Camille,

Je n'ai pas envie d'avancer. Je n'ai pas envie d'avancer. Je n'ai pas envie d'avancer.

Je sais que j'ai dit que Louis m'aidait, que plusieurs personnes m'ont dit d'avancer. Je n'en ai pas envie.

Dis-moi que je le dois, que je n'ai pas le choix, que je ne peux pas faire autrement. Dis-le moi, Camille ! Rassure-moi. Joue ton rôle. J'ai besoin de toi. Sois l'amie que tu as toujours été. Reviens t'asseoir à côté de moi dans mon lit qu'on puisse en parler pendant des heures, élaborer des tas de scénarios. Reviens prendre ta place. Reviens, je t'en supplie.

Je pense qu'à un moment dans notre vie, on ne comprend plus rien. Tout nous échappe. À moins que ce soit nous qui volontairement nous voilons la face, relâchons nos prises pour les laisser filer. Je suis arrivée à ce stade. Tout ce qui concerne Louis est nébuleux. Louis est un ami, je le sais, c'est ce que je me répète depuis ce matin. Et plus je le dis, plus ça sonne étrange à mes oreilles. Comme lorsque tu prononces plusieurs fois de suite un mot tout à fait banal. Au bout d'un moment, tu n'es même plus sûr que le mot existe.

Sinon, j'ai été dîner chez ma mamie. Elle avait décidé de faire un petit repas de famille. Je ne pouvais pas sourire, j'étais figée dans une expression morne. Toutes les blagues lancées passaient au-dessus de ma tête sans jamais m'atteindre.

Comment rire, si je ne peux plus jamais entendre le tien, en écho du mien ?

J'ai l'impression que rien plus jamais n'ira. Plus jamais je ne serai heureuse. Plus jamais je n'arriverai à profiter des choses simples. Plus jamais je ne le pourrai. Dis-moi que je suis obligée. Dis-moi que je le peux, que je n'ai pas le choix...

Bises, Joana

P.S : Je ne t'oublie pas.