Carbone
La suite fut donc pour le moins spéciale.
Staline était parvenue, de gré et plus ou moins de force, à restaurer la raison chez notre espèce qui était de toute évidence partie en vrille.
Staline avait restauré la volonté commune de défendre le bien commun.
(Ou, à tout le moins, Elle nous avait forcés à défendre le bien commun.)
Et le bien commun ultime étant notre planète, Elle avait décidé de la sauver. Le plus simple, et le plus radical peut-être, fut l’instauration du contrôle de la natalité. Une sorte de politique d’enfant unique fut instaurée, façon Chine mais en encore plus corsé.
Le recours à l’adoption plutôt qu’à la copulation fut encouragé.
Sur le long terme – et là on parle de dizaines d’années – cela a fonctionné.
Mais Staline voyait encore plus loin. Et pour tout dire, nous aussi, car après un demi-siècle de dictature stalinienne éclairée, nous avions développé une forme plus ou moins sévère du syndrome de Stockholm.
Nous étions tous devenus des petits Staline en puissance, des petits pères des peuples que n’importe qui des années 2010 aurait taxés de dangereux extrémistes.
C’était un peu comme si les Nazis avaient gagné : le monde aurait prospéré sur des bases totalement fascistes et personne n’en aurait été choqué.
Alors quand Staline a commencé à parler de modifications génomiques systématiques, personne n’a moufté. De mémoire c’est même un humain qui a dit que nous devions devenir des post-humains.
Quelqu’un a surenchéri.
Il a dit qu’il était temps que l’on devienne des machines.
Tout le monde a applaudi.
Je crois que c’est à ce moment-là que pour notre structure à base de carbone cela a commencé à sentir le roussi.
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