9 - Jen

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Au moment où je me réveille, je suis d'abord surprise de sentir que je ne porte qu'un tanga, puis le deviens encore plus lorsque je réalise que je ne suis pas seule. Un bras d'homme repose sur mon ventre. Je tourne la tête en direction de l'intrus et le reconnais aussitôt. Jayden Miller, le type que j'ai percuté hier dans les couloirs et qui a ensuite pris ma défense, dort paisiblement sur le ventre. Je déglutis avec peine en me rendant compte qu'il est torse nu. Je n'ose pas glisser ma main sous les draps pour voir si comme moi, il porte encore quelque chose en dessous de la ceinture. Le pire c'est que je n'arrive pas à me rappeler comment il s'est retrouvé dans ma chambre, ni même ce que nous avons fait. Ai-je couché avec lui ? Et dire que je m'étais juré de ne plus jamais approcher un musicien de toute ma vie après ma rupture avec Shawn, il a fallu que je m'en dégote un, célèbre en plus. Bon Dieu, qu'est-ce qu'il m'a pris de le laisser entrer ici ?

Je tente de forcer un peu sur ma mémoire, afin de trouver les réponses à mes questions, mais la dernière chose dont je me souviens c'est d'être allée avec lui au bar de l'hôtel, après avoir quitté le Devil's. Je sais que nous avons un peu discuté et que je l'ai trouvé super sympa, cependant ça n'explique pas sa présence. En même temps, pourquoi ai-je autant bu ? Moi qui ne bois quasiment jamais. J'ai bien une excuse, mais je n'aurais pas dû autant abuser. En même temps voir Pete se donner du bon temps en embrassant sa copine m'a vraiment mise hors de moi. Sans compter ce qu'il est ensuite venu me dire. L'hôpital c'est vraiment foutu de la charité?. Quel con, ce gars ! Et dire que je tenais à lui !

Mes pensées sont brusquement interrompues par quelqu'un qui toque... contre la porte de la chambre ? Oh, bordel ! Très peu de personnes ont accès à la suite, hormis les femmes de ménage et Leslie. Seigneur, faites que ce ne soit pas ma sœur !

— Jen, t'es réveillée ? Je peux entrer ? me questionne ma cadette.

À compter d'aujourd'hui, je n'envoie plus aucune prière. Ça ne sert à rien, puisque personne ne les écoute.

— Non ! m'écrié-je un peu trop vite.

— Tout va bien ? T'es malade ? s'inquiète-t-elle aussitôt.

Oui, on va dire ça comme ça.

— J'ai juste mal à la tête, ça va passer.

— Je peux entrer alors ?

Elle le fait exprès ou quoi ? Je lui ai déjà dit non.

— Tu pourrais aller me chercher de l'aspirine, s'il te plaît.

— Putain, c'est quoi ce bordel ? grogne Jayden un peu trop fort.

Pitié, faites qu'elle n'ait rien entendu !

— Il y a quelqu'un avec toi, Jen ?

Ce n'est pas possible, tous les éléments se sont ligués contre moi, ma parole ! Là, c'est la panique. Que dois-je faire pour qu'elle n'entre pas dans la chambre. L'intimité a été rayée depuis longtemps de son vocabulaire et elle est bien capable de pousser la porte d'une seconde à l'autre.

— Cesse de me poser des questions et fais ce que je te demande ! lui lancé-je autoritaire.

— D'accord, j'y vais, mais après tu me racontes tout. Surtout que j'ai ma petite idée de qui se trouve dans ton lit.

Quoi ? Comment ça ? C'est pas vrai, elle ne peut pas s'en douter !

Je me frappe le front en me souvenant qu'elle nous a aperçus partir ensemble. Elle va exiger les moindres détails de la nuit que j'ai passé avec l'un de ses idoles. Mince et mince et encore mince ! J'aurais mieux fait de réfléchir avant d'accepter de quitter le bar en même temps que ce type. Je ne suis pas sortie de l'auberge !

