J'aimerai repeindre ce batiment si gris, si terne. Lançer des arc-en-ciel de couleurs. Ouvrir ma bombe et commençer à dessiner, à taguer. Les fleurs des montagnes, les arbres des campagnes et la lune de la voûte céleste.Toutes ces personnes qui passent là, c'est affligeant ! Pourquoi ne font-elles rien ? Il suffirait juste d'un stylo et le monde serait deux fois plus beau. Et les gamins, les chenapans qui de mon temps couraient de ci de là avec quelques craies et une lueur de malice dansant dans leurs prunelles, qui coloriaient la cité tantôt pour jouer à la marelle, d'autres fois pour le plaisir de marquer de beauté les murs de la ville. Je m'en rappelle encore le temps où les galopins couraient les rues et quand ils se faisaient surprendre, ils démarraient au quart de tour et s'enfuyaient en riant aux éclats ou en tirant la langue. Ah c'était le bon temps, le temps où les enfants avaient la joie de vivre et les parents des fossettes tant ils souriaient. Alors que maintenant, maintenant les parents ont des rides partout où l'amertume laisse des traces et les enfants les yeux injecté de sang par les écrans, la joie de vivre d'un vieillard agonisant sur son lit de mort est plus forte que la leur. J'aimerai qu'on reviennent à l'époque d'antan, l'époque là où on se parlait, on s'aimait. À l'époque où l'on vivait. Mais c'est impossible, dans un monde où les vieillards aux genoux cagneux ont plus de force que les hommes dans la fleurs de l'âge. C'est trop tard.