Chapitre 21
J'ai tellement bien dormi.
Entre la journée d'hier et le SMS rassurant de Jonathan, toutes les conditions étaient réunies pour une bonne et douce nuit. Cela est agréable car ces derniers temps, je ne peux pas dire que mon sommeil était de bonne qualité, alors je commençais à me demander si j’allais pouvoir tenir le rythme de la fac.
Alors je me redresse dans mon lit et que je m’étire, mon rêve me revient tel un flash :
Je suis au restaurant, le Japonais d’hier, et Mathieu me dévisage de ses deux billes azur, tout avalant ses sushis. Mes yeux quittent les siens et s’attardent sur ses lèvres charnues qu’étrangement j’aimerais toucher, embrasser et mordiller. A cette idée, une décharge électrique me parcourt de tout mon long. Au bout d’un certain à se dévisager, Mathieu demande l’addition et nous quittons le lieu.
Arrivée à l’appartement, la tension entre nous est à son apogée. Alors que je m’apprête à regagner ma chambre après l’avoir salué d’un mouvement de main, Mathieu me retient par le bras et me prend dans ses bras. Les mains contre son torse, mon regard vissé au sien, je contiens cette envie folle de me jeter à son cou d’autant qu’il me avec tellement d’intensité que mon bas-ventre est contracté. Mathieu prend mon visage entre ses mains, effleure mes joues de ses pouces puis mes lèvres et descend ses mains sur ma nuque. Un quart de seconde plus tard, il m’embrasse, créant un véritable feu d’artifice dans tout mon corps. Ses lèvres sont douces et son baiser est chaste, modéré alors que j’en veux plus. Je passe mes mains dans ses cheveux, joue avec puis saisi son cou pour intensifier notre échange. En guise de réponse, il ouvre ses lèvres puis sa langue vient chatouiller la mienne. Sa respiration s’accélère et ses râles de plaisir réveillent ma déesse intérieure. J’ai beau être à bout de souffle, je ne tiens pas à rompre ce contact qui m’embrase. Ses mains viennent empoigner mes hanches pour me soulever et, d’instinct, j’enroule mes jambes autour de lui alors qu’il se dirige en direction des chambres.
Il m’allonge doucement sur son lit et enlève son polo.
Je reviens à la réalité avant de visualiser la suite.
Mais c’est quoi ce délire ?!
Je ne sais pas ce qu’il m’arrive en ce moment, mais il va vraiment falloir que cela cesse. Trouver mon meilleur ami beau et musclé c’est une chose, mais fantasmer à son sujet et faire des rêves érotiques c’en est une autre.
Je reprends mes esprits, après tout, tous les rêves n'ont pas une signification, sinon j'aurai déjà rencontré Channing Tatum, Tom Holland, Orlando Bloom, Jamie Dornan mais surtout, mon fantasme suprême, Jensen Ackles. Depuis que je suis gamine mes yeux envoient des milliers de cœurs lorsque je regarde un épisode de Supernatural qui entre dans le top trois de mes séries préférées après Friends et les frères Scott. Pendant longtemps Mathieu se moquait de moi car il ne comprenait pas cette « Addiction » envers une célébrité jusqu’à ce que je le force à regarder Mamma Mia et qu’il tombe éperdument sous le charme d’Amanda Seyfried, tout à fait son genre soit dit en passant.
Enfin, tout cela pour dire que je n’ai pas à me triturer les méninges avec ce rêve sans queue ni tête. Après tout, c’est sûrement lié au fait qu’Elodie m’a monté le crâne, hier, avec sa discussion et ses interrogations.
Un coup d’œil rapide à l’heure qui s’affiche sur mon réveil et j’entreprends de m’atteler directement à mes révisions, sans passer par la case petit déjeuner. Dans l’ensemble, je ne suis pas trop à la ramasse pour le moment. J’arrive plutôt bien à suivre et comprendre ce qui nous est enseigné, seul le cours de Biostatistique est vraiment très vague pour moi. Je sors mon dictaphone, mets mes écouteurs et me lance dans la retranscription de la dernière intervention que j’ai eue dans cette matière. Entre les notions particulières, les définitions et l’accent très prononcé de l’intervenant, je ne cesse de rembobiner et j’ai l’impression de ne pas avancer.
Il est presque midi quand je termine enfin la cassette. Je me sens complètement engourdie et mes fesses me piquent d’être restées assises si longtemps. Je range mes livres, éteins mon ordinateur et je sors de ma chambre avec une envie folle de cuisiner.
Lorsque j'arrive dans les lieux de ma convoitise, Mathieu est déjà aux fourneaux. Au début je suis presque déçue qu’il ait eu la même idée que moi puis je me surprends à le détailler. Il est vêtu d'un short de basket bleu et de ... Rien d'autre. Son short lui tombe parfaitement sur la taille, mettant en valeur son joli dos musclé. C'est alors que des flashbacks de mon rêve refont surface : lui sur moi, ses caresses sur ma peau sensible, la chaleur qui monte, nos corps en harmonie...