Dès que j'entends la porte de la suite se refermer, je secoue Jayden pour qu'il se réveille. Ce con, au lieu d'ouvrir les yeux, raffermit son étreinte. Il m'est impossible de bouger désormais. Il me faut une idée de génie tout de suite, sans quoi je suis mal barrée. Si ma tête ne me lançait pas autant, je suis certaine que je pourrais trouver, mais là, c'est quasiment mission impossible.

— Jayden !

Je l'appelle plusieurs fois en espérant qu'un miracle se produise.

Quand il ouvre enfin les yeux, je peux enfin respirer... ou presque, car le sourire qu'il me lance est à tomber à la renverse. Heureusement que je suis déjà allongée, sinon il y aurait de fortes chances pour que ça se produise. Cet homme a un charme de dingue, même au réveil.

— Bonjour, belle inconnue.

Comment suis-je censée me contenir face à une voix aussi sexy ?

— Vite, il faut que tu sortes de ma suite ! le pressé-je, en me rappelant pour quelles raisons je l'ai réveillé.

— Sympa, le réveil ! peste-t-il. J'aurais préféré qu'on continue ce qu'on a entamé cette nuit.

Pour appuyer ses paroles, il remonte sensuellement ses doigts le long de mon bras, puis les laisse redescendre vers ma poitrine. Malgré moi, je ronronne. Il sait vraiment s'y prendre pour faire perdre la tête à une femme.

Toutefois, je me reprends très vite en me souvenant que Leslie ne va pas mettre trois heures à revenir.

— Je suis sérieuse, Jayden.

— Moi aussi, je le suis, réplique-t-il d'une voix rauque, avant de s'emparer de mon sein dans sa main et de le guider vers sa bouche.

Même s'il est super beau gosse, qu'il embrasse super bien, je ne peux pas le laisser faire. Mais, mince, c'est tellement bon que j'ai du mal à le repousser. Et c'est pire lorsqu'il vient se placer au-dessus de moi.

Je me fais violence pour revenir à la raison. Pourtant à l'instant où sa bouche s'empare de la mienne, je me consume littéralement et je perds la tête. Un feu que je n'avais pas r

essenti depuis plusieurs mois brûle dans mon bas-ventre.

Qu'est-ce qu'il m'arrive ? Je ne suis d'habitude pas ce genre de filles. Les coups d'un soir, ou du matin, dans le cas présent, très peu pour moi.

Mon corps ne semble pas du tout en adéquation avec ma tête. Il en désire encore plus et pour le prouver à mon partenaire, mes jambes s'enroulent autour de ses hanches.

— Le réveil est bien plus agréable ainsi ! me lance-t-il de sa voix ensorcelante.

Je n'ai pas le temps de répondre que la porte de la suite s'ouvre et se ferme dans la foulée.

— Désolée, mais cette fois, tu ne vas pas avoir le choix que de te rhabiller en quatrième vitesse. Ma sœur est fichue d'entrer dans la chambre, sans même frapper. Et je peux t'assurer, que même si tu n'es pas son préféré, elle aimerait bien te mettre dans son lit. Alors si elle te voit à poil, elle risque de te sauter dessus.

Quand une drôle de lueur illumine son regard, je n'ai absolument pas envie de connaître le fond de ses pensées. Je crains que ça englobe mon prénom, celui de ma sœur et la surface sur laquelle je me trouve encore.

Je le pousse légèrement pour qu'il s'active un peu plus vite.

— Et qui est son préféré ? me questionne-t-il en finissant par sortir son beau fessier de mon lit.

Alors qu'il part à la recherche de ses vêtements, je ne peux m'empêcher de reluquer son derrière. Et je peux dire que j'apprécie ce que je vois. Ses fesses sont tout autant musclées que le reste de son corps.

Non, mais là, je déconne méchamment. Mes hormones sont en train de me jouer un sale tour.

Au moment où il se tourne vers moi, je reprends le fil de ma discussion pour éviter qu'il remarque mon trop grand intérêt pour son cul.

