Pour qui tout tourne rond
Nous voilà debout. Une image, nous en convenons. Comme cet arrière-goût de cornichon qui nous tapisse la bouche. Une aigreur pâteuse, de celles dont les remugles font regretter la veille. L’ivresse a tourné. Le sommeil a vomi nos cauchemars et l’odeur persiste. Nous aurions un nez, la nausée nous répandrait en spasmes.
Enfin, trêve d’analogies, nous nous éveillons et ça pue. Un mauvais point pour notre humeur.
Nous voilà donc debout. Le dégoût aux bords des lèvres, nous nous traînons malgré l’heure tardive. De toute façon, soyons honnête, quelques lustres de plus ou de moins à flemmarder ne changeront plus la face de l’univers. Nous évitons les miroirs depuis longtemps.
Et là, nous avons surtout envie de pisser.
Le trône accueille notre séant. Il est percé. Certains crient au miracle quand nous en mettons à côté.
Uriner brûle un peu. L’épreuve nous rappelle de nous hydrater et notre solitude. Cependant, nous ne chions pas. Il y a des limites que Dieu, ci-prénommé nous-même, s’octroie.
La merde n’est qu’une conséquence du libre-arbitre. De là à penser que nous n’en avons point.
Les mondes tournent et nous en rond. Sans doute parce que nous avons une jambe plus courte que l’autre. Le problème est physique, de notre élan naît l’impulsion, nous ne traçons aucune route. Tout juste un creux quantique, un fossé où stagne la puanteur. Celle de nos aisselles.
Un trou comme notre nombril, un centre qui ne se regarde que lui-même. Les circonvolutions nous figent, le temps dont nous sommes affranchi file.
Nom de Nous, la soif nous reprend. Et l’ennui.
Avec nous la paresse, pour nous, pour qui tout tourne rond.
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