Vivre c'est...
C’est quoi... vivre ?
D’abord et sans vouloir paraître prétentieux on dira plutôt : Vivre qu’est-ce ? Mais laissons cela.
Alors ? La réponse à la question, bouffon ! Oui, oui, voilà, voilà ! Je me hâte…
D’abord, vivre c’est polluer ! Même mort on pollue un max, faut vite se débarrasser du corps ! Alors quand ça commence comme ça (enfin plutôt là, c’est carrément fini, c’est dead), on part dans quelque chose de grand. Une dinguerie. Je ne parle même pas des marmots en couches, les pauvres ils n’ont pas demandé à naître incontinents mais les femmes veulent un poupon pour jouer avec, faire des guili-guili, coiffer les trois cheveux sur leur crane -déformé par un passage trop étroit- avec un nœud à la con, leur enfiler une robe niaise… alors… elles pondent des handicapés de la vie, en résumé. Regarde la poubelle d’une mère de famille à bébés. C’est...
Hein, madame Musquin ? Nan, je dis rien… Quoi ? Moi, je marmonne ? Mais nan… Hein ? J’aime pas les gosses ? Moi ? C’est pas tout à fait vrai… J’aime les faire… Le reste… Quoi ?
C’est pénible d’être constamment interrompu. Les gens sont sans gêne à notre époque. Toutes les femmes sont devenues des Karen. Nan ? Tu ne sais pas ce qu’est une Karen ? Tu vis dans une grotte, cousin ?
Karen est un terme utilisé dans les pays anglophones pour désigner de manière péjorative une femme blanche d'âge mûr, de classe moyenne qui s'insurge de tout, veut « parler au directeur » et perpétue un racisme systémique revendiquant des droits supérieurs aux autres.
Tiens, en parlant des femmes note que je n’ai rien contre elles, je les adore, elles ont de bons moments, surtout quand elles dorment, mais avec leurs périodes « coulantes », mais quelle pollution, la misère ! Hein ? Elles ne sont pas étanches ? Tu m’étonnes ! Et tu t’imagines qu’avec les années passant, elles vont gérer le truc de mieux en mieux ? Rêve, frérot ! Avec les femmes, c’est jamais mieux, toujours pire ! À la ménopause, c’est l’incontinence urinaire, c’est pas mieux...
Quoi ? Je suis sexiste ? Moi ? Pourquoi tout le monde me dit ça ? Mais nan ! Il n’y a pas plus cool que moi. Si, je te jure !
Je peux continuer ?
Ensuite vivre c’est… emmerder les autres ! Enfin surtout moi. Non, c’est vrai. C’est d’ailleurs la finalité de la life…
Quoi ? J’exagère ? Tu veux un exemple, c’est ça ? De la vraie vie ? IRL quoi ?
Attends, je te raconte.
J’arrive au boulot. Oui, il y en a qui bossent, des qui ne sont pas des assistés sociaux. Si, il en reste, c’est moi qui paye pour tes allocs madame Musquin... Regarde, je suis là. C’est moi.
Quoi ? Non, non, je médis pas de vous madame… J’étais là, à fumer ma weed, tranquille, pénard… Hein ? C’est pas sain pour les enfants ? Mais c’est naturel ! En plus ça vient de France, en direct de Marrakech. C’est le docteur qui m’a prescrit. Quoi ? Moi menteur ? Vous n’avez pas un chiard à torcher ? Non, je dis ça… c’est l’odeur… Que ton homme va me fracasser ? Pfff !
On ne va pas y arriver, je le sens… Bon, pendant qu’il me reste des dents, je reprends.
Donc, j’arrive, presque pas en retard, quasi à l’heure. Je replie ma trottinette électrique, putain, ça pèse un âne mort… Quoi ? Mais on ne peut plus rouler en voiture, bordel ! Comment tu veux faire ?Ces racaille d'écolos de mes deux...