— Aucune idée, vu que je ne veux pas entendre parler de musique.

Il hoche juste la tête, comme s'il comprenait de quoi je parle. Étrange, néanmoins je ne m'y attarde pas. Je préfère largement porter mon attention sur ses tablettes, trop bien dessinées. Même Shawn à côté fait pâle figure et pourtant je raffolais de ses abdos.

— Le spectacle te plaît ? me taquine-t-il, en enfilant son pantalon.

Mes joues viennent de se poser sur une plaque incandescente tellement elles me brûlent. Morte de honte, je détourne le regard, alors qu'il se met à rire.

— Peut-être que si je te présentais mes potes, tu changerais d'avis, reprend-il plus sérieusement.

Je tourne la tête vers lui, pour lui répondre avec autant de sérieux.

— Je ne crois pas, non.

— Je n'ai pas retenu ton histoire hier soir. Je t'avoue que quand on en a parlé, j'avais déjà pas mal bu. C'est à cause d'un de tes ex que tu détestes autant la musique actuelle, c'est ça ?

Quoi ? Mais, qu'est-ce que j'ai été lui raconter ? Je n'ai pas le temps de lui poser la question, que la poignée de la chambre bouge. Leslie va entrer et plus vite que je ne le pensais. Comprenant ce qu'il va se passer, Jayden enfile à la hâte sa chemise..

— On se voit plus tard ? me questionne-t-il, au moment où ma soeur entre.

— Non, réponds-je en remontant les couvertures sur ma poitrine dénudée.

— Non ? s'étonnent-ils en chœur.

— C'est ça, vous avez bien compris. J'ai dit non.

Dépitée, Leslie secoue la tête.

— Dommage, j'aurais vraiment aimé qu'on remette ça !

Il appuie ses paroles avec un clin d'œil, qui n'échappe pas à Leslie.

Mais ce n'est pas possible ! Ce gars est taré. Je suis sûre qu'il l'a fait exprès, pour me mettre mal à l'aise devant ma sœur. D'ailleurs, je me demande ce qu'il est en train de lui souffler à l'oreille, d'autant plus que les yeux de Leslie s'écarquillent d'ahurissement.

— Toi, t'as intérêt de tout me raconter sur votre nuit sensationnelle ! me lance-t-elle, une fois qu'il a quitté la suite.

— Il n'y a rien à raconter.

— En tout cas, pour quelqu'un qui a mal au crâne, t'es plutôt en forme.

— Mais de quoi tu parles ?

Elle lève les yeux au ciel, exaspérée par mes réponses.

— Je ne suis pas née de la dernière pluie, Jen et ça fait longtemps que je ne suis plus vierge. Ces lèvres gonflées et rouges ne signifient qu'une seule chose, surtout quand on a Jayden Miller dans son lit. Je ne sais même pas si tu te rends compte de la chance que tu as d'avoir pu baiser avec lui.

— Ton langage, Leslie ! m'offusqué-je.

— Désolée... Il m'a dit à quel point ça avait été l'extase à chaque fois, alors raconte maintenant. Vous l'avez fait combien de fois ?

Sauf que si c'est le cas, je n'en ai aucun souvenirs. Je le lui avoue, mais visiblement elle ne me croit pas du tout.

— Comment on peut oublier un tel type ? Je suis sûre que c'est un Dieu du sexe.

Pauvre Leslie. À mon avis, elle doit être en manque. Ça fait longtemps qu'elle ne m'a pas raconté une de ses nuits où elle perd la tête entre les bras d'un beau gars. Parce que oui, j'ai toujours droit aux moindres détails, limite si elle ne me donne pas la mensuration de leurs pénis.

— Où est l'aspirine ? demandé-je pour dévier la conversation.

— Ah oui, c'est vrai ! Attends !

Quand elle quitte la chambre, j'en profite pour me lever et m'habiller. Elle revient quelques secondes plus tard et me tend un verre. J'avale le liquide en grimaçant. J'ai toujours eu horreur de ce médicament, au goût infâme. Plus je m'en passe et mieux, je me porte.

