Rallumer les étoiles
Il est temps pour moi de remettre les compteurs à zéro. De ne plus courber l'échine. D'être fier de ce que je suis. De ne plus avoir peur. Je sais que cela va prendre du temps, mais je me sens prêt. Je le répète, je suis ultra motivé.
Et puis j'ai la chance de pouvoir compter sur mes deux amis, Ariane et Alan. Nous formons un trio indestructible.
Papa, comme moi, est en train de changer de peau, pour le meilleur. Il paraît qu'à la quarantaine, c'est assez classique. Maman sera là à ses côtés, je le sais. Elle est toujours déterminée à ne pas lâcher l'affaire avec moi, c'est-à-dire qu'elle continuera à s'inquiéter pour la moindre broutille me concernant. La complicité avec papa nous portera. Pour l'instant, il est hors de question que je leur raconte ma vie sentimentale. Je ne me sens pas encore prêt. Et dire qu'il y a encore six mois, je pensais que j'étais transparent à leurs yeux. J'ai été le pire idiot qu'il soit, aveugle de surcroît.
Encore plus en ce qui concerne Ariane. Je comprends mieux à présent son comportement. Elle avait deviné depuis la rentrée, pour moi et les garçons. Paul, son frère de 19 ans, est homo lui aussi (je n'arrive toujours pas à y croire). Mais elle ne savait pas comment m'en parler et attendait que ça vienne de moi. Et comme il paraît que je suis long à la détente, elle a voulu accélérer les choses. Je la remercie d'avoir jeté Julie dans les bras d'Alan pour que je comprenne qu'il fallait que j'arrête de faire une fixette sur lui. Il n'a pas mal réagi lorsqu'il a compris que j'avais des sentiments pour lui. Je suis hyper soulagé et surtout très chanceux. Ça n'a rien changé entre nous. Au contraire, il a décidé de m'appeller son ''best''. Pas de boyfriend, mais un véritable ami. Je préfère ça finalement. J'aurais été incapable d'envisager ça il y a quinze jours. Tout s'est accéléré dans mon esprit. Je crois avoir réussi à assembler chaque pièce de mon casse tête mental. Pour une fois, je suis fier de ce que j'ai réussi à surmonter. Et heureux d'avoir un garçon comme ami. Ce qui fait bien enrager ce pauvre Sébastien. Plus bête que méchant celui-là.
Enfin, Paul m'a promis que je pourrais toujours compter sur lui et être une oreille attentive quand j'en ressentirai le besoin. À mon âge, il aurait tant aimé pouvoir parler librement à quelqu'un qui partage les mêmes préférences que lui. Il a déjà su, en quelques jours, m'apprivoiser. Peut-être que j'étais prêt, sans en avoir conscience et que je n'attendais que ça. Il a un petit ami qui s'appelle Tom. Il est très sympa et surtout très mignon. Mais ça bien sûr, je le garde pour moi. Officiellement, ils sont colocataires. Les parents de Paul ne savent toujours pas qu'ils partagent le même lit. Seule Ariane est au courant. Elle est trop fière de garder un tel secret. Avec Alan, on avait tout faux sur elle et Tristan. Elle a juste une grande admiration pour lui.
Je tourne la dernière page de ce cahier, déjà. Et c'est très bien ainsi. Je ne ressens plus le besoin d'écrire. Si je change d'avis, je n'aurais qu'à reprendre la plume.
Pour le moment, iI est temps pour moi d'aller me coucher.
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