais un plat qui se mange froid, je serais sans doute un plat empoisonné. N'importe lequel pourvu qu'il soit chargé d'une once de vengeance, mais bien heureusement mon être n'est aucunement doté de ce sentiment inutile, alors en vérité, je n'aime que les plats chauds. Je dirais donc tout simplement que je souhaiterais être celui que j'aime le plus en ce moment, le Phad Thaï. Ce petit plat thaïlandais à base de pâtes à la farine de riz sautées est le plus facile à faire, car au-delà d'une recette "traditionnelle" que l'on trouve dans les restaurants asiatiques, il permet chez les familles les moins fortunées de se faire un repas avec les produits qu'il reste dans son garde-manger.

Je rajoute une question subsidiaire à ce portrait chinois imposé : si vous étiez un sentiment, lequel serait-il ? Sans doute celui de l'amour. Les êtres humains me passionnent, pour ne pas dire me fascinent. En effet, la complexité du genre humain est telle que je me demande s'il est possible qu'un jour j'en fasse le tour complet. Pour avoir vécu plusieurs sortes d'amours depuis mes douze ans ; amour filial, amitiés particulières, amour pour le travail, amour des siens, je ne saurais en retenir qu'un seul qui est arrivé l'année de mes trente ans : l'amour incommensurable pour l'enfant de ma chair.

En résumé et pour conclure, car c'était tout de même un peu long et je vous trouve bien du courage de m'avoir lu jusque-là, voici ce qu'il faut retenir de moi dans cette simple phrase :

Je suis une petite souris bleue, chauve et néandertalienne, habillée en militaire, pansexuelle introvertie, s'appelant MONK, espérant parler espagnol un jour, amoureuse de son souriceau, et qui aimerait conduire sa Blitzmobile tout en résolvant son "cube" pour aller vivre au chaud afin de manger du blé trempé dans du Phad Thaï.

Sources musicales d'inspiration du texte :

Speechless de Michael Jackson : https://www.youtube.com/watch?v=nwT9fJ2HKHg
It's a jungle out there de Randy Newman : https://www.youtube.com/watch?v=xBdF3E2NVI8

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