Vendredi 5 février 2010

2 minutes de lecture

Camillou, lou lou,

Comment tu vas, ma vieille ? Est-ce la peine que moi, j'y réponde à cette question ? Je m'efforce d'oublier une chose que tu sais déjà et que je n'ai pas envie d'évoquer ici, car ce serait lui donner une consistance. Ce serait l'admettre et je ne le peux pas, ne le pourrai certainement jamais. Après tout, c'est pour cela que je t'écris. Bon, je ne vais pas m'étendre, sinon ce que je dis n'aurait vraiment plus aucun sens. Tu me comprends certainement, tu m'as toujours comprise, même quand les mots me fuyaient.

Il ne s'est rien passé d'exceptionnel aujourd’hui. J'ai été à l'école, mon premier jour depuis lundi passé. Je ne t'apprends rien en te disant qu'on a eu religion. Madame Williams est toujours aussi emmerdante. Elle ne s'arrange pas avec l'âge. Tu te souviens quand nous sommes entrées en troisième secondaire ? Je me souviens que tu avais la peau mate de tes vacances passées en Grèce. On riait, heureuses de se retrouver. Elle est entrée dans la classe, nous a regardées à travers ses lunettes rectangulaires d'un air sévère, les lèvres pincées. Elle s'est alors écriée, en nous pointant du doigt, que si on n'était pas capable de rester calmes, on pouvait aller rire dehors. Sa remarque a doublé nos fous rires. Depuis ce jour, elle nous avait dans le collimateur. Je pense bien d'ailleurs, qu'elle m'a toujours dedans. Elle ne m'a fait aucune remarque. En même temps, je n'allais pas me mettre à rire toute seule. Et seuls nos fous rires et nos bavardages suscitaient son courroux. Bordel, je n'en reviens pas de dire ça, mais ça me manquerait presque de me faire punir. Cela dit, elle a quand même réussi à distribuer deux remarques et envoyé Mathieu en retenue. Il n’a rien compris à ce qui lui arrivait, le con. Pour une fois qu'il ne faisait rien.

Haaa que des beaux souvenirs, ces années d'école, avec toi. Heureusement, quand même que Williams n'était que la prof de religion, elle nous aurait vues en chimie, elle aurait fait un infar. J'en ris toute seule, en repensant aux conneries qu'on a pu faire en labo. Le jour où j'ai mis le feu dans un bécher rempli d'éthanol et je riais tellement que je n'arrivais même pas à souffler dessus pour l'éteindre. Un vrai danger public ! Je crois que ça lui restera en mémoire à ce bon vieux Pierre Adam. Et pas seulement ça, mais je n'aurais pas assez avec, ni ma cartouche, ni ma feuille, pour raconter tout ce que nous avons bien pu faire. Me remémorer ses souvenirs est un baume au cœur. Sur ces mots, il est tard.

Bises, Jo la pyromane :)

P.S : Je ne t'oublie pas.

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