- La vue te plaît ? Plaisante Mathieu qui me fait maintenant face.
Je sors de mes pensées à toute vitesse alors qu'il rigole à gorge déployée devant ma tête choquée.
- Quoi ? NON !... Euh, bégayé-je en cherchant une réponse valable. J'étais ailleurs.
On est d'accord, c'est une réponse complètement idiote puisqu’il l’a sûrement remarqué, mais réfléchir de bon matin alors que mon estomac est vide s'est trop en demander à mon petit cerveau fatigué. Je rougis jusqu'à devenir couleur tomate.
- Oui, j'ai bien vu, mais où étais-tu justement ? M'interroge-t-il espiègle, tout en faisant cuire les lardons. Dans les bras d'un certain jeune homme fort séduisant...
Il fait ses battements de cils très rapides et son air enjôleur me déstabilise. Il n’a pas franchement tort, mais on ne parle sûrement pas du même jeune homme. Je réfléchis à toute vitesse à une excuse et la réponse me vient instinctivement.
- Je pensais à mon rendez-vous avec Jonathan, mens-je ne pouvant avouer que je fixais son corps bien sculpté.
Il semble d'abord déçu puis un sourire vient éclairer son visage.
- C'est beau, l'amour, dit-il en papillonnant des cils de nouveau. Je te l'avais bien dit qu'on en reparlerait de cette histoire.
- Ne dis pas de bêtises, dis-je gênée de ne pas du tout être sur la même longueur d'onde que lui. Il me plaît, certes, mais de là à parler d'amour. Je dirais plutôt qu'il y a une alchimie, c'est tout.
Il me tend une assiette de pâtes Carbonara, sa spécialité, et nous allons nous installer à table.
- Tu as toujours été si prude quand il s'agit de sentiment et de relation amoureuse, constate-t-il presque agacé en commençant son repas. Tu rends tout si compliqué que tu passes presque à chaque fois à côté de belles histoires.
J'ignore pourquoi, mais ses paroles me font l'effet d'une bombe et je vrille sans raison en un quart de seconde.
-Tu parles comme si un tas de mecs s’étaient intéressés à moi, réponds-je avec amertume en posant mes couverts. Je n'en ai eu qu'une seule relation et tu te souviens du résultat ?
La colère est montée sans que je ne puisse la contrôler. Mathieu a dû s’en apercevoir car il baisse les yeux.
- Je me souviens, Cara, excuse-moi. Je ne voulais pas être aussi dure, se justifie-t-il en posant sa main sur la mienne.
En amour, j'ai toujours été très naïve et, évidemment, je me suis fait avoir. J’ai eu plusieurs béguins d’adolescente mais je ne suis tombée amoureuse que d’un seul garçon lors de mes années au lycée. Il s'appelait Hugo et nous étions rencontrés dans l'équipe de Badminton. Il était du genre à être très courtisé par les filles, mais il n'y prêtait pas attention. Enfin, c'est ce que je croyais. A cette période, j’avais des tas de complexes. Je trouvais mon nez tordu, mes épaules trop carrées, mes bras trop gros, pas assez drôle…Bref, je ne me trouvais pas assez jolie, au grand désarroi de Mathieu qui ne cessait de vanter toutes mes qualités. Evidemment, c’était facile à dire pour lui. Quand il larguait une fille, une autre se jetait à ses pieds. Alors quand j'ai commencé à parler de Hugo, Mathieu m'a encouragé d'emblée.
Au vu des ex-copines de mon camarade de badminton, je ne pensais pas avoir la chance qu'il s'intéresse à moi. Et puis un jour, alors que nous revenions d'une compétition en binôme, il m'a adressé la parole et nous nous sommes rendu compte que nous avions plusieurs centres d’intérêt en commun. Tout s'est enchaîné : les SMS jusqu'à pas d'heure, le premier rencard, le premier bisou... Et la chute a été terrible. Huit mois après le début de notre relation, Mathieu a appris par l'un de ses anciens potes, que Hugo a fait un pari dans lequel il devait tout faire pour me dépuceler. Mathieu, fou de rage, est allé le trouver et lui a fait un joli coquard. Mon cœur s'est brisé et j'ai banni les mecs de ma vie pour me concentrer sur mes études.
Je finis par sortir du silence.
- Je veux juste être certaine de ses intentions avant de me projeter dans quoi que ce soit.
Au fond de moi, je sais que ce n'est pas l'unique raison. Je préfère ne rien lui dire au sujet de mon rêve et des doutes qui se sont installés depuis déjà quelques jours. En fait, je ne sais pas si ce sont réellement des doutes ou juste des fantasmes. Je dois mettre mes idées au clair, mais en attendant, je ne tenterais rien avec Jonathan.
Il me lance un regard entendu et nous finissons le repas dans un silence malaisant.
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