De retour du lycée, je suis crevé.

L’exposé d’histoire n’avance pas du tout entre Jérôme et moi. Il est aussi motivé que moi, c’est dire.

Durant l'heure d'étude, il a passé son temps à me sourire et à me poser des questions sur ce que j’aime dans la vie, mes loisirs, si j’ai une petite amie. J’ai totalement halluciné. Je me suis refermé comme une huître. Va chercher des amis ailleurs, mon pote !

Quand je leur ai raconté, Ariane et Alan ont compati.

“Jérôme est amoureux de toi, ou quoi ?” m’a sorti Ariane sans réfléchir, regrettant tout de suite ses paroles.

''Ah, c'est malin'' ai-je réussi à sortir, l'air détaché, pour ne pas perdre la face. Mais avec ces quelques secondes de décalage, signe qu'elle avait touché un point sensible chez moi.

Tu as visé juste, Ariane, sans intention de me blesser, je le sais. Je ne t'en veux pas. J'espère que tu le sais. Je l'ai lu dans tes yeux, n'est-ce pas ?

Tu viens de réaliser, trop tard, les limites de mon intimité, que tu as franchi aujourd'hui, sans mesurer la portée de tes paroles (Albert Camus CQFD).

Alan, lui, n'a rien dit. Il s'est contenté de rougir. Il avait l’air gêné, lui aussi.