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Depuis bientôt sept ans, le monde civilisé s’est effondré. Quant à savoir ce qui a causé cet cette tragédie nous ne le saurons certainement jamais. L’important est que nous avons réussi à survivre. Nous ne vivons plus dans le luxe de la société industrialisée d'autrefois, mais nous avons réussi recréé un quotidien surportable.

Toujours en mouvement pour échapper aux vandales profitant du désordre social. Nous avions découvert des hangars abandonnés, nous ne pensions pas y rester, mais ils ont fini par devenir notre nouveau chez nous. Depuis lors, nous avons été rejoints par trois couples dans la même situation d’errance. Maintenant, nous formons une communauté soudée et solidaire.

Nous ne croisons que rarement d’autres rescapés de la fin de la civilisation depuis quelques années. Impossible de dire combien d’entre nous ont survécu à cette apocalypse. Le dernier à nous avoir rejoint est Thomas. Affamé, il s'était fait surprendre en train de chaparder des tomates dans notre serre. Nous avions compris sa détresse et l’avions accueilli. Depuis, il participe à la vie communautaire sans rechignier.

Il est vrai que nous avons peu d’intimité, mais chacun s’est construit un abri individuel aux quatre coins du grand hangar. Tout d’abord, Marc et Flora ont réalisé une sorte de tiny house sur une vieille remorque abandonnée. C’est un peu étroit, mais la simplicité est vraiment ce qui les caractérise. La petite habitation sur roues a le mérite de pouvoir être déplacée, même si nous ne voyons plus de véhicules rouler depuis bientôt quatre ans. Les dernières réserves de pétrole doivent être arrivées à leur terme.

Ensuite, il y eut Déborah et Sébastien, ils ont passé des mois à récolter des pierres dans les alentours et se sont fabriqués une vraie petite maisonnette bien solide et chaleureuse. L’intérieur reste très rustique, mais ils sont à l’abri du froid. Leur salon nous sert de point de rassemblement durant les longues soirées d’hiver.

Christine et Stéphanie ont opté pour une construction classique en bois, ce qui leur a permis d’être les premières à terminer leur habitat.

Thomas, lui, a choisi de vivre dans ce vieux bureau vitré au fond du hangar. Il n’avait pas le désir de construire sa propre demeure alors qu’il était seul.

Quant à Mickaël et moi, nous avons préféré utiliser ce que la nature nous offrait de plus abondant, la paille de nos moissons et la terre argileuse des alentours. Nous avons mis quelques mois à construire cette petite maison en terre-paille, mais le résultat est tout à fait à notre image, biscornu mais charmant. Nous avions même construit une pièce supplémentaire pour pouvoir accueillir un enfant.


Malheureusement, cela fait des années que nous essayons d’avoir un bébé. Stéphanie qui était sage-femme dans le monde d’avant, m’avait donné tout un tas de conseils pour favoriser la procréation. Je les avais tous suivis à la lettre, mais rien n’y a fait. Je ne parvenais pas à tomber enceinte. Nous avons alors pensé qu’un de nous deux devait être stérile, mais comment en être sûr dans le monde actuel. Les laboratoires et leurs analyses sont dorénavant un lointain passé.


Le temps passa et nous nous aperçûmes que le problème ne venait peut-être pas de nous, car aucun autre couple ne parvenait à engendrer de descendance. Nous l’avions évoqué tous ensemble lors d’une de nos soirées hivernales autour d’un feu lumineux.


— Et toi Natacha, vous essayez toujours avec Mickaël ? demanda Stéphanie sans ambages.
La question m’avait un peu déstabilisée, mais nous nous connaissions depuis des années maintenant. Je lui avais répondu avec tristesse, mais sans embarras.


— Non, cela fait maintenant des années que nous essayons.


— Sébastien et moi, nous le faisons chaque jour depuis des mois, avait avoué Déborah qui n’avait pas sa langue dans sa poche pour ce genre de sujet, mais j’ai encore eu mes règles, il y a deux semaines.


— Oh, ce n'est pas vrai ! Marc et moi n’y arrivons pas, non plus. Vous pensez que nous sommes tous stériles ? Il y peut être une pollution dans l’air, dans l’eau ou le sol qui nous affecte tous, conjectura Flora.


— Calmez-vous les filles, ne vous affolez pas comme ça, intervint Stéphanie. De toute façon, nous n’avons aucun moyen de le savoir. Le mieux serait de tester d’autres alternatives avant d’en tirer des conclusions prématurées.


— Oui, Steph à raison, renchérit sa compagne Christine, ça pourrait être le stress de ce mode de vie auquel nous n’étions plus adapté. Nous n’avons pas expérimenté toutes les possibilités avant de conclure à nos stérilités.


Je restais sceptique face à leur discours, j’avais peur d’être en train de comprendre où elles voulaient en venir.


— Et qu’est-ce que vous proposez ? demanda Flora.


Je n’étais pas sûre d’avoir envie de savoir en quoi consistait leur proposition. J’eus envie de mettre mes oreilles entre mes mains pour ne pas entendre les mots qui allaient sortir de sa bouche.

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