Chapitre 5

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Vendredi est enfin arrivé. Les cours ne commencent que dans un vingt minutes, mais Émilie est déjà dans la salle. Elle a pris un bus plus tôt ce matin, et guette l’arrivée de Lise.

Elle n’était pas présente aux cours hier. Elles n’avaient que deux cours que le matin, pourtant elle n’est venue à aucun, ce qui ne lui arrive jamais d’ordinaire. Émilie était inquiète. D'autant plus qu'elle ne possédait pas le numéro de Lise, et ne pouvait donc pas lui demander directement de ses nouvelles.

Quand elle voit Lise entrer, elle saute presque de joie et va directement s’installer près d’elle, ses questions lui brulent la langue. Néanmoins, elle parvient à les retenir, à la place, elle demande simplement :

 - Salut, ça va ?

 - Pas trop mal et toi ?

 - Super, euh tu n’étais pas là hier... euh tu veux mes notes ?

Sa proposition était assez maladroite, mais cela ne dérange pas Lise, celle-ci a bien compris l’effort qu’elle fait pour ne pas l'interrogé sur son absence.

 - Oui, je veux bien. J’avais deux-trois trucs à faire hier.

La véritable raison de son absence est la fugue d’un des louveteaux de la meute, Tommy. Ce petit est presque aussi doué que Lise, au même âge, pour s’échapper. De plus, en tant que meilleure pisteuse de la meute, Lise a été obligée de partir à sa recherche dans la forêt. Le temps qu’elle retrouve le petit fugitif et le ramène, elle avait beaucoup de retard et a décider de ne pas aller en cours juste pour la dernière demi-heure.

Émilie change de sujet et lui demande :

 - Sinon pour la fête tu n’as pas changé d’avis ? Tu ne veux toujours pas   venir ?

 - Nan, j’ai pas changé d’avis, désolée.

 - Dommage !

Lise se retient de sourire à sa remarque avant qu'elle-même ne change de sujet :

 - Sinon tu cherches un binôme pour le labo de bio ?

 - Non, j’en ai déjà une !

Cette fois, Lise ne peut empêcher son sourire d’apparaitre, Elles se mettent à parler, de tout et de rien, jusqu'à ce que le cours ne commence.

Vers 18h, une fois les cours finis, elles se disent au revoir. Émilie se rend à la fête tandis que Lise rentre chez elle.

Émilie retrouve ses amis, certains sont juste joyeux, mais d’autres ont l’air d’avoir déjà pas mal bu. Elle remarque même, un type en train de vomir dans un coin, elle retient une moue dégoutée et va plus loin.

Elle prend un premier verre puis, va sur la piste de danse. Là, elle se retrouve rapidement avec un mec collé à elle, elle entend de loin les commentaires que lui lance ses amis, mais n’y prête pas attention et ils dansent ensemble un petit moment. Et après avoir fait les présentation , Antoine, son cavalier, lui propose d'aller lui chercher un verre. Une fois le premier vide, il lui en offre un autre, qu’elle accepte, ainsi que les suivants.

Elle a arrêté de compter les verres et commence à se sentir mal. Sa tête commence à tourner d'avoir autant bu.

Antoine devient de plus en plus insistant, ce qui commence à l’agacer et ne fait qu'aggraver son mal de tête. Alors, elle décide de rentrer chez elle. Antoine insiste pour qu’elle reste. Elle sent qu'il veut plus qu’une simple danse, mais n’a pas l’air de vouloir comprendre qu’Émilie n’est pas intéressée,

Elle finit par partir discrètement pendant que son partenaire part lui chercher un autre verre. Mais elle sent son regard dans son dos quand elle sort enfin de la fête.

Évidemment à cette heure-ci, il n’y a plus de bus et elle n’a pas assez d’argent pour appeler un taxi. Elle décide donc de simplement rentrer à pied, malgré sa tête qui tourne horriblement et sa démarche peu assurée, elle doit d'ailleur parfois se rattraper aux murs pour ne pas tomber.

Elle a à peine dépassé l’arrêt de bus à cinq-cent mètres de l’université qu’elle sent une présence derrière elle. Elle n’a pas le temps de se retourner, qu’elle se retrouve plaquée contre un mur.

Antoine est là ainsi que deux de ses amis, dont un qui la maintient contre le mur. On voit bien dans leurs regards qu’ils ne sont pas là pour la raccompagner, ce qui est confirmé lorsque qu'il lui dit :

 - Tu ne me remercies même pas pour les verres. Ca ne se fait pas, on   va t’apprendre la politesse nous !

