J’ai du mal à me réveiller
Mercredi 13 octobre - 7 heures du matin
« Pierre, Pierre, lève-toi, je crois que tu as manqué l’heure et, en plus tu es de service ! Que va penser Monsieur Carrier ? Allons presse-toi ! »
Maman est entrée dans ma chambre, un peu inquiète de me savoir en retard. J’ai du mal à me réveiller et mes idées sont floues, pareilles aux nappes de brouillard de l’automne qui commence. Je m’entends prononcer cette phrase incompréhensible pour Maman :
« Mais où est passé Gavroche ? Et l’éléphant, tout de même, il ne peut pas avoir disparu ! »
« Pierre, je te l’ai souvent dit, arrête de lire tes histoires le soir au coucher. Tu en rêves la nuit et au matin tu en as encore de bons restes ! »
J’avale un rapide petit-déjeuner. Je suis dans la rue. Je suis devant la porte de l’école. Je suis dans la salle de classe, le cœur tremblant mais empli de joie à l’idée de retrouver mes nouveaux amis. La porte tourne en grinçant. Au sol, sur le parquet, quatre empreintes de poussière blanche. Quatre empreintes d’énormes pattes. Je dois m’en remettre à la réalité, l’éléphant a dû rejoindre la Place de la Bastille et avec lui s’envolent tous mes rêves d’enfance. Deux couvertures traînent au sol. Je les reconnais. Ce sont celles que Gavroche a récupérées au Jardin des Plantes. Surgissent à nouveau quelques passages du Souché :
‘’Gavroche fixa un œil attendri sur la couverture. ‘C’est du Jardin des Plantes, dit-il. J’ai pris ça aux singes.’
Et montrant à l’aîné la natte sur laquelle il était couché, natte fort épaisse et admirablement travaillée, il ajouta :
‘Ça c’était à la girafe.’
Après une pause, il poursuivit : ‘Les bêtes avaient tout ça. Je le leur ai pris. Ça ne les a pas fâchées. Je leur ai dit :’C’est pour l’éléphant’ ‘’
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