La naissance du Vieux Juge.

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" La beauté est partout dans la nature, la moindre petite fleur, les reflets harmonieux de la lumière à la surface de l'eau, la force tranquille des arbres majestueux, tout rayonne de la beauté naturelle du monde." Natalia Logvinova Smalto

Il était une fois, sur une terre encore inachevée, un groupe de divinitées charmée par la possibilité de façonner à leurs goûts leurs nouveaux domaines.

Il était deux fois, une déesse espiègle aux émotions dictant le ciel. Une seconde concentrait sur ses tâches au point d’oublier quelquefois ce qui l’entoure. Et pour finir une troisième, vertueuse et qui ne manque jamais une occasion de se divertir.

Il était trois fois, en une belle après-midi ensoleillée, une jeune déesse aux doigts malicieux qui réalisa un petit tour pétillant à sa grande amie de toujours.

 En cette magnifique après-midi, Atuna, déesse de la chasse et de la nature sauvage, s’évertuait à planter ses créations. Tout autour d’elle les végétaux poussaient et s’épanouissaient sous l’œil bienveillant de la déesse. Qu’elles soient petites ou grandes, chacune des plantes recevait de la part d’Atuna, de l’amour et de la tendresse.

 Heureuse de son travail et absorbée par la contemplation de ses créations, elle ne fit pas attention à la main qui dérobait une graine dans son panier d’osier.

 Tout en haut dans le ciel bleu, la déesse de la météorologie et des catastrophes naturelles se laissa tomber au creux d’un nuage moelleux. La déesse Viona souriait, satisfaite de l’idée qui germait dans sa tête. Dans sa main, elle tenait une petite graine, d’un arbre qui n’avait pas encore eu l’occasion de pousser. Après de longues minutes d’observation, et ignorant toujours de quelle espèce de végétal cette graine faisait partie, Viona se mit au travail.

 Dans l’une des mains de la déesse malicieuse, se trouvait une graine, dans l’autre un petit nuage de brumes. Avec une grande concentration, Viona réunit ses deux mains et introduisit le petit nuage de brume au cœur de la graine. Une fois qu’elle fut tout à fait sûre que son mélange avait bien fusionné, Viona remis discrètement la graine dans le panier d’Atuna.

 Tout en haut dans le ciel, perchée sur son nuage blanc une petite déesse facétieuse attendait de voir la réaction de son amie tellement appliquée dans son travail.

 Au fil des jours ensoleillés, Atuna continua à planter ses créations chères à son cœur, sous le regard impatient de Viona. Quand enfin, la petite graine au cœur de brume fut plantée, un magnifique saule pleureur d’un blanc pur poussa, et de ses feuilles de la brume s’écoula recouvrant les alentours. La déesse de la nature fut stupéfaite par cet arbre aux propriétés étranges.

 Surprise par la singularité de sa précieuse graine, Atuna chercha à comprendre comment cela pouvait être possible. Les deux mains posées sur la surface du jeune tronc d’arbre, la déesse de la nature se connecta à son enfant végétal. Après avoir minutieusement suivi les stries du tronc, sans rien trouver d’anormal, Atuna atteignit enfin son cœur. Quelle ne fut pas sa surprise quand elle décela la présence d’un petit nuage de brume mélangée à sa graine.

 Reconnaissant là, la nature de cette magie Atuna comprit très vite à qui elle devait ceci. Et le vent joyeux propageant le gloussement retenu maladroitement de Viona jusqu’aux oreilles d’Atuna ne fit que confirmer ses soupçons. Une nouvelle fois les blagues bienveillantes et sympathiques de Viona avaient trouvé leurs cibles.

 Charmé par la bonne humeur de sa jeune camarade, Atuna décida de prolonger ce moment agréable. Sous l’œil attentif de Viona, la déesse des plantes partie à la recherche de la déesse de la justice, de l’ordre et de la vérité, pour l’aider à résoudre ce faux mystère. Coris, qui s’ennuyait un peu, accepta immédiatement de suivre Atuna dans son jeu. Ensemble, elles élaborèrent un plan à la hauteur des facéties de leur camarade.

 Après quelque temps à faire semblant de chercher des indices pour résoudre le mystère, les deux détectives allèrent trouver Viona. Démasquée par ses deux amies, la jeune déesse les félicita chaleureusement pour leur découverte rapide. D’un commun accord, Atuna et Coris, débutèrent leur petite farce.

 C’est sous les yeux réprobateurs d’Atuna et le visage moralisateur de Coris, que Viona perdit son incroyable sourire. Avec ses expressions si sérieuses portait sur le visage de ses deux interlocutrices, Viona commença à douter de l’effet qu’avait eu son petit tour sur la déesse de la nature. De plus en plus, un sentiment de culpabilité grandit dans le cœur de la jeune déesse, et dans le ciel autrefois bleu, des nuages de pluie se regroupaient en masse.

 À aucun moment la jeune déesse ne voulait blesser sa précieuse amie. Alors, pour qu’il n'y ait aucun malentendu entre elles, Viona se mit à expliquer, maladroitement, le caractère innocent de sa petite farce. Devant les explications sans queue ni tête de Viona, les deux déesses ne purent garder plus longtemps leurs visages sérieux. À l'unisson, elles se mirent toutes deux à rire joyeusement.

 Incapable de comprendre pourquoi un fou rire avait gagné ses deux interlocutrices, Viona du prendre son mal en patience et attendre qu’elles se calment. Complices, Atuna et Coris commencèrent à expliquer à leur jeune camarade leur petite revanche amicale. Heureuse qu’il n’y ait jamais eu aucune rancœur entre elles, Viona chassa les nuages de son cœur et de nouveau le soleil brilla dans le ciel.

 Au lendemain de la naissance du saule brumeux, Atuna vient chercher Viona pour lui faire une proposition quelque peu inattendue. Fascinée par l’arbre qu’elle avait aidé à créer, Atuna souhaitait que Viona renouvelle l’expérience avec d’autres graines, et ainsi créer une forêt entièrement composée de saule brumeux. Après plusieurs jours de travail, une luxuriante forêt de saules brumeux s’épanouissait librement.

 Le soir venu, Atuna et Viona convièrent Coris au pied du premier saule brumeux. Tout en l'admirant, une idée fleurit dans la tête d’Atuna. Rendre cet arbre encore plus unique, qu’il ne l’était déjà, en lui offrant chacune un présent.

 À l’arbre, Atuna offrit un esprit sylvestre capable de penser par lui-même et le relia à tous les autres arbres de même nature que lui. Coris, elle, lui offrit la capacité de voir la vérité cachée dans l’âme de chacun. Ainsi il pourra juger et punir les âmes qui respiraient le brouillard produit par les feuilles de la forêt. Viona quant à elle renouvela son don de brouillard à l’arbre, mais le modifia légèrement pour qu’il puisse s’adapter aux dons de ses deux consœurs.

Ainsi naquirent la blanche forêt brumeuse et son éternel protecteur, le sondeur d’âme. Plus connu, aujourd’hui, sous le nom du Vieux Juge.

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