15. Cristaux
Ce jour de mes 20 ans s’était conclu chez mes grands-parents, en leur compagnie ainsi que celle de mes parents et de Zénaïde. Nous étions tous réunis autour d’un gâteau, un fraisier pour cet évènement. La joie et la bonne humeur régnait dans le salon. Jamais je n’aurai pensé que cela puisse un jour se produire chez moi mais même mon père semblait fier et ému. Il prenait plusieurs photos, arborait un grand sourire touché, allant presque à la mélancolie. Il semblait bouleversé de voir à quel vitesse j’avais grandis. Et il me semblait bien ne l’avoir jamais vu en aucune façon être aussi satisfait, hormis lorsque les affaires marchaient.
Quand était venu le moment d’offrir les cadeau, ma mère a poussé un soupire puis son cou était devenu rouge, comme lorsqu’elle s’apprêtait à pleurer. Mais à son expression enchanté, je devinais que c’était en fait des pleurs de joie. Elle avait sorti son cadeau de sa poche : un petit écrin en velours bleue marine.
- Ce n’est pas vraiment de ma part… en fait…
Elle a essuyé une larmes qui perlait contre son œil.
- Ce collier était à ton arrière-grand-mère. Elle l’avait reçu de ton arrière-grand-père, qui l’a fabriqué lui-même. Il adorait sa femme. Je crois que je n’ai jamais vu quelqu’un ressentir autant d’amour et de dévotion pour une personne. Et quand il est mort, elle me l’a légué à moi. Il aurait dû revenir à ma mère mais elle est morte, tu le sais. Et… je crois que c’est à mon tour de te l’offrir. Alors tiens, bon anniversaire ma chérie. Tu penseras bien à l’offrir à ta fille, ok ?
J’avais ouvert le boitier, avec difficulté, au vu de son état obsolète. J’essayais d’avoir des gestes appliqués pour ne pas l’abîmer. Un magnifique collier à la chaîne en argent est apparu devant moi où au bout, se trouvaient plusieurs petits pendentifs en cristaux de toutes les couleurs, collés entre eux, formant une sorte de larmes.
Mes yeux se perdaient dessus. Qu’est-ce qu’il était beau. Et combien il m’évoquait de choses…
- Merci beaucoup, maman. Il est magnifique.
Elle s’est précipitée vers moi pour me l’enfiler. Une fois accroché autour de mon cou, tout le monde admirait l’effet qu’il avait sur moi. Ma grand-mère m’avait regardé avec énormément de d’admiration, à côté de mon grand-père qui abordait un fier sourire. Mon père m’avait pris en photo avec et j’entendais Zénaïde siffler d’admiration.
- Il était vachement habile ton ancêtre, avait-elle commenté. T’es trop belle dessus. Il rehausse ton regard.
- Oui, c’est vrai ! intervient ma mère. Pourtant, il ne travaillait pas du tout dans la joaillerie, ni rien. Mais il voulait vraiment faire plaisir à sa femme.
- Il te va très bien, mon chat, me complimenta mamie.
C’était de lui le plus beau cadeau. En plus d’être parfaitement conçu, j’avais pour la première fois de ma vie une illustration concrète de mes sentiments pour lui…
Un enchevêtrement d’émotions toutes contradictoires et complémentaire en un morceau, aux limites indéfinissables, parfois si pointus qu’elles blessaient quiconque si frottait. Ces bouts de cristaux rassemblés me parlaient plus que n’importe quel poésie ou déclaration d’amour.
Mon ancêtre était comme moi…
Je m’étais sentie très seule depuis que j’avais commencé à développer des sentiments pour lui mais depuis ce jour, j’avais réussi à presque assumer l’obsession que je lui portais. A chaque fois que j’irai mal, je caresserai du bout des doigts ce sublime bijou pour me rappeler d’où je venais et ce qui me motivait à me lever chaque matin…
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