22. Journal crypté

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Durant sa première année en tant qu’avocat dans un assez bon mais sélectif cabinet, il avait vite acquis une petite notoriété en gagnant son premier procès, du premier coup. Evidemment, il avait été aidé par tout ses autres collègues, débutants comme lui. Ils composaient un sympathique quatuor de petits avocats en herbe : lui, Célian, Leïla et Héloïse. Tous se soutenaient comme ils pouvaient mais cela n'empêchait pas qu'une grande rivalité animaient quelque peu leurs rapports. Ils espéraient tous que leur contrat soit renouvelé l’année d’après, quitte à écraser les autres ou qu’ils se soient au moins fait un nom pour travailler dans leur cabinet privé.

Cette année-là, nous avions continué à habiter dans sa petit chambre à la différence qu’il n’était plus étudiant et ne travaillait plus comme serveur : nos moyens étaient moins limités à présent. Ces deux années qui avaient suivies le premier Noël chez sa famille, je m’étais occupée de lui en m'en dévouant corps et âme. Une fois ma formation chez mes parents finie, je m’étais installée définitivement chez lui, avec leurs accords. De toute façon, j’avais eu 21 ans, qu’allaient-ils faire contre ça ? Ils vieillissaient en même temps que moi. Et même si le mauvais caractère de mon père prenait davantage le dessus, j’étais heureuse et soulagée d’avoir pu le fuir.

J’avais donc à présent 22 ans, nous fêtions nos deux ans et je pouvais le dire : tout allait pour le mieux.

Si bien qu’il m’avait un soir expliqué que la routine qui nous caractérisait commençait à l’ennuyer. Pour moi, la routine n’existait pas. Chaque jour avec lui était une nouvelle aventure, une nouvelle bataille. Chacun de ses gestes me mettaient en émois et jamais je ne m’étais lassée de notre petite vie sereine.

J’avais démarré au quart de tour, de peur qu’il ne m’annonce qu’il souhaitait me quitter et c’était ainsi que notre première crise avait commencé. Mais ça, c’était une autre histoire.

Avant, nous nous disputions très peu de fois. Voir quasiment jamais. Les rares fois où il avait véritablement élevé la voix, et comme toutes les fois où cela se produisait, je m’étais soumise, excusée et tout fait pour régler le soucis. Je faisais peser tout le poids de la relation et de sa réussite sur mes épaules. Il n’avait qu’à se reposer sur moi. J’étais prête à tout pour lui. Voler tricher, tuer, manipuler, tout. Je le sentais dans mes mains. J’étais faite pour ça.

Si nous nous prenions la tête aussi pratiquement jamais, c’était grâce à moi. Comme je n’étudiais plus, j’avais tout le loisir de réfléchir à comment contrôler toutes les facettes de notre relation. Je veillais à ce qu’il ne me reproche rien et qu’il m’adule comme moi je le faisais avec lui.

Malheureusement, durant la période qui avait suivi son entrée au cabinet, étant donné qu’il n’était plus autant sous la pression de l’école et plus au moins davantage libre de ses mouvements, son cercle amical s’élargissait de plus en plus, provoquant en moi une immense jalousie et un incontrôlable sentiment d’insécurité. A commencer par ses collègues. Une fois, il les avait invités à la maison pour dîner. Ils étaient tous charmants. En particulier Leïla. La jolie grande brune pétillante était un peu trop tactile avec mes yeux. Pas qu’avec lui mais tout le monde, jusqu’avec moi. Et ce n’était pas qu’elle puait mais je supportais mal les contacts physiques excessifs, sauf si c'était avec lui. Je n’en avais que faire qu’elle touche les autres. Seulement, j'appréciais peu qu'elle tournait trop autour de lui. Il m’avait déjà parlé d’elle. Une fille dynamique et ingénue. Très douée dans son domaine. Elle lui faisait même presque peur. Il craignait qu’à l’issu de leur CDD, ce soit elle qui soit prise. Et il y avait de forte chance que cela se produise.

C’est ainsi que j’avais décidé de lui venir en aide. Mon rôle était de lui garantir la meilleure de vie.

J’allais lui faire une Carole Litwin. Me débarrasser sagement et proprement d’elle pour lui. Après Leïla, il était le plus talentueux et travailleur de tous. Si elle disparaissait, il serait pris l’année d’après et il serait heureux.

J’avais donc décidé d'étudier leur prochaine affaire pour essayer de réfléchir à un plan pour nous débarrasser d’elle. J'allais la saboter. En fouillant discrètement dans ses affaires, j’étais tombée sur le dossier complet de ladite histoire. Un cas de divorce foireux.

Dès le départ, un obstacle s’était mis en travers de ma route : je ne comprenais rien. Le vocabulaire judiciaire m’était totalement inconnu et si abstrait. C’était un véritable journal crypté.

Putain… qu’est-ce que j’allais faire ?

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