— Je vais appeler le service d'étage, pour qu'il nous apporte notre petit-déjeuner et ensuite, je veux avoir les moindres détails de ta nuit de débauche.

Elle ne va donc jamais me lâcher avec cette histoire ? D'accord j'ai passé la nuit avec l'un des mecs les plus célèbres du moment, mais ce n'est pas comme si je venais de rencontrer le Messie, si ? Je n'ai pas le temps d'aller plus loin dans ma réflexion que je suis interrompue par la sonnerie de mon téléphone. Des marteaux-piqueurs tambourinent à nouveau sous mon crâne, à cause de la musique qui ne cesse de retentir. Je pars à sa recherche, néanmoins il semble vouloir jouer à cache-cache ce matin. Au bout de plusieurs secondes, je finis par le dégoter dans mon sac à main. Deux hypothèses, soit j'ai une véritable gueule de bois qui m'empêche de réfléchir, soit le beau gosse qui a passé la nuit avec moi me perturbe au point où mes neurones n'arrivent pas à s'associer. En attendant, j'ai raté l'appel. En voyant qu'il s'agit de mon père, je le rappelle aussitôt.

— Bonjour, Jen ! répond-il en décrochant.

Son ton sérieux ne m'annonce rien qui vaille. De toute façon, il ne m'aurait pas contacté juste pour prendre des nouvelles. Il serait plutôt venu me trouver ici.

— Bonjour, papa. Qu'est-ce qu'il se passe ?

— Je suis actuellement dans le bureau de Dyson. J'aimerais que tu passes me voir le plus rapidement possible. On en discutera à ce moment-là.

S'il me fait venir dans le bureau du directeur de l'établissement c'est qu'il veut me voir en entrevue officielle ou alors il est en colère après moi. Depuis que je suis toute petite, il a toujours agi ainsi. Il me convoquait dans son bureau à la maison pour me réprimander. Pourtant, je ne vois pas du tout ce qui a pu lui déplaire dans mon comportement. Je n'ai géré aucune de nos affaires ces deux derniers mois, je n'ai donc pas pu commettre de bourdes. A moins que quelqu'un lui ait dit que j'avais bu plus que de raison, mais je ne crois pas qu'Alex ait été lui reporté qu'il m'avait servi jusqu'à point d'heures. J'ai beau réfléchir, je ne vois pas ce que j'aurais pu faire pour qu'il soit remonté contre moi.

— J'arrive, l'informé-je avant de raccrocher.

Je quitte ma chambre et annonce mon départ à Leslie. Elle grogne, mécontente que je l'abandonne ainsi sans lui avoir fourni le moindre détail croustillant sur cette nuit. Je hausse les épaules, pour l'heure, ce n'est pas mon problème.

Lorsque j'arrive dans le bureau, mon père m'attend assis dans le fauteuil en cuir du directeur. D'une main, il m'invite à prendre place face à lui. Devant son sombre regard et son visage fermé, je n'en mène pas large. Je déglutis avec peine, en attendant qu'il prenne la parole. Plusieurs très longues secondes s'écoulent, durant lesquelles il ne fait que m'observer.

— Papa ? finis-je par l'interroger quand cette ambiance devient intenable.

— Tu me déçois, Jenny.

Je lui fais part de mon incompréhension en secouant la tête.

— Pete m'a appelé ce matin pour m'informer de son arrêt de travail, m'annonce-t-il.

Totalement larguée, je fronce les sourcils. Depuis quand un sous-directeur contacte le PDG pour ce genre de chose. Il aurait dû en informer son directeur, ainsi que les RH, mais certainement pas mon père.

— Il tenait surtout à m'en donner les raisons. Aurais-tu une petite idée de ce qu'il m'a dit ?

Comment pourrais-je le savoir ?

— Non, je ne vois pas du tout.