Émilie ne parvient pas à parler à cause de la main de son agresseur sur sa bouche. Néanmoins, elle tente de le mordre, mais est arrêtée par le coup qu’elle reçoit dans le ventre et qui lui coupe le souffle. Elle tombe à genoux et entend ses agresseurs rire.

Sa peur monte, elle n’a pas le temps de se relever qu’elle sent qu’on l’attrape à nouveau pour la recoller contre le mur. Les mains d'Antoine commencent à se faire baladeuses. Émilie se débat, mais ses amis l’aident à la retenir, alors elle crie, et reçoit un nouveau coup qui déclenche encore des rires.

Émilie est encore en train de crier lorsque ses agresseurs se taisent brusquement, elle sent le type le plus proche d’elle se figer puis un grondement retentit.

Elle parvient à entrevoir l’énorme loup, un loup-garou pense-t-elle au moment ou l’un des types sort un couteau et crie d’une voix imprégnée d'une note de peur :

 - Dégage ! ça ne te regarde pas sale monstre !

Ledit monstre répond par un nouveau grognement puis fonce sur l’homme qui la retient, il lâche Émilie qui sent que ses jambes ne la soutiennent plus et s’effondre par terre, elle perd connaissance un instant.

Pendant quelques secondes, elle n’arrive qu’à entendre des cris, des injures ainsi que des grondements du loup.

Quand Émilie rouvre les yeux, elle remarque deux de ses agresseurs à terre et voit Antoine en train de reculer, sur le point de s'enfuir. Le loup gronde à nouveau et avance, sa cible pâlit et prend ses jambes à son cou.

Après s’être assuré qu’Antoine est bel et bien parti, le loup tourne sa grande tête vers Émilie. Leur regards se croisent et fascine Emilie, hypnotisée par ses magnifiques yeux saphir. Aucun des deux ne parvient à décrocher son regard.

Pendant ce temps, le type au couteau s’est relevé et poignarde le loup, Émilie crie pour tenter de l’avertir, mais trop tard.

Le loup, lui, réagit instantanément et l’envoie contre un mur où il s’écroule assommé.

Émilie tente de se lever pour voir la blessure de son sauveur, mais celui-ci n’a pas l’air de s’en soucier et la pousse du museau pour la forcer à se rasseoir à cause de ses jambes flageolantes.

Émilie quant a elle, est toujours sur l’effet de la surprise. Elle a été sauvée par un loup-garou ! D'ailleurs, elle le trouve superbe, elle a déjà vu des loups-garous en images et quelquefois de loin, mais de près, la réalité est bien différente. Ce loup lui arrive presque aux épaules lorsqu’elle est debout, son pelage est gris argenté. Sous la lumière des lampadaires, on pourrait dire que ses poils sont faits de fils d’argent.

Il continue de fixer Émilie de ses yeux bleus magnifiques.

Émilie parvient à quitter sa contemplation pour lui dire :

 - Merci, monsieur, le loup.

Ce remerciement est un peu enfantin, mais c’est la première chose qui lui vient à l’esprit. Le loup est étonné de sa formulation et fait non de la tête alors elle rétorque :

 - Mais vous m’avez sauvé !

Le loup hoche la tête ce qui perd un peu Émilie, puis une idée lui passe par la tête :

 - Merci... madame la louve ?

La louve soupire à cause de la formulation, mais confirme d'un hochement de la tête

 - Désolée je ne pouvais pas deviner.

Saviez-vous que les loups pouvaient sourire ? Enfin à leur façon.

Émilie réussit tant bien que mal à se relever, cependant sa tête tourne trop pour lui permettre de marcher. Elle préfère se rasseoir par terre avant de tomber. Elle patiente quelques minutes en attendant que son état s’améliore, néanmoins, elle a encore du mal à marcher, la louve reste à côté d’elle, patiente, mais commence à s’inquiéter, elle lui tourne autour et la bouscule en manquant de la faire tomber. Elle finit par s’asseoir, à contrecœur, pour laisser un peu de place à Émilie. À la vitesse à laquelle elle va, il fera jour avant qu’elle ne parvienne à rentrer chez elle, ce qui n’a pas échappé à la louve qui se lève et lui montre son dos d'un mouvement de la tête.

 - Euh, tu ne veux quand même pas que je monte sur ton dos ?!

