Jeudi 11 février 2010
Cam ou le Surnom de l’Horreur,
Je sais, tu as horreur qu'on te surnomme ainsi ou Caca. En même temps, quelle idée d'appeler quelqu'un, Caca ! De même que je déteste quand on m'appelle Jo… Les surnoms peuvent se révéler d'un ridicule parfois. C'est exaspérant. Désolée, je suis de mauvaise humeur. J'ai passé une journée épouvantable. Je me suis ramassée un ballon en pleine figure en cours d’éducation physique. Ça m'a sacrément sonnée. Faut dire aussi que le nouveau n'y a pas été de main morte. Tu te souviens, je t'ai dit qu'il y avait un nouveau. J'ai découvert qu'il s'appelait Louis. Il est venu s'excuser comme un bon petit garçon. Il est facile d'imaginer la scène. Je me tenais le visage entre les mains quand il est arrivé. Il a posé une main sur mon épaule. « Pardon, je suis vraiment désolé. Ça va, tu ne vois pas des fées ou quoi ? » Et j'ai éclaté en sanglots d'un seul coup. Des fées ? Il était sérieux ? On ne voit pas des fées quand on a pris un coup sur la tête, mais des étoiles ! Il a dû se demander ce qui se passait ou mettre ça sur le compte du ballon. En tout cas, la prof est arrivée ainsi que Léa et j'ai été m'asseoir. Je soupçonne les filles d'avoir compris ce qu'il se passait. Et la prof aussi, sans doute. Elle est venue un peu près de moi pour voir si ça allait. Je ne pense pas qu'elle parlait du coup que je venais d'avoir sur la tête.
Bref, cette journée était merdique. De bout en bout. Y a des jours comme ça. Désolée de te faire subir ma mauvaise humeur, j'espère qu'en la faisant sortir, elle partira. De toute évidence, ce n'est pas gagné. À dire vrai, je me sens en colère contre ce Louis. Mais je crois que je suis en colère contre le monde entier, en fait. Ça fait un peu la révoltée ? Ou l'incomprise de service ? Je ne sais pas trop, j'hésite. Plutôt l'incomprise, je n'ai pas trop l'âme d'une révoltée. En plus, maman m’a crié dessus en revenant parce que j'ai claqué la porte. Franchement… Ce n'est qu'une porte, non ? Enfin, j'imagine qu'elle a compris que c'était plus que ça. Je dois retourner à mon devoir d'histoire. Oui, je sais, encore. Je ne l'ai pas fini hier soir finalement. Bon d'accord, je l'ai à peine commencé, mais aujourd'hui, je vais vraiment le faire. Ce n'est pas ma faute si la guerre froide ne m’intéresse absolument pas. De toute façon, c'est malheureux à dire, mais je pourrais profiter de la situation pour repousser éternellement l'échéance de ce putain de devoir si je le voulais puisqu'il ne veut pas me brusquer. Il utilise toujours des gants pour s'adresser à moi et n'ose pas utiliser un autre ton que celui du conciliant à mon égard. Trop gentil ! Donc, je vais quand même faire ce devoir et te laisser. Je ne veux pas de sa pitié. Ni celle de n’importe qui d’autre d’ailleurs...
Bises, Joana
P.S : Je ne t'oublie pas.
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