— Il semblerait qu'hier soir au Devil's, tu n'aurais pas apprécié de le voir avec sa nouvelle copine et tu l'aurais traité de tous les noms avant que ton nouveau copain lui mette un coup de poing au visage.

Ma mâchoire se décroche tellement je suis sidérée d'entendre ça. L'enfoiré ! Il n'a pas osé inventer un tel mensonge quand même ?

— C'est faux ! m'emporté-je en bondissant sur mes pieds.

— Il se doutait que tu nierais, c'est la raison pour laquelle il m'a envoyé une preuve.

Mon père me tend son portable et lance une vidéo sur laquelle on me voit d'abord embrasser Jayden, puis celui-ci abattre son poing sur le visage de mon ex. Un montage ! Toute la partie centrale a été supprimée pour pouvoir nous accuser.

— Même avec ça, je continue à nier, parce que ce n'est pas ainsi que ça s'est passé. C'est vrai que j'ai...

— Dis-moi aussi que ce n'est pas toi sur cette vidéo !

— Si tu préfères le croire, alors que tu sais ce qu'il m'a fait, je n'ai rien à faire avec toi ! tonné-je.

Je quitte le bureau sans lui laisser le temps de répliquer et claque la porte tant je suis furieuse. Comment peut-il penser un seul instant que je suis fautive dans cette histoire ? Je suis d'accord Jay l'a cogné, mais c'est Pete qui l'a cherché. Je dois trouver Antonio pour qu'il m'emmène loin d'ici, je n'ai pas envie de rester une seule seconde de plus dans le même lieu que l'homme qui vient de me décevoir. Jamais, je n'aurais cru que mon père ait plus confiance en Pete qu'en moi, surtout que la veille, il voulait encore le licencier à cause de sa trahison.

Vu l'heure qu'il est, il n'y a qu'un seul endroit où je trouverais notre chauffeur. Dans l'arrière-salle du restaurant.

Lorsque je traverse la salle principale pour me rendre jusqu'à ma destination, j'entends une voix féminine m'appeler par mon prénom. Surprise, je scrute les alentours pour trouver la coupable. Quand je la vois, je n'en crois pas mes yeux. Est-ce bien Haley qui vient dans ma direction ? Ça fait tellement d'années que je ne l'ai pas vu, que je n'arrive même pas à en être certaine.

— Haley ? demandé-je, peu sûre de moi.

Elle hoche la tête, avant que nous nous précipitions l'une vers l'autre, heureuse de nous retrouver. Nous sautons dans les bras l'une de l'autre et nous étreignons durant un long moment. Des larmes de joie coulent sur nos joues. Jamais, je n'aurais cru la revoir un jour, surtout qu'après mon accident, je ne lui ai plus jamais donné de nouvelles. Je voulais rayer tout ce qui avait un rapport avec mon ancienne vie, pour éviter de penser à lui et à notre fille.

— Mais, qu'est-ce que tu fais là ? demandé-je.

— J'accompagne mon mari en tournée !

Oh, mince ! Faites que ce ne soit pas celui qui a passé sa nuit dans mon lit ! Comme une cruche, je n'ai même pas prêté attention à son annulaire.

— Ton mari ? Il fait partie du groupe ?

— Oui, c'est le batteur des...

Je plaque ma main sur sa bouche juste avant qu'elle prononce le nom du groupe. Je ne sais pas si elle comprend ce que ça signifie, mais en voyant son expression peinée, je suppose que oui.

— Tu ne veux toujours pas en entendre parler, n'est-ce pas ?

— Non. Tu sais à quel point, je le déteste et je n'ai pas changé d'avis.

Un silence gênant s'installe. J'ai la drôle de sensation qu'elle me cache quelque chose, mais elle se reprend très vite.

— Viens, je vais te présenter mon mari et l'un de ses amis, me dit-elle en attrapant ma main.

Elle m'entraîne vers une table à laquelle sont assis un gars que je ne connais pas, ainsi que celui que j'ai quitté quelques minutes plus tôt et que Pete accuse. En me voyant arriver avec Haley, il pose un regard interrogateur sur moi.