Hein ? Les transports ? Alors on ne va pas rentrer là-dedans, parce que je te le dis tout de suite, on n’est pas sorti ! Moi dans un bus, ou un métro ? Nan, mais tu m’as vu ? Sentir les odeurs corporelles des Frankaouis ? Sérieux ?
Bref, on me balance en pleine face que je suis attendu (impatiemment) par la DRH, madame Lajoie.
Ouais, ouais, on ira… Quoi ? « Séance tenante !!!! »
Alors, si tu ne le sais pas, la DRH n’est pas ton amie ! La DRH est l’œil de Moscou ! La DRH est une Gestapo frustrée que la guerre soit finie.
— Monsieur Laurent, on m’informe d’un comportement inapproprié.
— Sérieux ? C’est quoi ? Quand j’ai pissé dans le lavabo ?
— Comment !???
— C’est quand j’ai vomi dans le pot à fleurs dans l’entrée ?
— Ah… C’est ça l’odeur… On se posait la question depuis des jours...
— Bah, j’étais malade. Pas ma faute. Bon, ben…
— Monsieur Laurent ! Il ne s’agit pas de cela !
— Sérieux ?
Le monde actuel n’est qu’interdictions. Partout des barrières, surtout pour ce qui est de penser. Sous le regard cruel de madame Lajoie dont les yeux maquillés me scrutaient méchamment, j’attendais la suite.
Quel crime avais-je encore commis ?
— Vous avez traité madame Dijon de… attendez, je cite… « grosse dinde, même pas bonne à farcir ».
— Moi, j’ai dit ça ?
— Vous, monsieur Laurent ! Il y avait des témoins !
— Nan, mais sorti du contexte… Comme ça, ça fait tout de suite… Non mais...
— Monsieur Laurent ! C’est tout à fait inacceptable !
— Non, mais c’est… Elle est trop bête ! Faut me comprendre, on peut lui demander de faire marcher une agrafeuse, mais pour le reste… Quand on pense qu’un con a cru bon de lui donner un poste de...
— Monsieur Laurent ! Taisez-vous ! Silence ! Plus un mot ! Elle est titulaire, ici… Vous êtes…
— Un consultant. I know, i know…
— Vous aviez été prévenu… Nous étions d’accord.
— Vous étiez d’accord toute seule. Vous vous suffisez à vous-même…
— Qu’est-ce que vous dites ? Vous m’accusez…
— Non, je constate… Pas d’offense… Je ne suis pas contrariant.
— Monsieur Laurent !
Elle tapotait le bureau de son Bic avec agacement, surtout contrariée parce que le rapport supérieur-subalterne ne fonctionnait pas.
— Je vais m’excuser auprès de madame Dijon…
— Elle est en arrêt maladie pour burn-out !
— Mais nan ! La salope ! La salope !
— Monsieur Laurent ! Vous recommencez ! Silence !
Madame Lajoie me fusillait d’un regard noir quand soudain un grand fracas de fin du monde retentit dans le couloir à la hauteur du bureau de la DRH. Des jurons éclatèrent.
— Mais qu’est-ce que cette merde fiche dans le passage ! Madame Lajoie ! Il y a une trottinette dans les bureaux !
La DRH eut un sursaut, genre comme si elle était éjectée de son siège ergonomique. Elle se précipita pour constater le désastre.
— Monsieur le directeur ! Oh mon Dieu ! Vous allez bien ?
— Non, je ne vais pas bien ! Regardez-moi ce… C’est vous qui amenez ce « machin » ici ? Je ne vous félicite pas !
— Oh non ! Comment pouvez-vous imaginer… C’est encore un coup du consultant… Il est dangereux, vous savez... Monsieur Laurent ! Venez ici, tout de suite… Et cessez de rire comme un idiot !
Oui, vivre c’est emmerder les autres, enfin, surtout moi. Convaincu ?
Bzzzz !
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