La louve hoche la tête avec conviction, mais Émilie a quelques appréhensions. La louve recommence à lui montrer son dos en se rapprochant d’elle, lentement. Émilie fait une rapide prière pour ne pas être dévorée et monte doucement sur la louve en prenant bien soin de ne pas toucher à sa blessure. Sa blessure, qui d’ailleurs, ne saigne plus et n’a pas l’air si grave vu de près.

La louve commence par marcher doucement, le temps qu’Émilie se détende un peu et tire moins fort sur ses poils, puis se met à courir.

La course dure à peine un quart d’heure, mais Émilie se sent de plus en plus mal. Les émotions de tout à l’heure la rattrapent et elle commence à pleurer. La louve s’arrête devant la porte de son appartement et se couche pour l’aider à descendre. Puis la pousse doucement du museau en gémissant tandis que ses sanglots augmentent.

Ses larmes se tarissent après quelques minutes et elle parvient à ouvrir sa porte qu’elle avait encore oublié de verrouiller.

En la voyant rentrer chez elle, la louve s’en va, mais cela provoque une crise de panique à Émilie qui ne parvient plus à respirer. En un instant, la louve est de nouveau auprès d’elle et l’aide à se calmer.

 - S’il te plait… reste…

Sa demande surprend la louve qui met quelques secondes avant de se décider et d’entrer. Une fois qu’elle a passé le pas de la porte, Émilie prend soin de bien verrouiller et se sent déjà un peu plus en sécurité.

Sans s’en rendre compte, elle est restée collée à la porte, immobile pendant un petit moment jusqu’à ce que la louve vienne la pousser vers sa salle de bain. Émilie comprend le message, entre, ferme la porte à clé derrière elle. Puis se déshabille, elle jette ses vêtements à l’autre bout de la pièce et va enfin sous la douche.

La chaleur de l’eau lui fait du bien et elle reste enfermée plus de vingt minutes dans la salle de bain.

Quand elle sort, elle cherche la louve des yeux, mais ne la trouve pas dans sa chambre, elle panique légèrement puis va dans le salon pour la retrouver tranquillement couchée par terre, elle lève la tête quand Émilie entre dans la pièce, elle remercie une fois de plus la louve qui hausse les épaules en signe de réponse puis la pousse dans sa chambre. Émilie semble avoir compris, mais ne peut retenir une question :

 - Je pourrais savoir qui tu es ?

La louve lui répond par un simple non de la tête et même si cela déçoit Émilie, elle comprend que sa sauveuse veuille garder son anonymat. Mais ne peut s’empêcher de se demander si elle la connait en s’installant dans son lit, la louve quant a elle se couche par terre au pied de son lit.

Émilie ne pense pas pouvoir dormir après ce qui s’est passé. Mais la fatigue la rattrape et il ne lui faut qu’une minute pour s’endormir.

Son rêve lui fait revivre son agression ; elle se retrouve de nouveau plaquée contre le mur, elle ne peut pas crier et ne parvient pas à bouger. La louve ne vient pas l’aider, elle commence à pleurer et à paniquer sans savoir quoi faire.

Tout à coup, la louve apparait, elle saute sur le premier agresseur et fait fuir les deux autres.

Émilie ouvre doucement les yeux lorsqu’un rayon de soleil passe entre ses rideaux, ses souvenirs lui reviennent directement puis elle se rend compte que la grosse ‘’peluche’’ qu’elle serre dans ses bras n’en est pas vraiment une… Et que ladite peluche la regarde de ses magnifiques yeux saphir…

Elle se lève d’un bond et tombe de son lit en se cognant le coude contre sa lampe de chevet au passage.

 - Aie ! Oh mon dieu... Je suis vraiment désolée !

Elle a osé prendre un loup-garou pour une peluche ! " Je suis folle ! Elle va me tuer ! " pense-t-elle ;

Contre toute attente, la louve bâille, s’étire puis descend tranquillement du lit et vient s’asseoir à côté d’Émilie en lui lançant un sourire de loup. Émilie se détend et recommence à respirer, elle ne va pas lui servir de petit déjeuner.

La louve la sort de ses pensées en la poussant vers la porte

  - Tu veux partir ?

La louve acquiesce et Émilie lui ouvre la porte avec un petit pincement au cœur, elle espère la revoir, mais il y a peu de chance.

La louve part et Émilie referme la porte et bizarrement n’est même pas étonnée que la louve sût où elle habite sans qu’elle ne le lui ait dit.

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