— Vous vous connaissez ? demande-t-il en me fixant.

— Oui, c'est Jen, répond-elle, comme si mon nom signifiait tout.

Jayden se tourne aussitôt vers elle et je ne sais pas ce qui passe à travers son regard, mais Haley tient à préciser :

— Nous étions à la fac ensemble et vivions ensemble sur le campus, avant qu'elle ne sorte avec...

je secoue la tête. Je refuse qu'elle prononce son prénom.

— Un musicien, conclut-elle.

Jayden m'observe comme si j'étais devenue une extraterrestre en l'espace de quelques minutes. J'ai même l'impression que le fait que je connaisse Haley lui pose problème.

— Jen, je te présente Dan, mon mari et ici, notre coureur de jupons, Jay.

— Je connais déjà Jayden. D'ailleurs, il faudrait que je te parle. C'est important.

— Ça pourrait attendre le temps d'un café, non ? me questionne-t-il.

— Bien sûr.

Je fais signe à April, pour qu'elle vienne prendre nos commandes, tout en observant Jayden. Chaque fois que mes yeux croisent les siens, il tourne la tête, comme s'il tenait à fuir mon regard.

Pourquoi semble-t-il aussi mal à l'aise devant moi, alors que peu de temps auparavant il désirait coucher avec moi ?

Un silence gênant s'installe à notre table. Je me sens de moins en moins bien, devant cette ambiance de plus en plus oppressante. Ils me donnent l'impression d'attendre une catastrophe imminente. Pourtant, les météorologues n'ont pas annoncé un tel phénomène pour les jours à venir. Le ciel ne va tout de même pas nous tomber sur la tête.

— Bon, alors, Haley, comment vous vous êtes rencontrés tous les deux.

Au lieu de me répondre, elle baisse les yeux sur son alliance, avec laquelle elle joue nerveusement.

Vu que ma présence semble tous les déranger, autant que je parte. Quand nous nous sommes revus à l'instant, j'ai cru qu'elle était vraiment heureuse. C'est apparemment loin d'être le cas.

— Je suis super contente de t'avoir revue, mais je crois que j'ai mieux à faire que de vous ennuyer. Parce que visiblement, ma présence n'est pas la bienvenue.

— Tu peux rester. Tu ne nous déranges pas, m'annonce Jayden.

— Il a raison, confirme Haley. Pour répondre à ta question, c'est un ami commun qui nous a présenté l'un à l'autre. Au début, on ne pouvait pas se voir, mais comme on dit, les contraires s'attirent et on a fini par se marier. On a même eu un bébé.

— Félicitations ! Je suis super contente pour vous deux ! m'exclamé-je, vraiment ravie d'apprendre que ma meilleure amie new-yorkaise est heureuse.

— D'ailleurs, en parlant de bébé, si je me souviens bien, la dernière fois qu'on s'est vues, tu étais enceinte, non ? Il doit être grand à présent. Ça lui fait quoi ? Cinq ans ?

— De quel bébé vous parlez ? questionne une voix que j'aurais voulu ne plus jamais entendre.

Je me mords la joue pour tenter de rester stoïque face à son intrusion.

La table plonge dans un nouveau silence, dans l'attente de la suite des événements. Je finis par me tourner vers lui, en tentant de contenir tous mes sentiments négatifs pour ne pas les faire exploser à cet instant. Ce n'est pas le moment, mon père est déjà bien trop en colère après moi et Jayden.

— Shawn Black ! le salué-je d'une voix glaciale.

— Bonjour, Jen.

Mon pire cauchemar vient de se réaliser. L'homme que je déteste le plus au monde, celui que je ne voulais jamais revoir se trouve dans le même établissement que moi.

Je le toise plusieurs secondes, avant de dévier mon regard vers Jayden.

— Suis-moi, il faut qu'on parle.

Et sans perdre une seconde supplémentaire, je me lève et m'éloigne d'un pas rapide de celui qui m'a totalement brisée quelques années plus tôt

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