Mercredi.

Après s’être dépêché, il attrape le train de 7 h 14. Avec impatience il attend le prochain arrêt, espérant voir apparaître l’inconnue de la veille. Il regarde autour de lui, cherche la belle aux longs cheveux roux parmi les passagers qui affluent. En vain.
Déçu, Rafael ouvre son livre à l’endroit marqué d’un long ruban doré. À travers les quelques lignes qu’il s’efforce de lire, les yeux de celle qui, hier, l’observait avec tant d’attention se superposent au texte imprimé. Des iris vert clair. Il revoit avec précision le teint de sa peau, laiteux, rehaussé de fines taches de rousseur.

Sur l’avenue le conduisant vers son bureau, l’air est glacial. Le vent souffle avec violence, freine sa progression. Afin de la réchauffer, il enfouit sa main libre dans sa poche, en ressort un morceau de carton rectangulaire. C’est un petit bristol blanc sur lequel sont inscrits un prénom et un nom : Daniele Carreli, suivis d’un numéro de téléphone.
Il ne connaît personne de ce nom-là. Serait-ce la femme du train ? Elle aurait déposé cette carte de visite dans son manteau… Mais oui, il se souvient. Au moment où il s’est levé, quand elle a posé sa main sur son bras, elle a très bien pu, sans qu’il s’en rende compte, glisser le papier cartonné à l’intérieur de sa poche plaquée.
Sans plus attendre, il s’empare de son téléphone portable et, le cœur battant, compose le numéro. Il tombe sur une opératrice l’invitant à joindre son correspondant ultérieurement. Dix fois, vingt fois dans la journée, il essaie d’obtenir la ligne sans jamais y parvenir.

Jeudi, puis vendredi.

Son attente dans le train reste vaine.
Chaque jour qui passe augmente son tourment et son impatience. Prendre chaque matin cette rame de 7 h 14 et rappeler une multitude de fois sans succès le numéro inscrit sur le bristol, ne font qu’accroître son obsession et l’épuiser.