Fenêtre de l'oubli
Il y a ces jours qui continuent. Ces jours que je passe derrière la fenêtre aux carreaux sales.
Il y a ces mouvements de la vie, les feuilles tombées des arbres, balayé par le souffle du ciel. Ces animaux de la rue qui se battent leurs domaines. Ces éclairs de lumière qui pourfendent la grisaille et font chanter l'âme. Pas la mienne.
L'unique moment, fugace et pourtant réel, aussitôt disparut, d'un souvenir. Je ne sais plus lequel.
Pourtant, il me semble qu'il est passé me voir.
Le regard de cet enfant dans les bras de sa mère. Celui de ce chien errant aboyant devant ce qu'il ne comprend pas.
Il y a ces jours qui, toujours, continuent dans un cycle perpétuel, comme le mien.L'étonnement de cette condition glacée qu'il m'a légué.
Je le sens hésitant dans son regard. Voit-il quelque chose qui le tourmente. Pourquoi vient-il ?
L'enfant le dérange. Le chien le questionne. Il les a croisé ou ils l'ont croisés.
Il y a peut-être cette histoire qui le hante. Notre histoire. Ces rendez-vous cachés, ces timides caresses, ces paroles de sa part. Une partie de moi qui avoue.
Je pleure, car cela me fait mal quand ça revient. L'écho du vide avant le tonnerre.
Il y a tout ce que je ne veux plus voir. Il y a tout ce que je ne peux plus avoir.
Il regarde la fenêtre. Peut-être y voit-il quelque chose. J'aimerais savoir quoi.
Je me penche plus en avant mais le jour s'assombrit. Pourtant le soleil brille au moment où il s'en va.
Mes cris, mes coups sur la vitre sont orageux, juste pour ce moment. Je m'en retourne par la suite au silence de ces lieux.
Au-dehors, seuls ses pas résonnent.
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