Ma vieille,

Après un week-end tout particulier, j'avais finalement hâte de ranger tout ça dans le placard et de retourner à l'école. Personne n'a fait de commentaires désobligeants, je crois qu'ils avaient décidé de faire comme moi et d'oublier l'incident. Tant mieux ! C'est mieux ainsi, qu'on m'oublie un peu.

En ce moment, pour ne rien te cacher, j'ai un sourire. Un rien niais. Je viens de me rappeler quelque chose. Un bon souvenir.

Tu te souviens quand on avait piqué une bouteille d'alcool et qu'on s'était cachées ? C'était à la fête de Solène. Ses parents étaient partis et elle avait la maison à elle toute seule. On s'ennuyait. En plus, on cherchait toutes les deux à éviter certaines personnes. Je ne sais même plus comment ça nous est venu, mais tout d'un coup, on s'est retrouvées à chercher de quoi boire dans la cuisine. Comme de vraies voleuses, on a chipé incognito une bouteille et on s'est trouvé un coin tranquille dans le couloir. Je ne pense pas que c'était un endroit autorisé aux invités. Qu'est-ce qu'on a ri cette soirée-là ! Aaah les délires qu'on a pu inventer…

Je n'arrive pas à réaliser que tout ça est fini, concevoir que ça fait définitivement partie du passé, que plus jamais de nouveaux délires s'ajouteront à notre panoplie. Pendant dix ans. Pendant dix ans, on s'est côtoyées sans relâche.

Combien de rires avons-nous suscités chez l'autre ?

Combien de paroles insensées avons-nous échangées ?

Combien de délires avons-nous créés ?

Combien de fois avons-nous eu besoin du soutien, de l'aide, du réconfort de l'autre ?

Au moins le nombre d'étoiles dans le ciel. Une infinité dans notre petite vie.

Trop de choses que je garde en souvenir, quelque part dans un coin de ma tête. Trop d'émotions qui me submergent. J'aimerais que tout soit possible. J'aurais aimé que notre infinité puisse se prolonger. J'aurais aimé…

Bises, Joana

P.S : Je ne t'oublie pas.