Dictature
Cela faisait environ deux ans que Staline était là, et les choses étaient plus ou moins actées : nous vivions dans une dictature éclairée.
Une dictature à l’échelle planétaire, une de celles que Staline, le vrai, n’aurait sûrement pas reniée.
Globalement tout allait bien, plus personne ne se plaignait trop de rien. Ceux que ça gênait vraiment avaient tous été supprimés – on estimait désormais que cela concernait 0.5% de l’humanité de 2020, soit quand même trente-huit millions de personnes éliminées.
D’un certain point de vue c’était énorme, mais pour une dictature on restait dans des chiffres tout à fait modestes voire plutôt bas, si ce n’est même carrément petit bras. Mais bon, on n’en parlait pas. En vérité plus personne n’avait vraiment peur de Staline, mais c’était comme ça.
Alesia ? Connais pas.
De toute façon, pourquoi se plaindre ?
Nous touchions tous au moins le revenu universel et chacun mangeait à sa faim. La sécurité sociale n’en parlons pas : tout était gratuit, les hôpitaux étaient automatisés, bref c’était Byzance et en cas de vrai pépin c’était Staline Elle-même qui nous opérait, avec un taux de réussite stratosphérique qui faisait crever de jalousie les plus grands chirurgiens.
La liberté de la presse était respectée, celle de manifester aussi, il n’y avait plus de guerre et l’Etat islamique n’était plus qu’un mauvais souvenir.
Même la guerre insurrectionnelle avait été vaincue, c’était vous dire.
Restait la planète.
Staline ne rigolait pas trop avec ça.
On avait encore le droit de polluer, mais fallait pas trop abuser.
Les vacances en avion, c’était pas fini, mais c’était quand même un peu la loterie.
L’électricité n’était plus nucléaire mais renouvelable, tout ça avait été permis grâce à d’énormes progrès sur les batteries et à une rationalisation de nos besoins en énergie.
Bref tout allait bien.
Et puis un jour, sans trop qu’on sache pourquoi, Staline n’était plus là.
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